Paradise Lost
6.1
Paradise Lost

Jeu de PolyAmorous et All in! Games (2021PC)

Développé par PolyAmorous, Paradise Lost est un jeu d’aventure dans lequel on incarne un jeune garçon de 12 ans Szymon qui va découvrir un ancien bunker Nazi suite au décès de sa mère. Il est à la recherche d’une personne qu’il a vu sur une photo avec sa défunte mère et qui est censé se trouver dans ce bunker.


**Paradise Los**t est avant tout un simulateur de marche qui s’inspire un peu de SOMA dans son approche entre notre protagoniste et une présence féminine dénommée EVA dont il va faire la connaissance en déambulant dans le bunker. Grâce à cette présence énigmatique qui, elle aussi, a besoin d’aide il va tout faire pour ne plus être seul dans ce monde dévasté par la seconde guerre mondiale.


En effet, le conflit ne s’est pas entièrement déroulé comme dans notre histoire contemporaine. Après 20 ans de conflit, les nazis ont lancé des missiles nucléaires sur l’Europe. Depuis, le cœur de Vieux Continent, devenu inaccessible au reste du monde, est nimbé d’un épais brouillard de mystères, de destruction et de radiations. Les survivants sont rares et essayent tant bien que mal de survivre.


Szymon va donc partir seul à la recherche de la seule autre personne qu’il connaisse et dont il très peu d’informations si ce n’est cette photo situé dans un bunker au niveau 4. Ainsi débute une aventure qui pourrait éventuellement se faire une place auprès des classiques du genre comme Call of the Sea et Ether One.


Szymon Says
Paradise Lost nous plonge donc dans une aventure à l’ambiance pensante avec comme trame principale les 5 étapes du deuil par lesquelles Szymon va devoir passer dans son périple. On a déjà eu pas mal de jeux qui traitent de cette thématique comme l’excellent When the Past Was Around et autant vous dire de suite que Paradise Lost n’innove pas vraiment pas en la matière.


Le tout début de l’aventure est prometteur avec une mise en situation efficace et une mise en perspective des enjeux bien définie. On arpente un ancien bunker nazi dans lequel il n’y a pas âme qui vive et où l’on va découvrir au fur et à mesure de notre progression ce qu’il s’est réellement passé. On découvrira l’histoire du jeu par le biais de notes internes, de messages audio mais également grâce à une sorte de superordinateur plutôt avancée technologiquement et qui a gardé en mémoire une partie des évènements.


On retrouve très clairement des influences de SOMA ou de Ether One qui prônent peu ou prou le même système d’ordinateur ou d’IA qui guidera notre personnage. Ici il s’agira d’EVA, une femme enfermée dans le bunker et que Szymon va devoir trouver dans une salle de contrôle. Cette recherche donnera un nouveau but à notre protagoniste afin de trouver qui est cette mystérieuse personne présente sur sa photo aux côtés de sa mère.


Paradise Lost ne fait pas vraiment la part belle au gameplay et il ne nécessite aucune résolution de puzzle ni même d’interaction avec des objets que l’on peut trouver et combiner. Rien de tout cela ici, on se contentera d’avancer, de découvrir l’histoire, d’explorer de nouvelles zones et de trouver un objet de temps en temps à placer dans la console. C’est light, très light même mais au moins, tout le monde peut jouer au jeu sans avoir peur de se retrouver bloquer.


Promenade Holocauste
Paradise Lost aurait très bien pu la trace de très nombreux jeux du genre et nous proposer une thématique qui penche petit à petit vers l’horreur avec des créatures créées par les nazis enfouies au plus profond d’un bunker façon Overlord. Il n’en sera rien même si sincèrement j’y ai cru pendant pas mal de temps vu la description des agissements de certains scientifiques via des notes et autres enregistrements.


On se retrouve du coup avec des Nazis qui ont récupéré des femmes en âge et en capacité de procréation et qui tentent de créer une société secrète cachée sous terre le temps que les radiations disparaissent de la Terre. L’avènement du troisième Reich se retrouverait dès lors décalé mais comme prévu, rien ne se passera comme prévu et c’est d’ailleurs là où le jeu pêche très clairement au niveau de son histoire.


On se retrouve avec très peu de personnages clés à l’histoire passée dudit bunker et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est un peu mal branlé. Il y a tout un mélange de fantastique, d’expériences plus ou moins interdites, de super ordinateur 50000 fois plus puissant que celui des américains mais aussi du syndrome de syndrome de la cabane qui aurait rendu fous les habitants.


Paradise Lost ne sait pas toujours pas quel bout prendre son histoire et on se retrouve à mélanger un peu tout sans trop savoir où les auteurs ont voulu nous amener. Si l’ambiance sonne très clairement comme l’excellent The Town of Light que j’ai adoré, le résultat est bien moins impactant et puissant dans notre paradis perdu. Dès lors que l’on avance un peu plus dans notre relation avec EVA, le jeu partira immédiatement dans un autre sens en occultant presque tout l’aspect religieux de la première partie de l’aventure.


Shades of God
Paradise Lost se veut donc un jeu qui fait réfléchir et qui montre que les atrocités ne sont pas forcément dues au seul nazisme mais également à la folie plus basique des hommes et leur appétence à trouver un sauveur lorsqu’il ne semble plus y avoir d’espoir. Cet aspect est d’ailleurs très bien décrit avec quelques détails très bien vus et des situations complexes et traumatisantes pour les femmes vivants dans ce faux Paradis Perdu!


Il sera parfois également le moment de faire des choix cornéliens qui influeront directement sur la suite des évènements. Si le principe est bon et qu’il fait le bonheur de très nombreux jeux du genre, c’est un peu moins efficace dans Paradise Lost. Je m’explique.


Même s’il y a pas mal de choix importants à faire, on a plus l’impression de les subir que de les choisir. Ces choix ont donc une influence sur l’environnement de notre aventure et sur notre protagoniste mais ils demeurent artificiels et sonnent des choix forcés. Doit-on abattre des manifestants? Doit-on faire confiance aveuglement à EVA? Rien de tout cela ne changera en profondeur la trame narrative.


Le réel sujet de Paradise Lost est le deuil. On le comprend très bien et très vite grâce à une excellente entrée en matière dans le prologue du jeu ainsi que grâce aux noms des différents chapitres du jeu. Pourtant, cette gestion des étapes du deuil est brinquebalante avec une aventure qui place trop d’emphase sur la relation entre EVA, Szymon et entre les 2 scientifiques dont on va découvrir également l’histoire.


On comprends bien trop vite le lien entre les différents personnages ce qui amoindri l’impact du dernier chapitre du jeu. Il manque de très peu de choses pour que l’on s’implique émotionnellement dans l’histoire et on peut clairement incriminer le jeu d’acteur qui n’est pas toujours à la hauteur des ambitions du jeu.


En ce qui concerne l’aspect technique du jeu, Paradise Lost est superbe avec de magnifiques décors variés ainsi qu’une fluidité à toute épreuve sur une machine correcte (GeForce 1700 dans mon cas). C’est un vrai régal d’explorer cet univers lugubre et éthéré à la fois. Les captures d’écran ne rendent pas pleinement honneur au jeu qui est un véritable régal pour les yeux.


Draconian Times
Paradise Lost possède une durée de vie parfaite pour ce genre de jeu. Comptez 4-5 heures pour le terminer une fois et le double si vous souhaitez débloquer toutes les fins. Vu la vitesse de déplacement de notre personnage et la lenteur des animations comme la montée ou descente d’une échelle, on s’en sort relativement bien. On avance de façon fluide dans l’histoire sans jamais chercher où l’on doit aller.


Le jeu est parfaitement jouable que ce soit au combo clavier-souris ou à la manette. On regrettera qu’il faille placer son clavier en QWERTY pour pouvoir jouer au clavier mais beaucoup de jeux ont ce problème. J’ai également eu pas mal de souci avec la gestion des choix qui apparaissent à l’écran avant de comprendre la manipulation à faire.


Il faut d’abord cliquer sur le bouton du milieu de la souris et ensuite sélectionner notre choix avec la molette pour finalement valider notre choix avec le clic gauche de la souris. Si encore cela été expliqué d’entrée ce ne serait pas un gros souci mais le jeu a pensé qu’il serait préférable de nous l’indiquer plus tard. Du coup on se retrouve un peu perdu sans savoir quoi faire pour se sortir du choix.


J’ai remarqué quelques légers problèmes techniques sur Paradise Lost pendant les 5 heures qu’il m’a fallu pour le terminer une fois. Il y a quelques fautes d’orthographe ici et là dans les différents textes présents à l’écran comme les très nombreuses lettres disséminées partout et qui expliquent l’histoire du jeu.


J’ai également eu des problèmes techniques comme des objets qui n’apparaissent pas et où l’on voit seulement les mains de notre personnage. Il y a d’ailleurs tout un passage où l’on devrait avoir un livre en main ainsi qu’une photo mais ils n’apparaissent jamais. Rien de bien grave mais c’est dommage car ce souci aurait du être vu en amont.


Paradise Lost est intégralement en français dans le texte et dispose d’un doublage anglais un peu bancal avec des acteurs qui parlent dans leur langue native et d’autres qui sont clairement polonais. Le mix est spécial mais il ne casse pas totalement l’immersion grâce à une écriture solide quoi qu’un peu caricaturale sur le final. La bande son est plutôt plaisante même si on ne retient pas beaucoup de thèmes propre au jeu.


Au final, Paradise Lost est un jeu qui aurait pu être une référence du genre s’il ne s’était pas perdu en chemin. La mise en avant du bunker et de tout ce qu’il s’y est passé n’est au final pas aussi important que cela au final. L’alchimie entre la mythologie slave, l’ambiance rétrofuturiste et le parcours de EVA et Szymon n’est pas toujours aussi bon que prévu. C’est dommage mais on passe tout de même un agréable moment si l’on fait fi des incohérences du jeu.

LoutrePerfide
6
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le 27 mars 2021

Critique lue 448 fois

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