Un jeu qui m'avait laissé un très bon souvenir, mais que j'avais toujours considéré comme plutôt anecdotique. Et pourtant, en y rejouant aujourd'hui (ou plutôt en le "YouTubant"), je réalise à quel point Squaresoft avait le feu sacré à cette époque.
On présente souvent son mix de RPG et de survival-horror comme sa principale originalité, mais c'est passer à côté de son ton très particulier, qui oscille entre le fantastique, l'horreur et le policier ; de l'atmosphère envoûtante qui se dégage de cette Manhattan déserte et enneigée ; de sa bande-son, unique dans la carrière de Yoko Shimomura, qui souligne parfaitement la beauté froide de son univers ; de l'impact visuel de certaines scènes
(la première évidemment, mais on peut en citer bien d'autres : la carriole en feu, le slime jaillissant des égouts...)
; de son rythme plutôt maîtrisé ; ou encore de la qualité de son écriture, qui rend chaque personnage secondaire attachant en une poignée de dialogues.
À la différence d'un Resident Evil (que l'on est en droit de lui préférer, là n'est pas la question), c'est un jeu qui transpire l'intelligence par tous les pixels ; de sa trame qui s'appuie sur des bases scientifiques tangibles, au choix de ses décors
(un exemple : le muséum d'histoire naturelle comme théâtre d'une guerre d'évolution, bien vu !)
, en passant par cet aspect féministe rarement cité mais très bien exploité.
(pour rappel, Eve veut littéralement braquer une banque de sperme dans le but de "faire un bébé toute seule")
Finalement, on pourrait voir Parasite Eve comme une série B, mais une série B transcendée par la créativité et le goût assuré de ses auteurs (avec en tête Takashi Tokita, qui n'a malheureusement pas produit grand-chose d'autre depuis). Une œuvre qui n'a pas des prétentions hors normes, mais qui, dans son genre, est quasiment inattaquable (ce n'est d'ailleurs pas un hasard qu'elle ait été adoubée par l'auteur du roman dont elle est la suite). Square nous offre ici une expérience unique, non formatée, et qu'il serait par conséquent inconcevable de produire de nos jours... à moins de signer un remake, bien sûr !