Persona 4 Golden
8.5
Persona 4 Golden

Jeu de Atlus (2012PC)

Persona 4 reprend la mécanique si particulière des Persona. Une première partie fera obligatoirement une centaine d'heures de jeu, car vous jouerez un étudiants qui voit passer une année scolaire tout en combattant des monstres sur son temps libre, avec l'aide de camarades qui rejoignent progressivement son équipe. Il faut donc deux choses pour apprécier ces jeux : ne rien avoir contre le grind, et ne pas stressé par les choix à embranchement. Car il faudra choisir comment occuper chaque journée, tout en voyant l'année défiler peu à peu, et vous ne pourrez pas tout faire.


La direction artistique flashy me plait, et les cutscenes sont très agréables et un peu plus raccord que celles de Persona 3 par rapport aux vignettes des personnages quand ils parlent.


Le jeu nous prend plus par la main que Persona 3 : le système de combat est un peu moins raffiné (la question des ennemis déséquilibrés), mais repose toujours sur le fait de maîtriser les vulnérabilités des ennemis pour pouvoir lancer une attaque générale. Une partie du bestiaire des ennemis et des personas disponibles est récupéré de Persona 3.


Mais cet épisode va peut-être plus loin que son prédécesseur dans le propos, même s'il se donne une ambiance plus légère. La grande originalité, c'est qu'on n'est plus dans une grande ville. Nous sommes dans une petite cité rurale, avec son lycée miteux, sa rue principale dont les commerces ferment peu à peu suite à l'arrivée d'une grande surface, June's, les ragots, et le seul véritable échappatoire à une certaine forme d'ennui : le scooteur. Sur ce décor de petite ville japonaise reculée se greffe une histoire d'enquête policière, où des gens disparaissent les jours de brouillard, tandis qu'une superstition dit que celui qui regarde sa télévision à minuit un soir de pluie, en l'ayant débranché, la verra s'allumer et émettre un Midnight Channel.


Persona 3 s'intéressait plutôt à la manière dont la ville rattache des endroits et des personnes très différentes : quartier louche, zone commerciale, discothèque, sanctuaire, love hotels, et sur la psyché collective de la ville (notamment dans le passage où les héros arpentent un ancien souterrain anti-bombardement de la seconde guerre mondiale). Persona 4 est davantage centré sur l'amitié, et sur la manière dont un petit groupe d'ados de province traverse différents moments dans un cadre un peu étriqué.


Le jeu explore plus clairement le sous-texte jungien. Il y a même dans les bonus des séances pédagogiques où un enseignant vous donne les bases de la pensée de Jung. Mais cela se reflète également dans le game design : chaque nouveau héros est prisonnier d'un donjon qui reflète un conflit intérieur, propre à sa psyché. Il faut alors le sauver alors qu'il fait face à son double négatif, qui lui assène des vérités. Ce qui convoque la Persona démoniaque et renforce sa puissance, c'est le déni ("Non, tu n'es pas moi !"). Une fois la Persona démoniaque vaincue, le nouveau héros est fatigué et a besoin de rester seul quelques jours. Il revient plus fort. Tout cela renvoie à des concepts de psychanalyse.


Parmi les niveaux osés, on pense évidemment au niveau du sauna de Kanji, avec les ennemis qui représentent des stéréotypes de l'homosexualité. Très bien vu quand on parle de cette époque où l'orientation sexuelle se précise. On pense aussi au niveau de Rise, idol (= starlette) qui fait une pause dans sa carrière et dont le niveau est un peep-show.


Le thème central est la télévision, qui sculpte la psyché des gens et fait émerger un inconscient collectif. Dommage que le dénouement, à l'image de nombreuses productions japonaises, finisse un peu en queue de poisson.


Ha, et comme d'habitude les musiques sont mémorables. Elles ont continué à me hanter plusieurs jours après avoir fini le jeu. D'ailleurs finir le jeu laisse une forte impression de vide, et la scène finale (de la bonne fin) montrant les héros est assez touchante.


Persona 4 est un bon jeu, dont la mécanique ne plaira pas à tout le monde mais qui laissera une impression profonde aux fans du genre.

zardoz6704
8
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le 12 avr. 2021

Critique lue 120 fois

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zardoz6704

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