Quasiment 115 heures de jeu au compteur ; cela fait toujours bizarre de terminer un jeu après avoir passé plusieurs mois dessus. On a l'impression d'avoir vécu une véritable épopée et ce même si Persona 5 n'entre pas dans la catégorie des RPG en monde ouvert ou semi ouvert dans lesquels on voyage énormément.
Le jeu d'Atlus est en effet plus confiné géographiquement et sa durée s'étale grâce à un système de jeu basé sur un rythme calendaire qui allonge logiquement l'aventure sans passer par des expéditions aux confins d'un monde imaginaire. Ici tout se passe à Tokyo et la ville n'est même pas explorable librement puisque l'on ne peut que visiter des fragments de villes en se "téléportant" par le biais du métro.
Comment arrive-t-il à être aussi long alors ? Profusion de quêtes ou de donjons ? Pas vraiment non. Certes les donjons sont en nombre raisonnable (même sans y ajouter les mementos) et sont assez longs à explorer pour qui aime prendre son temps, forts d'un level design assez astucieux sans être véritablement complexe ; et les quêtes secondaires ne font quant à elles pas vraiment partie du jeu mais prennent la forme d'excursions dans des donjons à étages au level design généré aléatoirement.; mais Persona 5 est un jeu terriblement bavard pour de bonnes raisons mais pas toujours à bon escient.
La qualité des personnages, l'intrigue bien menée quoiqu'un peu décevante au terme de l'aventure, et les thématiques abordées par le scénario (harcèlement, abus de pouvoir, société de consommation, corruption...) font de Persona 5 un jeu très intéressant, captivant, très shonen aussi dans l'esprit. On regrettera seulement la répétition abusée des dialogues (notamment par téléphone) ; difficile de ne pas soupirer quand les personnages se racontent des choses que l'on de vient de vivre voir d'entendre un instant auparavant.
Mais au delà de l'aspect narratif très positif quoiqu'un peu encombrant il y a derrière cela un gameplay jouissif, aussi bien dans ses possibilités (mais malheureusement pas forcément nécessaires 95% du temps en difficulté normale) que dans sa mise en scène avec des animations très travaillées et stylisées, d'une fluidité surprenante. Une vrai leçon de développement ! Le rythme des combats est effréné et gâte son joueur visuellement.
Dommage que le jeu tombe un peu dans la routine (ce qui s'accorde au rythme scolaire du jeu ceci dit) et que passé l'effet de surprise pour tout joueur de RPG traditionnel, on finisse par comprendre, appréhender et finalement deviner toutes les phases du jeu jusqu'à reproduire ses actions mécaniquement.
Mais que ces quelques critiques pointilleuses ne freinent pas les potentiels joueurs de ce titre qui a tant à offrir, généreux dans le contenu, opulent dans sa mise en scène, intelligent dans son propos sans être pour autant très recherché et d'une limpidité exemplaire dans sa jouabilité. Persona 5 devrait être une source d'inspiration pour beaucoup de développeurs tant il y a de bonnes idées à aller chercher.
Et pour le joueur c'est une aventure indécemment longue et entraînante qui l'attend, un voyage de 90, 100 ou 110 heures selon le rythme des voyageurs, dans un Tokyo mal en point où les adolescents prennent le relais d'adultes dépassés, corrompus ou indolents.
Et voler des cœurs.