Certes, Pillars honore sa plus grande promesse : faire renaître le RPG à papa, le jeu de rôle old school en 2D façon Infinity Engine, et il le fait bien. On a effectivement l'impression de jouer à un épisode perdu de la saga Baldur's Gate, et tout suinte l'hommage dans la continuité, de la carte du monde jusqu'à la forme du curseur.


Le souci c'est que Pillars n'est que ça - un Baldur 3, et pas grand chose d'autre. Et si ça suffit à beaucoup, ça a tout de même été une petite déception pour moi. Car le fond du projet est l'équivalent artistique de ce qu'a été The Artist au cinéma : la promesse de faire renaître une époque disparue, de faire exactement comme avant - un avant copieusement idéalisé, cela va sans dire.


Dans ses moments plus proche de la saga Icewind Dale (désolé, j'ai toujours préféré l'approche plus directe de la petite soeur bâtarde), PoE fait magnifiquement le job. Les donjons sont tels qu'on les aime, les pièges abondent, les trésors aussi.


Dans son versant Planescape (alias le grand frère bavard qui vous tient la jambe une heure pour vous causer de la météo), Pillars m'a toutefois copieusement gonflé. Malgré tous mes efforts pour m'attacher à cet univers et ses personnages, la logorrhée systématique du jeu qui passe en mode "on s'est fait chier à écrire 3000 pages de lore alors on va t'en gaver la gueule jusqu'à écœurement" a été personnellement un frein total à l'immersion. Désolé, les pavés de texte en 12px étalés sur un moniteur PC n'ont jamais été de grands kifs. C'est le même effet que l'abus d'exposition au cinéma : tu as un langage & une grammaire qui te sont propres et qui sont uniques, utilises-les. Si tu fais causer tes acteurs toutes les deux secondes pour expliquer la scène, désolé, mais il y a quelque chose que tu fais mal ou que tu n'as vraiment pas compris...


Rajoutons à cela des combats sans génie, des pics de difficulté aberrants, et toutes les petites errances techniques du moteur (jeu fini à quelques jours de sa sortie, donc en version vanilla je précise), et on comprendra que j'ai du mal à y voir un renouveau du RPG à l'ancienne.


Un hommage, oui, une bonne copie, sans doute. Une madeleine de Proust aux senteurs agréables de donjons crasseux et d'exploration fantasy - et un fort joli score. Mais il va m'en falloir plus pour me convaincre que c'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes.

Prodigy
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le 17 avr. 2016

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