Pokémon Bleu
8.2
Pokémon Bleu

Jeu de Game Freak, Satoshi Tajiri et Nintendo (1996Game Boy)

En jetant un œil aux critiques de Pokémon Bleu, on remarque que les joueurs ont tendance à aborder la version sous l'angle de la nostalgie, en occultant ses nombreux défauts. Je ne veux pas me la jouer à contre-courant et cracher sur le jeu pour me donner un style, je l'adore pour les mêmes raisons que tout le monde, cependant j'aimerais m'attarder sur ce qui n'allait pas dans cette génération. Il y a beaucoup à dire.


Commençons par le commencement : les Pokémon de départ. Aujourd'hui tout le monde est fan de Dracaufeu grâce à l'anime ou à ses prouesses en stratégie, mais à l'époque il ne servait à rien. Son type feu était super efficace face aux insectes nuls qui disparaissent après 2h de jeu, face au type glace dont Lippoutou et Artikodin étaient les seuls vrais représentants (les autres disposant du double-type eau) et face aux plantes que l'on croisait peu en dehors de l'arène de Céladopole.
Bulbizarre s'en sortait mieux puisque le jeu était rempli de types eau, roche et sol mais son type poison le prive de sa résistance aux attaques sol, c'est regrettable. Carapuce est de loin le meilleur starter de cette génération, il est facile à XP dans les grottes et permet à lui seul de terrasser trois champions d'arènes. Il dispose en outre de capacités plus puissantes que ses collègues.


Ça m'amène à un défaut majeur du titre : le manque d'attaques. Dans la première génération, tranch'herbe (puissance 55) était la meilleure attaque plante de Florizarre jusqu'au lvl 65 (!) et le lance-soleil (puissance 120). Carapuce et ses évolutions récupéraient quant à eux la CT Bulles d'O (puissance 65) à Azuria et la CS Surf (puissance 95) en milieu de partie, tandis que Tortank apprenait son attaque ultime (hydrocanon, puissance 120) bien avant Florizarre, au lvl 52. Et celle-ci ne nécessite pas un tour de préparation. Les attaques finales de Dracaufeu rivalisaient avec celles de Tortank mais il devait se contenter de Flammèche (puissance 40) jusqu'au lvl 46... C'est faiblard.


Là je prends l'exemple des starters mais c'est valable pour tous les Pokémon et tous les types, certains étant mieux lotis que d'autres. Il n'y avait aucune attaque insecte, spectre ou dragon viable, seulement deux attaques roche et les Pokémon électrik devaient compter sur la CT tonnerre pour faire des dégâts stables. CT à usage unique, je le rappelle. En gros une fois que tu as mis tonnerre sur Pikachu c'est fini, tu le gardes jusqu'au bout du jeu, autant dire qu'on jouait avec des teams bien bancales en étant gamins.


La répartition disparate des types chez les dresseurs adverses ne faisait qu'accroître les inégalités. Les types sol comme Triopikeur et Sablaireau étaient des machines de guerre capables de détruire les Pokémon roche des montagnards ; les types poison de la Team Rocket, des loubards, des motards, de l'arène de Parmanie, des spectres de Lavanville et de ceux du Conseil 4 ; les types électrik des guitaristes, des mécanos, de la centrale et de l'arène de Carmin-sur-Mer ; les types feu du manoir et de l'arène de Cramois'île... La moitié des Pokémon du jeu, en fait. Triopikeur et Sablaireau disposaient qui plus est de l'attaque tranche, dont le taux de critique était basé sur la vitesse du lanceur si je ne m'abuse, en gros c'était critique à tous les coups...


L'idée que Pokémon Bleu est rejouable à l'infini grâce à ses 150 créatures en prend donc un coup quand on constate les écarts d'efficacité entre celles-ci, d'autant que l'XP pouvait s'avérer laborieuse pour certains Pokémon en raison du manque de grosses attaques évoqué plus haut, ainsi que de Pokémon sauvages là encore peu diversifiés. Tout le monde arrivait à la Ligue avec plus ou moins les mêmes bestioles : le starter, un oiseau (Roucarnage ou Rapasdepic), Ronflex, Lokhlass, un Nidoqueen/king, Raichu, souvent un oiseau légendaire ou une évolution d'Évoli. En bref, beaucoup de Pokémon récupérés dans les premières heures de jeu ou des créatures plus ou moins uniques et de haut niveau lorsqu'on les attrapait, de quoi les rendre attractives auprès des joueurs.


Le grinding était particulièrement chiant en fin de partie, entre la dernière arène et la Ligue Pokémon. Le niveau monte subitement et la route victoire devient le seul endroit où il est possible d'XP à un bon rythme, mais bon courage pour monter un Pokémon électrik ou vol face à des Onyx et des Gravalanch... Sachant que les Machoc, Nosférapti et Racaillou de lvl 20-25 qui rapportent 3 fois rien constituent plus de 50% des rencontres. Gagner de l'expérience était vraiment une plaie dans cette version, et il ne fallait pas compter sur le multi EXP et son fonctionnement bancal pour nous aider. Les Pokémon n'ayant pas combattu devaient se partager la moitié des points d'expérience, or le jeu nous détaillait la répartition exacte de l'XP type "Raichu gagne avec MULTI EXP, 150 points d'EXP ! Mewtwo gagne avec MULTI EXP, 150 points d'EXP !"... Grosso modo on se farcissait 15 lignes de dialogue après CHAQUE Pokémon vaincu, ou comment perdre du temps en essayant d'en gagner.


En parlant de perte de temps, qui se souvient des incessants allers-retours dans l'inventaire pour enfourcher sa bicyclette ? Ou pour utiliser une CS ? Vous savez, ces CS qui nous forçaient à retirer 5 attaques à nos Pokémon et que l'on ne pouvait pas effacer. Et cet inventaire... Ah, l'inventaire ! 20 places, 20 petites places pour stocker la bicyclette, le cherch'objet, les cannes, les balls, les items de quête, les potions et autres CT. On supprimait tous des objets pour faire de la place à d'autres, à moins de se vider fréquemment dans un PC à la capacité limitée lui aussi, si mes souvenirs sont bons. À ce propos le stockage de Pokémon dans des boîtes du PC était fatigant, on ne pouvait pas échanger directement deux Pokémon, si notre équipe était pleine il fallait d'abord en stocker un membre avant d'en retirer un autre, ce qui nécessitait parfois des changements de boîtes donc de longs dialogues et une sauvegarde inévitable. En outre, le jeu ne nous prévenait pas que la boîte en cours était pleine, on pouvait donc se retrouver dans l'incapacité de capturer un nouveau Pokémon à moins de retourner au centre pour changer de boîte.


Pour finir on pourrait débattre de l'apparence des créatures de ces versions... 1G best génération ? On ne dirait probablement ça sans l'anime et sans les retouches effectuées au fil des années. Les sprites de Pokémon Bleu étaient pas folichons et certains designs puaient le manque d'imagination, que ce soit les copiés/collés d'animaux (Amonita, Tauros, Arbok...), les évolutions à peine différentes (Ponyta/Galopa, Tétarte/Tartard, Krabby/Krabboss, Roucoups/Roucarnage etc) ou celles du genre "on multiplie les têtes" (Triopikeur, Smogogo, Dodrio, Magnéton). Beaucoup de remplissage et des Pokémon qu'on ne jouait jamais, même au bout de 10 parties.


Voilà, il fallait que ça sorte. Je me répète mais ne voyez aucune hostilité dans cette critique, mon amour des premières versions n'a pas changé. Mon 8/10 est là pour le prouver.

Johnny-Jay
8
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le 8 févr. 2019

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Johnny-Jay

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