Le labo qui rend fou

Mel Stories est un petit mod occupant quelques vides scénaristiques laissés par ses grands frères. Tout commence dans une rame de métro, alors que Cave Johnson nous accompagne jusqu'à notre “chambre de relaxation” au sein des laboratoires gigantesques d'Aperture, dans une ambiance sixties futuriste que l'on connait bien. Bref, ça a l'odeur du Valve, la couleur du Valve, mais c'est pas du Valve.

L'action prend le relai après une introduction qui commençait à traîner. Ça faisait longtemps que je n'avais pas touché à un Portal, et je ne me souviens pas tellement du solo de Portal 2, en dehors des passages dans le vieil Aperture des années 60, qui m'avaient complètement déboussolé et démotivé : je passais un temps fou à chercher les surfaces où poser mes portails. Dans Mel Stories, ce fut encore pire : dans le deuxième chapitre, plongé dans l'obscurité, je passais mon temps à chercher où aller plutôt qu'à chercher comment y parvenir, sans autre indice que “regarde partout, sous tous les angles”.

En dehors de ça, j'ai quand même l'impression d'avoir eu affaire aux puzzles les plus corsés à ce jour au sein de la série. Et je me suis arraché les cheveux sur cinq ou six chambres en particulier, et c'est seulement après avoir vaincu la chose, au bout de deux bouteilles de whisky et d'une demie-heure de chagrin et de dépression, que je suis allé fureter sur Youtube pour voir s'il fallait vraiment faire ce que je tentais - ou avait même réussi - à faire. Passer un temps fou à tenter les glitchs ou les complications, pour finalement constater que la solution coulait de Source©, c'est très frustrant. La bande son, sympathique mais trop répétitive, n'a également pas dû aider.
Cela dit, je ne suis pas certain que ce soit vraiment un problème de design. Je suis juste un peu paumé sur les salles complexes reposant sur un large panel de techniques, notamment la vélocité. Curieusement, toutes les salles basées sur la peinture ne m'ont posé aucun soucis.

Quoiqu'il en soit, les deux derniers chapitres rattrapèrent la frustration et la perte d'estime de soi accumulées sur les deux premiers chapitres, avec quelques bons passages et un final malgré tout sous-exploité et plutôt mollasson...

Esthétiquement, … c'est plutôt moche, pour être honnête. Les textures provenant de Portal 2 sont impeccables et n'ont pas eu besoin de retouche, mais le contenu original est baveux, flou et de mauvaise qualité. Le méchant est une carcasse terne et fait vraiment peine à voir. C'est un peu décevant, surtout si on estime le travail d'orfèvre réalisé sur Black Mesa (l'ex-mod en early access sur Steam). Le jeu a beau être gratuit, le recul technique avoisinant la décennie fait mal.

Enfin, l'histoire elle-même ne m'a pas captivé. Il y a des idées intéressantes, appuyées par un voice acting tout à fait correct (même si l'un des acteurs parle du nez), mais rien de transcendant. Il faut dire aussi que l'effet de surprise n'est plus vraiment là. Le final a au moins le mérite de ne pas reprendre la formule utilisée par les deux précédents opus.

À réserver aux fans inconditionnels (et indulgents) de la série.