Règne beau sexe : fauteuil

Depuis 2015 où j'ai joué pour la première fois à Rainbow Six : Siege, pas mal de choses ont évolué, du nombre des opérateurs, à l'ambiance même du jeu qui se voulait au départ réaliste puis basculait au fur et à mesure des années dans une sorte de sous Ghost Recon à la sauce Counter Strike avec des agents dotés d'équipements de science fiction. Aujourd'hui le concept reste fondamentalement le même et demeure unique en son genre. On peut accorder ce crédit à Rainbow Six : Siege qui a su marquer de son empreinte un gameplay jamais vu auparavant et plutôt efficace.

Seulement, on peut lui reprocher un manque de dynamisme général qui rend les parties extrêmement longues avec très peu de phases de jeu réelles. En effet, entre la phase de ban (introduite je ne sais trop quand car ma consommation du jeu reste très sporadique) inutilement longue et révélatrice d'un équilibrage aux fraises (il y a toujours la suite royale œuf jambon fromage dans cette phase de ban parodique composée de Clash, Caveira, Jackal, Dokkaebi), la phase de défense ou de recherche des objectifs encore une fois où les joueurs ne font rien d'autre que s'apprêter à l'affrontement, la phase de mort (si vous mourrez, ce qui arrive souvent d'autant plus si on débute), la phase de "re-sélection" post-round où l'équipe doit de nouveau changer de personnages, puis la nouvelle phase de préparation... Bref, sur une partie d'environ 30 minutes, vous jouez littéralement avec votre opérateur à peine 10 minutes. C'est proprement scandaleux et frustrant. D'autant plus pénible que si vous avez dans votre équipe ou en face un gars qui possède un ordinateur peu puissant ou une connexion internet limitée et bien vous avez le droit de vous taper à chaque round le chargement de la carte qui peut parfois prendre plusieurs minutes car vous devez attendre ces gugusses à chaque round ! Si la partie tourne au 4-3, c'est une perte de temps sidérante.

Ensuite un aspect purement jouabilité qui me fatigue, c'est la possibilité pour les défenseurs de tuer pratiquement instantanément les joueurs attaquants en se précipitant aux fenêtres du bâtiment donnant sur l'extérieur voire même en sortant carrément par les accès pour venir chercher les frags. Je trouve cela ahurissant d'autoriser ce type de gameplay frôlant avec l'antijeu, contraire avec le principe même de Rainbow Six : Siege. Le temps est suffisamment limité pour les attaquants pour en plus ne pas avoir à se farcir au peigne fin chaque millimètre carré de la carte afin de s'assurer de ne pas mourir comme une merde à 400 mètres de l'objectif principal, tué dans le dos par une fouine bien planquée. Car contrairement à la plupart des jeux, il est difficile de pratiquer le système de reconnaissance de zone où l'on peut affirmer que : "ok les gars, derrière nous c'est sécurisé, on peut avancer tranquille". Bah clairement pas non, la menace vient de partout et vous balaye en une fraction de seconde car dans Rainbow Six : Siege, pour ceux qui n'y ont jamais joué, vous mourrez quasi instantanément. Le jeu se veut réaliste en ce qui concerne les dommages et l'armement. Un bon point certes mais terriblement frustrant aussi dans certaines situations.

Il y a près de 54 opérateurs divisés en deux catégories : attaque et défense. Autant dire qu'il y a l'embarras du choix cependant tous ne sont pas aussi utiles ou équilibrés les uns que les autres. Les quatre fantastiques cités plus haut sont complètement fumés avec des kits puissants et difficile à gérer pour les adversaires, certains agents au contraire (dont j'ai oublié le nom) ne servent à rien et n’apparaîtront jamais dans les parties. Il n'est pas évident aujourd'hui de créer de nouveaux opérateurs sans pour autant toucher à l'équilibrage du jeu. C'est un casse-tête que l'on rencontre dans la plupart des productions PVP multijoueurs (Overwatch, Dota... j'en passe et des meilleurs). En revanche, la politique économique de Rainbow Six : Siege est exécrable. La quintessence de la putasserie financière pour extorquer des fonds à chaque seconde que Dieu fait aux pauvres joueurs esseulés par les sollicitations permanentes, frustrés de ne pas jouir du dernier personnage à la mode... C'est scandaleux : entre costumes, skins d'armes, passes de batailles, pack de personnages, boosters d'expérience, paquets surprises à ouvrir... La production d'Ubisoft vous rappelle constamment à quel point le jeu vidéo a changé ces dernières années. Votre carte bancaire est sournoisement incitée à chauffer dans chaque sous-menu du jeu. Une honte absolue.

Hormis cela, et si votre mental est suffisamment solide pour résister à l'appel de la consommation de contenus virtuels, ou si vous êtes tout simplement fauchés, Rainbow Six : Siege reste un FPS plutôt séduisant, addictif et bien réalisé dans l'ensemble. La maniabilité est exemplaire, les graphismes sont corrects et la durée de vie dépend de votre addiction aux matchs classés mais aussi de votre capacité à gérer les coéquipiers toxiques inconditionnels du TK (team kill). Dommage que l'ensemble soit entaché par des problèmes techniques (serveurs Ubisoft oblige), des manières peu fair-play d'abréger des rounds en tuant au respawn les attaquants, par une politique économique purement scandaleuse orchestrée sous couvert de "oui mais si tu joues 100 000 heures tu peux débloquer ce porte-clef pour arme gratuitement)... Je recommande malgré tout, néanmoins à consommer avec modération.