Red Dead Redemption nous plonge dans la peau de John Marston, un truand repenti rattrapé par son passé, et qui se retrouve contre son gré forcé de traquer ses anciens compagnons de débauche pour la solde du gouvernement américain.
Rockstar comme à son accoutumée nous offre à travers cette épopée une critique acerbe de l'ambivalence du modèle américain, nation qui n'a finalement jamais cessé de justifier son impérialisme sanguinaire à travers le prétexte fallacieux d'un apport de civilisation aux tribus sauvages (ce qu'on appelle « l'apport de la démocratie occidentale » de nos jours).

Nous voici mouillés dans un western sandbox interactif qui ne lésine pas sur les références historiques et cinématographiques, gageure d'une aventure épique.
Ouvrez les hostilités dans un Texas vicié pour faire danser les bandits au son de votre revolver et d'un d'un petit air d'harmonica, puis embrassez la révolution mexicaine sous l'étendard d'un Reyes qui n'est autre qu'un clone de Zapata, puis rentrez chez vous le soir chercher du réconfort entre les cuisses de l'ancienne prostituée que vous avez prise pour épouse. En somme, RDR vous propose de vivre enfin votre rêve de gosse de devenir un vrai cow-boy.

Car il ne suffisait pas d''empiler les références, encore fallait t-il être en mesure de rendre l'ensemble convaincant. Et sur cet exercice, Rockstar règne indéniablement maître.
L'univers est bluffant de réalisme, toujours avec ce soucis du détail au service d'une immersion sans concession, ce soin inégalé qui vous invitera presque à bander en regardant votre cheval faire son crottin.
Car la beauté crasse oscille sur le contraste entre la gueule cassée du truand consanguin crachant négligemment son glaviot à la sortie du saloon, et entre la ballade au clair de lune dans les steppes arides sur le dos de votre fidèle destrier. Et si vos conceptions de l'esthétisme sont plus pragmatiques, rien ne vous empêche dans l'absolu de vous délecter de la phase de démembrement d'une innocente nonne que vous auriez eu l'idée saugrenue d'attacher sur la voie de chemin de fer. Dans un monde sans tabous, il y en a pour tous les goûts...

En effet, les activités et quêtes annexes sont nombreuses et variées. Il y a d'abord les mini-jeux d'argent, offrant de pouvoir tricher au poker, poker menteur, black jack, de tester votre habileté au lancer de fer à cheval, votre force au bras de fer, ou encore d'aller perdre quelques crayons au jeu du couteau. Il y a ensuite les tâches lucratives, telles que traquer les têtes mises à prix, dresser des chevaux, effectuer des rondes de nuit,... Sans oublier les événements aléatoires (duels en face à face, interruption de coït non consenti, section de corde à la volée d'une victime de lynchage, etc, etc...). Une grosse part du contenu est également allouée aux défis, d'une difficulté croissante (défis chasseur, cueillette, chasse au trésor, as de la gâchette), vous permettant de débloquer des tenues octroyant des bonus, et des compétences de survie supplémentaires.
Et puis si jamais, malgré tout cela, vous n'avez pas encore votre dose, rien ne vous empêche d'aller tâter du multi (encore très bien fréquenté 4 ans après la sortie du jeu) pour vous heurter aux joies des nombreux modes PVP et PVE .

RDR transpire littéralement l'amour du travail bien fait, et il est tout bonnement impossible de retranscrire en détail et de manière exhaustive toute la splendeur et le contenu qui est proposé.
Il est rare d'avoir entre les mains, et encore plus de nos jours, un titre que l'on souhaite consommer lentement pour en saisir les plus subtiles arômes, un jeu sur lequel il suffit de se poser, même sans rien faire, juste pour le plaisir de se délecter du paysage et de l'ambiance.

Et pourtant, on ne fait que frôler le chef d'oeuvre.
Car en dépit du tableau idyllique dépeint, on ne peut faire l'impasse sur quelques points noirs qui ternissent irrémédiablement l'expérience.

En premier lieu on soulignera la fadeur des quêtes constitutives de l'aventure principale.
Si la mise en scène est remarquable et nous fait, sans discontinuer, brûler du désir de connaître le destin des protagonistes, on regrettera un gameplay aussi pauvre dans les phases d'action et dans les tâches proposées. Le gros du sujet réside en des gunfights sans le moindre relief : on y déplore l'absence de challenge même en désactivant la visée semi-automatique (réglée par défaut) et l'absence de toute dimension tactique. En alternative aux gunfights, vous aurez surtout le loisir d'escorter des chariots ou de conduire du bétail aux pâturages, deux activités sans autre intérêt que celui d'assister aux dialogues des figurants.
Non, clairement la trame principale aurait mérité un plus grand soin. Car en définitif, RDR trouve toute sa richesse dans ses activités annexes, dans les défis périphériques, ainsi que dans la chasse aux trophées.
De conséquence moindre, on trouve également au rang des défauts quelques quels soucis de pathfinding, des lourdeurs et imprécisions de mouvements, ainsi que des bugs divers plus prépondérants en mode multi (et qui complexifient grandement l'obtention de certains trophées dédiés à ce mode).

Même si les lacunes sont évidentes, RDR reste incontestablement l'une des plus belles réussite de la PS3, et l'une des plus dépaysantes à n'en pas douter. Il s'agit typiquement d'un titre qui traversera les époques, et sur lequel on reviendra sous le joug de la nostalgie.
Syldonix
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le 1 févr. 2014

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