Dans cette génération de consoles HD où l'on commence à identifier précisément ses futurs vieux démons (les TPS grisâtres et génériques, les jeux japonais à la ramasse...), Red Dead Redemption joue son rôle de trouble fête, de jeu unique que l'on citera sans doute dans les listing de jeux mémorables des ludothèques de la PS3 et de la XB360.
Certes, le jeu a tout d'un GTA au pays du Far West et pourrait du coup n'être qu'un jeu "bac à sable" de plus parmi les GTA, les Just Cause et autres Infamous, genre relativement bien représenté sur la console de Sony. Fondamentalement, on ne serai pas si loin du compte en déclamant cette affirmation ; le gameplay est foncièrement proche d'un GTA, que ce soit en terme de maniabilité ou de mécaniques de jeu, avec des missions principales, des missions secondaires et des petits services aléatoires.

Pourtant après un début franchement poussif et presque rebutant, le joueur découvre très vite la force du titre de Rockstar : son ambiance.
Galoper sur des prairies désertiques en apercevant poindre les lueurs faiblardes de l'aube, escorter un troupeau sous un orage menaçant et bruyant (vive le home cinema !) ou encore parcourir une forêt enneigée à travers laquelle perce les rayons chauds et colorés du soleil ne sont que quelques moments extatiques que réserve la ballade offerte par les développeurs.
Cette beauté s'accouple à un sentiment de liberté propre au genre, mais jamais aussi poussé que dans RDR grâce au gigantisme de la carte, à l'absence de véhicules (qui rend chaque déplacement contemplatif) et à la vie qui se dégage de ce monde sauvage (la faune, la flore, les habitants, les voyageurs, les bandits...).
Et si le jeu n'offre pas toujours des textures irréprochables, il s'en sort remarquablement sur la modélisation des personnages, sur les effets d'eau et de lumière, sur la distance d'affichage et sur son sens du détail (dans les intérieurs notamment). Une sorte de compromis parfait entre beauté, conséquence de l'aire de jeu et fluidité.
Pour être critique on dénoncera quand même la raideur des animations (surtout celle du personnage principal) et l'intelligence artificielle quelconque des ennemis (qui ne se planquent pas très bien et ne sont guère mobiles) ; ces derniers compensent leur manque de malice par leur nombre et par l'efficacité de leurs coups (on meurt assez vite si l'on ne prend pas garde). De ce fait les combats ne sont pas désagréables mais manquent de tactique alors que d'autres phases comme les duels sont tout simplement sans intérêt.

Les à côtés ne sont donc pas toujours passionnants mais ont le mérite d'enrichir le jeu, de le densifier alors que, période pré urbaine oblige, le monde de Red Dead aurait pu être bien vide. Mais les planques de bandes à vider, les quêtes de chasseurs de prime, les trésors cachés et le journal à remplir font exploser la durée de vie correcte du scénario principal.
Ce scénario reste quand même le gros point fort du jeu, avec ses personnages délirants ou charismatiques, et ses dialogues savoureux que l'on écoutera lors de cut scenes ou durant nos longues chevauchées en compagnie de personnages plus ou moins bien intentionnés. L'écriture de RDR est remarquable et finit de convaincre le joueur quant à la qualité de l'atmosphère retranscrite par les développeurs américains.
Là encore on pourra toutefois trouver quelques défauts, notamment concernant John Marston lui-même, ce dernier se révélant un brin naïf dans sa quête. Le voir exécuter pour la quatrième fois consécutive les ordres d'un général mexicain qui lui promet à chaque fois de lui délivrer des informations sur ses anciens "compadre" a quelque chose d'attristant. Cela révèle surtout le manque d'imagination des scénaristes pour justifier la multiplication des quêtes de notre "héros".
Heureusement le jeu réserve quelques moments intenses et joliment mis en scène (ou en valeur) comme après la confrontation avec le dernier ex-compagnon de Marston venant mettre gentiment quelques claques au joueur, pour lui rappeler qu'il n'est pas en train de jouer à un titre banal et déjà-vu.

Au final, malgré la lassitude évidente que l'on peut ressentir sur cette génération de consoles, il existe de nombreux bons jeux ; mais les jeux étapes, qui marquent le joueur au fer rouge, ceux qu'il nommera lors de rappels nostalgiques sur le loisir vidéo ludique, il n'y en a pas tant que ça.
De par l'émerveillement, la puissance émotionnelle qui se dégagent par instants de Red Dead Redemption, on peut toutefois lui adresser ce titre de jeu étape d'une génération de console.
Pas exempt de tout défauts, loin de là, comme pour rappeler la faiblesse voir le déclin (diront les plus pessimistes) de cette ère en matière de jeux, le titre de Rockstar parvient toutefois à tirer son épingle du jeu... dans une botte de foin.
ngc111
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le 12 juin 2011

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ngc111

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