Resident Evil
8.2
Resident Evil

Jeu de Capcom (2002GameCube)

C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes (de sang contaminé)

Pré-préambule : Je voulais mettre comme titre exact : "C'est dans les vieilles peaux (rongées par la maladie) qu'on fait les meilleures soupes (de sang contaminé)" mais c'est trop long comme titre pour SC, donc contentez-vous de la version allégée ci-dessus.


Après m'être procuré le jeu un peu par hasard il y a presque un an, voilà que je m'y suis attelé ces derniers jours. Deux petits trucs à savoir au préalable (pour le contexte) :
1. Mon rapport à la série se résumait jusqu'à présent à l'excellent RE4 sur Gamecube, et je vais donc être amené à les comparer.
2. Si j'étais au courant qu'il s'agissait bien d'un remake, je n'avais pas capté qu'ils l'avaient récemment HD-isé, donc je n'ai pas joué à la version "ultime", mais ce n'est pas grave, on fait avec, et ça m'a donné l'occasion de régler mon téléviseur en 4:3 pour apprécier au mieux l'image.


Alors déjà, les cinématiques, bien que sympathiques à suivre, ont pris un sacré coup de vieux graphiquement. Je repense à RE4 (qui date lui aussi) et la comparaison fait mal. Mais bon ce n'est qu'un détail...
Car ingame, le jeu est vraiment beau. Certes, il accuse son âge, et sur Gamecube, on a fait par la suite plus beau. Mais la direction artistique est incroyable et nous fait oublier cela. Les jeux d'ombre et de lumière sont réussis, les extérieurs presque noir et blanc sont à tomber... Bref, un sans-faute de ce point de vue-là. Idem pour l'ambiance sonore impeccable, qui rend le tout assez angoissant.


Alors par contre côté gameplay, il m'a fallu me réhabituer à ces déplacements à l'ancienne typiques des premiers jeux de l'ère 3D, où la flèche du haut fait avancer son personnage devant lui... peu importe l'angle de caméra. Les flèches de gauche et de droite le font pivoter sur lui-même, et la flèche du bas le fait... reculer. Bref, c'est peu intuitif mais on s'y fait au bout d'un moment, et ça ne gâche plus trop l'expérience. Cela rend même le jeu un poil plus ardu, donc un poil plus stressant.


J'ai parlé des angles de caméra, car le jeu fonctionne en tableaux fixes (même si plusieurs tableaux fixes constituent une seule et même salle à chaque fois), ce qui le rend très cinématographique. Cela constitue peut-être l'archétype du genre survival, en lui donnant vraiment un aspect proche d'un film, de surcroît d'horreur. Ainsi, on ne voit pas toujours les zombies, et il faut bouger pour que l'angle de caméra se déplace, et que l'on se retrouve nez à nez avec une gentille bestiole.


Pour revenir au côté archaïque du jeu (avant de reparler de ses qualités), certaines énigmes (car le jeu est un mix entre action et puzzles) sont assez frustrantes, non pas pour leur difficulté, mais parce qu'on ne comprend pas trop ce qu'il faut faire. Ce n'est pas toujours très clair, et on s'y perd un peu, ce qui peut agacer. Surtout qu'on doit se taper pas mal d'allers-retour (la faute aussi à un système de stockage limité d'objets, les dits objets servant à résoudre la majorité des énigmes). Mais ne boudons pas notre plaisir pour autant, les énigmes sont tout de même sympathiques et constituent une certaine accalmie bienvenue. Et puis si on ne se perdait pas un peu de temps en temps, cela serait peut-être plus fade non ?


Non, ce qui reste le plus frustrant dans ce jeu (et je vais en surprendre plus d'un), c'est son système de sauvegarde, assez punitif. On dispose d'un certain nombre de tampons encreurs nous permettant de valider une sauvegarde sur une machine à écrire. Ce qui signifie qu'il va falloir être précautionneux quant à leur utilisation, car on n'en trouve pas à tous les coins de manoir. Il m'est ainsi arrivé à quelques reprises de galérer pendant 1 à 2h sans pouvoir sauvegarder, et je vous dis pas le stress. J'ai même failli, au cours de l'une de ces galères, mourir au dernier moment, ce qui m'aurait fait perdre un bon paquet de temps. Je trouve que cela augmente assez artificiellement la difficulté (voire la durée de vie). Même si on me rétorquera, plutôt à raison, que cela augmente également le stress en jeu. Mais c'est un peu tout de même de "l'anti-jeu" (dans son sens vidéo-ludique), bref, ça se discute.


Bon, maintenant que j'ai pointé ses faiblesses, je vais quand même, surtout, lui faire mes louanges. Je redis donc que le jeu est très beau artistiquement, et qu'il soigne son ambiance. J'ai noté que le jeu rendait hommage aux films d'horreurs de "série B" (dans le sens positif), en particulier Evil Dead, pour les extérieurs du manoir (c'est assez frappant). Autre anecdote, et coïncidence personnelle, j'avais joué juste avant à Luigi's Mansion (le remake 3DS) et je me suis rendu compte que ce dernier était presque une parodie de Resident Evil, notamment pour les séquences d'ouverture de porte, et pour le choix de garder ses angles de caméra fixes.


Par ailleurs, pour continuer cette fois-ci sur le gameplay, les combats sont courts, mais intenses. Surtout que nos chers zombies (et affiliés) ont une fâcheuse tendance à revenir quand on ne s'y attend pas (coriaces, les mutants). Une bonne dose de stress donc, et il va falloir gérer ses munitions, somme toute assez rares (heureusement, en cherchant bien, on en trouve, mais les décors sombres ne nous aident pas toujours à les déceler clairement).


Le jeu, contrairement à ce que j'ai lu, possède une durée de vie assez solide (il m'a fallu 20h, j'aurais pu faire moins si je ne m'étais pas paumé, mais bon). Et le scénario, bien que classique (je me rends compte que RE4 en constitue presque une variante, même s'il s'agit d'une suite), se suit bien, notamment par la découverte de notes dans le manoir et ses alentours, nous renseignant sur ce qu'il s'est passé (et sur ce qu'il continue de s'y passer). Surtout qu'il y a plusieurs fins, en fonction de quelques éléments clés à faire (je me rends d'ailleurs compte que je n'ai pas été super bon sur ma première partie...). On me glisse également à l'oreille (enfin je viens de lire) que le scénario est un chouïa différent en fonction du personnage choisi (Chris ou Jill), donc il y a moyen de refaire l'aventure sans déplaisir je pense.


Enfin bref, je n'ai pas lâché la manette, le jeu étant particulièrement addictif... même si j'ai pesté contre son archaïsme, et la frustration qui en découle. Il est clair également que RE4 l'a un peu vieilli (gameplay beaucoup plus souple, tout en restant stressant), mais les deux jeux, bien que similaires sur la forme, n'ont pas été réfléchis de la même manière, et sont in fine assez complémentaires. A RE4 l'équilibre entre souplesse de jeu et stress de la "découverte", à RE1 le choix radical de "sacrifier" (le mot est un poil fort) le gameplay pour privilégier cette inquiétude permanente.


Pour conclure, Resident Evil reste un grand jeu, même un chef d'oeuvre je pense, auquel je mets finalement un "petit" 9 car le jeu grandit en moi au fur et à mesure (j'avais mis initialement 8 avec un "cœur"). Je dois néanmoins sanctionner certains défauts qui ne passeraient plus vraiment aujourd'hui. Mais si vous arrivez à en faire abstraction, alors tout comme moi vous adorerez ce jeu, réalisé avec toutes les tripes et l'âme de ses concepteurs.

joseaxe9
9
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le 3 nov. 2018

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Jojo's Jar

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