Des innovations réussies noyées dans des ambitions trop grandes

J’ai jamais réussi à me mettre sérieusement aux Resident Evil classiques à cause de leur gameplay hyper rigides même pour l’époque, du coup le tournant moderne de la série depuis Resident Evil 4 n’est pas pour me déplaire, après la grande déception que fut le cinquième (gameplay trop similaire malgré le changement de gen, la coop avec le bot complètement foiré, Chris qui ressemblait plus à rien...), voyons si cet épisode a su redresser ces torts.

Beaucoup de progrès ont été réalisé depuis les précédents opus concernant la maniabilité, l'arrivée de la jauge d'endurance limitant en utilisation les attaques au corps à corps et les tris rapides est très bien pensée, l'apport des roulades et glissades offre une dimension technique et dynamique au combat que j’ai beaucoup apprécié, le fait de tirer tout en marchant est bien sûr un confort incontestable... C’est pour moi le point fort de cet épisode même si malheureusement le jeu n’explique pas bien toutes ces subtilités qu’il faut comprendre par soi-même alors qu’à côté il explique des trucs super basiques. Et il y a un point qui aurait mérité correction : le cover system est finalement plus un handicap qu'un atout vu qu'il se déclenche parfois sans qu'on le veuille et qu'il n'est pas du tout pratique à utiliser.

Les phases de gameplay ont le mérite d'être très variées, l'avantage étant qu'au moins certaines d'entre elles nous plairont, alors que d'autres à l'inverse seront frustrantes, voire détestables, évidemment c’est logique, plus on varie le gameplay plus on a de chance d’en foirer et comme là on conduit plein de véhicules différents, on passe de l’action à l’infiltration... certaines phases sont mal faites, ou très lourdement assistées. Les QTE à foison à réaliser au clavier pour ma part sont assez fastidieux (je reste poli), je sais bien que c’est une mécanique récurrente des TPS modernes mais là ils sont vraiment trop nombreux.

L'arsenal est varié mais peu d'armes comporte un tir alternatif et il n'existe aucune personnalisation, ce qui est regrettable. La navigation dans l'inventaire en pleine phase d'action n'est vraiment pas pratique or c’est très souvent nécessaire. Le système des habilités censé remplacer l'or et les boutiques n'est pas terrible du fait qu'il s'avère assez accessoire sauf à jouer à un niveau difficulté vraiment élevé. Le mode coop quasi-forcé m'est difficilement supportable même s’il est pas trop mal foutu, comparé à celui de RE5.

Mais le gros soucis ce sont les scripts pas du tout bien pensés, parfois on combat un boss qui a une phase pendant laquelle il est invincible puis une phase après un script qui se déclenche on sait pas comment où c’est l’occasion de tirer sauf qu’on a tout dépensé quand ça ne servait à rien parce que c’est très mal expliqué, parfois on a des cadavres sur le sol, on leur tire dessus, les balles passent à travers donc c’est bon sauf que le script qui les réanime se déclenche quand on passe juste à côté, hyper frustrant... C’est plein de petits détails qui ont forcément été foirés car bâclés parce que le jeu a un contenu jouable colossal pour le genre.

Cette durée de vie est à la fois l'atout de cet opus, ce n'est pas moins de 28 heures qui m'auront été nécessaires pour boucler les 4 campagnes solo, il me reste encore des emblèmes à récupérer, des phases à jouer avec l'autre personnage du binôme, le mode chasse à l'homme, le mode mercenaires, pour un TPS de cette génération, c'est énorme et c'est aussi la cause des problèmes mentionnés plus tôt car il est quasiment impossible de bien maîtriser autant de contenu, ou alors il aurait fallu plus de temps de développement.

Graphiquement le jeu est très inégal, ces deux mots résument très bien le rendu visuel global de RE6, les effets de lumière et pyrotechniques sont de toute beauté (vu qu'il y a des explosions constamment c'est pas à négliger) alors que certaines textures sont grossières. Les décors étant vraiment variés, des arrières plans sont très travaillés quand d'autres le sont beaucoup moins, le character design de certains personnages est réussi mais c'est pas le cas pour tous, pour le bestiaire c'est pareil... ça ne cesse de souffler le chaud et le froid et encore une fois je pense que c’est dû à la durée vie du soft.

Les temps de chargement ne sont pas très longs mais sont mis entre phases de gameplay et cinématiques ce qui casse complètement l'action et le rythme, une belle maladresse. Par contre ce qui n’est pas maladroit, c’est les doublages français corrects dans l'ensemble et le choix nous est laissé quand à la VF ou la VOST, ce qui est sympathique. Par contre, l’OST n’arrive à être ni oppressante, ni épique, l’ambiance Resident Evil est aux abonnés absents, c’est pas une surprise mais ça reste regrettable.

La qualité du scénario dans son ensemble est très moyenne, les campagnes de Léon/Héléna et de Chris/Piers se caractérisent par une platitude absolue à ce niveau, on oscille entre incohérences et clichés, ce n'est certainement pas la mise en scène qui relèvera le niveau. Heureusement la campagne de Jake/Sherry se révèle un peu meilleure (en même temps c'était pas dure) et celle d'Ada Wong encore un peu plus mais au final c'est vraiment pas terrible bien que ce ne soit pas décevant puisque je m'y attendais. Par contre, revivre des événements d’un différent point de vue était une bonne idée à mon sens, pas très bien exploitée mais c’était une bonne idée.

En conclusion, RE6 est un jeu comportant pas mal de défauts incontestables et qui une fois additionnés finissent par vraiment agacer, conséquence de son contenu phénoménal pour son genre, heureusement, le maniement innovant et réussi rend le jeu agréable à jouer la plupart du temps, quel dommage que le jeu ne l’exploite pas comme il le devrait, parce que ça aurait pu être un excellent jeu sérieusement.