Resident Evil 7
7.3
Resident Evil 7

Jeu de Capcom (2017PC)

Lorsqu'on évolue dans les milieux de l'horreur, que ce soit en film, jeux ou livres, on constate plusieurs artifices qui peuvent paraître répétitifs. Ce sont des codes. Un peu comme un pantalon chez une personne qui se promène dans un magasin ou la lumière éteinte dans un cinéma, ce sont des principes qui restent posés et qui ne sont pas souvent remis en cause. La plupart du temps parce que ça marche bien comme ça, et surtout parce qu'on n'a ni le temps ni l'envie de réinventer la roue. Après, mettre un froc quand on va acheter deux bouteilles de lait et du coleslaw au Super U du coin, ça paraît censé même si le contraire pourrait passer pour un mouvement de rejet de la société et de ses conventions. Dans le cas du monde de l'horreur, de la terreur, de l'épouvante, des courants se détachent, souvent en fonction des époques et des médias, et certains sont plus salués que d'autres.


Dans les 90's, Resident Evil a exploité le concept, l'a rendu célèbre et a mis en place des codes (storyline, gameplay, design) qui n'ont eu de cesse d'être respectés... pour être retournés par le quatrième épisode. Et oui ! Rappelons nous la série d'exclusivités qui devaient ne sortir que sur Gamecube, qui devaient être portées par des super stars du JV japonais, les Capcom five... et ben Resident Evil 4 en faisait partie et était guidé par cette volonté de révolutionner le genre à papa, la mollesse à l'ancienne, sortir le gameplay des vieux carcans. Bon, tout le monde connaît la suite, le succès et le chamboulement, le passage à l'action terrifiante et la réorientation de la série.


Autant les deux suites ont été violemment critiquées pour leur incapacité à respecter le canon survival horror des trois premiers épisodes, autant il s'agissait avant tout d'une prétendue rigidité d'un gameplay qui avait le cul entre deux chaises. Le passage d'une ambiance film d'horreur en huis clos avec des monstres qui déambulent dans les couloirs au bio terrorisme à échelle mondiale avec base sous marine et monstres titanesques a été un peu difficile à gérer pour un publique qui râle quand ça ne change pas et qui pleure quand ça change. Cependant le dyptique Resident Evil Revelations a su garder la série dans la lignée originale avec jump scares, monstres vicieux et décors angoissants.


Mais avec le septième épisode de la série principale, Capcom s'est dit qu'il serait intéressant de se tourner vers le style survival en vue subjective, stressant, oppressant, impliquant le joueur au coeur de l'horreur. Oui, voilà, comme Amnesia, Outlast et j'en passe, sans doute parce que ce sont des croutes programmées en 6 mois pour un early access facile et sans objectif autre que de surfer sur la vague de l'horreur sale et facilement streamable. Bref le choix du gameplay n'était pas forcément un choix créatif mais plutôt marketing mêlant found footage, jump scares, horreur en vue subjective et torture porn. Sauf que les petits gars de la programmation se sont dit dans un éclair de génie, entre deux borborygmes émis par les commerciaux fans de Kholat :
- Les montres qui marchent lentement ? Check
- Les machines à écrire et les points de sauvegarde espacés ? Check
- Peu de munitions au départ ? Check
- Errance dans un lieu clos ? Check
- Virus et monstres dégueu ? Check
- Bah vas y coco, t'as ton RE !


Alors c'est comme d'habitude, c'est pas assez Resident Evil, c'est trop mou, c'est trop rapide à la fin, c'est trop facile, c'est toujours la même chose, c'est flippant au début mais après t'as l'impression d'être une machine à tuer, quel rapport avec la série, etc. Le florilège des rageux racontant tout et son contraire nous rappelle que la série divise toujours, qu'elle revient dans un style très original (pour cette franchise en tout cas), que le lien à l'univers est expliqué dans les DLC notamment et que même si la réalisation est parfois discutable, le titre bénéficie d'une grande qualité générale. Profiter d'une peur viscérale dès les premières minutes pour prendre conscience au bout de quelques heures qu'on est devenu le pourfendeur de monstres victimes d'autres montres est à la fois constitutif des épisodes précédents mais propre à mener la narration éclatée jusqu'à son terme.


Capcom a indiqué vouloir relancer la série sur de nouveaux rails, ceux d'une trilogie beaucoup plus psychologique et horrifiante que la précédente. Tant qu'il y a de l'amour pour cette série chez ceux qui la font, tant qu'ils recherchent à proposer quelque chose de plus, rien n'est à craindre, sauf du public.

David_Toubiana
8
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le 29 août 2018

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