Resident Evil 7
7.3
Resident Evil 7

Jeu de Capcom (2017PlayStation 4)

Je vais être franc et direct : malgré tous ses défauts, j'ai aimé Resident Evil 7. Il faut dire que je suis bon public, car j'aime les survival-horror. Le genre étant peu représenté (je parle des vrais survival-horror, ceux avec du fusil à pompe et des têtes qui éclatent...pas ceux sans arme, à base de fuite et de planque sous le lit caméra au poing comme il en a tant fleuri dernièrement), lorsque j'en tiens un, je suis prêt à lui pardonner bien des défauts.
Et ça tombe bien, car des défauts, RE7 en a plein.


A commencer par un sur-abus de screamers. Et oui, bienvenu en 2017, où la peur ne s'incarne plus que dans les screamers, dans les films comme dans les jeux. C'est le plus gros défaut du jeu. J'aime avoir peur, mais une peur distillée par l'ambiance oppressante et la fragilité du héro, par le manque de munitions et de soins, et la dangerosité des monstres, pas à cause d'un stupide screamer à 2 balles.
Avec ce RE7, Capcom a fait son choix : ce RE7 DOIT faire peur, alors s'il-vous-plait messieurs les développeurs, ne lésinez pas sur les screamers!


C'est bien simple, RE7 reprend toutes les ficelles des (mauvais) films "d'horreur" modernes : petite fille qui traverse au trot la chambre sombre, petite musique flippante de jouet d'enfant, et screamers à n'en plus finir. Le jeu pousse le vice jusqu'à n'être plus qu'un immense piège pour toi, pauvre joueur innocent :
-piège du maniaque bien vicelard bien flippant qui surgit devant toi tout d'un coup en gueulant "yaaaaaaaa!" (le tout en une scène scriptée histoire de ne rien louper, bien évidemment)
-piège du zombie qui pop derrière toi et te lacère le dos pendant que tu es concentré à dézinguer les zombies devant toi
-re-piège du re-screamer avec l'autre taré qui brise la fenêtre devant laquelle tu passais pour aller pisser
-piège enfin d'un héro qui se déplace à 2 à l'heure parce-que Capcom VEUT que tu marches lentement afin d'être une cible parfaite pour son prochain screamer qui doit te faire souiller ton slip.


Bref, il FAUT que tu ai peur.


Et dans un sens, c'est réussi. Mais c'est une mauvaise peur. Une peur qui m'a clairement gâché l'immersion, tant je me disais qu'il était inutile d'y céder en avançant à pas de loups, la goutte au fond du slip, en observant longuement chaque pièce avant d'y pénétrer, puisque de toute façon, le screamer programmé arrivera et te fera souiller ta culotte...alors au final, autant y aller franco, en perdant toute méfiance et tout espoir de ne pas sursauter.


Et c'est fort dommage, parce qu'en dehors de ça, le jeu est plutôt bon.


L'ambiance est bonne, et la "relation" à la famille Baker est originale et bien amenée. Les angoissantes rencontres avec eux sont toujours bien mises en scène, immersives et spectaculaires, pour peu que l'on comprenne à peu près ce que le jeu veut de nous à ce moment là (dois-je fuir? Dois-je me battre?). Les environnements de la 1ere moitié du jeu sont réussis, et on prend vraiment plaisir à visiter les moindres recoins de la maison et des alentours.
Les sensations de combat sont plutôt bonnes également, avec des armes dont on ressent bien les impacts, même si l'on ne peut que déplorer le design absolument dégueulasse des monstres (des sortes de tas de vomi qui popent de n'importe ou), ainsi que l'extrême pauvreté du bestiaire (3 ou 4 monstres à tout péter).
Ajouté à tout cela des graphismes forts sympathiques avec des visages très bien modélisés et expressifs, on peut dire que, globalement, et malgré tous ses défauts, on traverse le jeu sans jamais s'ennuyer, et avec un plaisir constant.


Malheureusement, tout s’effondre lors de la seconde moitié du jeu, relativement finie à la pisse de hibou.


Le bateau et la mine de sel


, niveaux bien peu inspirés et bâclés, ne sont là que pour proposer quelques heures de durée de vie en plus. Je ne parle même pas de l'anecdotique "boss" de fin, vaste blague totalement inoffensive.
Il faudra une quatorzaine d'heure au joueur pour venir à bout de l'aventure. 14h c'est pas mal, sauf qu'en fait, on se rend compte qu'il y a beaucoup de vide : si l'aventure est aussi "longue", c'est en fait parce qu'on ne connait pas le jeu, que celui-ci nous balade d'allers en retours d'un point A au point B, et que l'on passe beaucoup de temps à observer lentement, à chercher minutieusement, à fouiller chaque recoin de la map.
Ce vide est le deuxième défaut majeur du jeu dans lequel on ne fait finalement pas grand chose. Gageons qu'un joueur qui connait l'aventure, torchera le tout en....à peu près 4 heures. Cependant, l'ensemble est suffisamment "maquillé" et mis en scène pour ne pas avoir l'impression de brasser de l'air lors de son 1er run, ce qui est plutot cool.
D'autres défauts mineurs viennent gréver un tant l'expérience, comme certaines incohérences (attention au spoils) :


pourquoi lorsque je choisi Zoe plutot que Mia, la scène qui suit immédiatement fait une petite boule froissée de ma décision et se torche les fesses avec? Quid de Lucas? Pourquoi ne l'affronte-t-on pas et que devient-il?


En bref, ce RE7 propose une aventure sympathique, dans la bonne moyenne d'un Resident Evil.


Las! Nous sommes BIEN LOIN de la qualité d'un RE4, qui reste à ce jour le meilleur RE de la série et une référence ULTIME du survival-horror, qui n'avait nullement besoin de faire appel aux screamers pour instaurer une tension permanente (non, un zombie planqué derrière une porte n'est pas un screamer), qui n'a pas besoin non plus de t'imposer une marche lente par la lourdeur camionesque du héro, mais plutôt par la peur du danger qui te fera marcher plutôt que courir, et qui propose aujourd'hui encore une aventure incroyable que tout joueur se doit d'essayer.


Il serait malgré tout grandement dommage, si vous êtes amateurs de survival-horror ou aficionados de la série, de se priver de cette sombre histoire de famille.

the_darkfouine
7
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le 29 déc. 2017

Critique lue 2.1K fois

the_darkfouine

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