Resident Evil 7
7.3
Resident Evil 7

Jeu de Capcom (2017PlayStation 4)

Avant d'avoir fait couler beaucoup de sang, ce Resident Evil 7 a fait couler beaucoup d'encre pour son parti pris de ressusciter la licence en choisissant une vue à la première personne; tout en prenant pour cadre une histoire se situant complètement à l'écart de la mythologie de la saga horrifique de Capcom. Choix judicieux ou pas?


Dulvey sous bois.


Trois ans après la disparition de sa femme Mia, Ethan reçoit un mail de celle-ci lui disant de la rejoindre dans une plantation appartenant aux Baker, perdue au fin fond de la Louisiane. Ne prenant pas une seule seconde de réflexion, notre héros fonce tête baissée la retrouver dans ce qui semble être à tout point de vue un piège. Après quelques pas dans cette résidence maléfique, les retrouvailles ne se passent pas comme prévues et ça sera au joueur de tout faire pour s'échapper de cet endroit en un seul morceau (ou pas). Malgré un pitch de départ ressemblant à Silent Hill 2, l'histoire de ce Resident Evil 7 possède son scénario qui lui ait propre entre expérience biochimique et vaudou. Étant un reboot non assumé par son titre, il n'est pas obligatoire d'avoir fait les épisodes précédents de la saga pour comprendre l'intrigue. Les références sont du domaine de l'anecdotique. Quoiqu'il en soit, comprendre les secrets de la famille Baker apportera son lot de rebondissements mais aussi beaucoup de questions laissées sans réponse, même en ayant trouvé tous les documents dissimilés un peu partout dans le jeu. C'est assez frustrant de se dire qu'il faudra attendre une suite ou des DLC pour faire la lumière sur l'ensemble des éléments narratifs laissés en suspens.


La vue à la première personne apporte un surplus d'immersion et de vulnérabilité dans la peau d'Ethan. Ce dernier n'est pas un militaire sur-entraîné mais un citoyen lambda se trouvant dans une situation qui le dépasse totalement. Malheureusement le manque de cohérence de certains dialogues gâche cette immersion tellement ils ne sont pas crédibles. Je ne donnerai aucun exemple pour ne pas spoiler mais c'est flagrant rien que sur la première heure de jeu. Étant donné que toutes les cinématiques se déroulent à travers les yeux d'Ethan, il est regrettable que d'autres émotions que la peur et le malaise ne soient pris en compte affectant son état psychologique afin de le rendre plus humain. C'est le joueur qui est le plus effrayé contrairement au protagoniste que l'on incarne alors que la réalité de la situation c'est Ethan qui la subit, pas nous. En bref, on entend rarement le héros paniquer alors que l'on fait dans son pantalon, pire il pourra rajouter une petite vanne. Il ne ressent aucune réelle autre émotion que la colère ce qui crée un décalage entre le joueur et Ethan. Un véritable zombie...


Maison clos.


Pour se donner une idée du gameplay de Resident Evil 7, il faut repenser au premier épisode sorti il y a plus de vingt ans où la 3D pré-calculée aurait été remplacée par une vue subjective. Inventaire restreint à quelques objets, arsenal varié mais dont les munitions cachées un peu partout sont en quantités limitées. Pareil en ce qui concerne les herbes vertes pour se soigner, qu'il sera possible de combiner pour renforcer ses propriétés curatives. Ainsi que des salles de sauvegarde où l'on retrouve une malle pour stocker et gérer son inventaire et un répondeur remplaçant la machine à écrire pour effectuer des sauvegardes manuelles. La progression est également un retour aux sources. Trouver des clés correspondant aux différentes portes qui ouvrent sur de nouvelles salles à explorer où se cachent parfois des énigmes assez faciles à résoudre pour ne pas dire trop.


Le premier tiers de l'aventure se veut être une chasse à l'homme dont on est la proie. La peur y est viscérale car les Baker étant invincibles, il faudra se cacher pour progresser avant de les affronter dans des combats de Boss à la mise en scène de qualité. Parfois le joueur pourra trouver sur son chemin une VHS. En la mettant dans un magnétoscope, on pourra vivre les événements de la cassette à travers les yeux de celui qui filme, permettant de résoudre une énigme ou dévoilant une partie de l'intrigue. Par la suite on se retrouve dans du pur Resident Evil que la première trilogie nous avait habitué, les aller-retours en moins. Ce qui tend à rendre l'aventure beaucoup plus agréable à arpenter. Dommage que le bestiaire se résume à trois espèces de monstre qu'il faudra choisir entre dépenser de précieuses munitions pour les éliminer ou fuir. L'intelligence n'étant pas le point fort de ces créatures, il sera facile de les semer voir de les enfermer dans une pièce vu que ces derniers sont incapables d'ouvrir une porte. En cas d'affrontement, il est possible de se protéger de coups portés en se mettant en garde avec la touche adéquate avant de contre-attaquer. Une technique très utile dans le niveau de difficulté le plus élevé.


Mamma Mia!


Le nouveau moteur graphique de Capcom fait des merveilles même si il n'est pas exempte de quelques reproches notamment en ce qui concerne les textures de la peau qui font un peu trop «plastique» et un léger effet de flou lors de zones à fort éclairage. Pour le reste, Resident Evil 7 éblouie la rétine aidé par une direction artistique inspirée et une colorimétrie aux tons chaudes faisant références au remake du premier épisode. Les effets de lumières sont remarquables! Les décors regorgent de détails et la variété des lieux visités est au rendez-vous malgré ce vaste huis-clos auquel le héros est cloisonné.


Un des principaux ingrédients pour réussir à transmettre la peur dans un survival-horror est la qualité de sa bande son. Le titre de Capcom ne déroge pas à la règle et fait référence dans le domaine avec des bruitages dont le moindre son rendrait paranoïaque le plus téméraire des joueurs. La spatialisation sonore est impeccable. La musique se compose de rares petites notes au piano à certains endroits pour devenir quasiment inexistante durant l'aventure afin d'accentuer le réalisme de l'expérience. Les doublages en français sont corrects dans l'ensemble hormis peut-être la voix d'Ethan qui manque de conviction. Le cauchemar prend fin après une petite dizaine d'heures de jeu, soit une nuit entière à Dulvey. Cela peut faire court surtout que la rejouabilité est limitée. Seul un niveau de difficulté supplémentaire est déblocable. Impossible de choisir un nouveau personnage pour découvrir le jeu sous un angle différent (logique) ni de mode Mercenaires afin de gonfler la durée de vie. Les derniers Resident Evil nous avaient habitués à plus de générosité mais au détriment de la qualité. Un mal pour un bien en somme.


Les PLUS:



  • Le retour de la peur dans un Resident Evil.

  • Un survival-horror à l'ancienne.

  • Bruitages et ambiance de malade.

  • Une réalisation de qualité.

  • Enfin un AAA jouable en VR.


Les MOINS:



  • Trop de zones d'ombre scénaristique.

  • Réactions d'Ethan manquant de crédibilité.

  • Le visage des personnages.

  • Durée de vie.


Il faut voir en ce Resident Evil 7 un reboot de la franchise et non une suite directe du sixième opus. Ce retour aux sources inattendu, mélange entre conformisme et modernité dans son gameplay, est un pari réussi de la part de Capcom. Sans être parfait, ce nouveau départ pour la série est de bon augure pour la suite.

Nightmare1984
7
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Liste de mes Platines obtenus !!!, E3 2016 : Les jeux les plus marquants et Mes 10 jeux VR préférés !!!

Créée

le 27 janv. 2017

Critique lue 869 fois

4 j'aime

Nightmare1984

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