Scott Pilgrim, c'est avant tout une série de comics en 6 volumes, créée en 2004 par Brian Lee O'Malley, un auteur canadien vivant à Toronto éditée chez Oni Press et qui a débarqué chez nous l'année dernière, aux éditions Milady. Le dernier volume du comics est paru le 24 juin dans notre belle contrée. On peut se demander pourquoi l'engouement a été si soudain dans l'hexagone, et je répondrai tout simplement parce que le film allait sortir. Mais il a été retardé. D'abord prévu en aout 2010, il fut repoussé à octobre, puis décembre, pour finalement ne sortir que dans 60 salles à travers la France, Universal ne sachant pas comment vendre le film et se moquant bien du potentiel geek qu'il pouvait contenir ( non on en peut pas mettre les termes Very Bad et Trip partout, déjà que de traduire un titre en anglais par un autre titre anglais je trouve ça moyen...), bref, pour pouvoir le voir, moi, il fallait que j'aille à 110 kilomètres, au multiplexe de Bourges. Mais la critique du film arrive bientôt, vu que j'ai le DVD et ironiquement, si ça se trouve, le film aura plus connu le succès en DVD qu'en entrées en salles...
Voilà, on a eu le comics, le film, et Ubisoft s'est dit que ce serait une bonne idée de l'adapter en jeu vidéo... Que vaut l'adaptation vidéoludique du Geek le plus amoureux de la bande dessinée ?
Réponse dans les lignes qui suivent.

Le pitch de départ est le même que le comics : Scott Pilgrim, un jeune homme de 23 ans vivant à Toronto, tombe amoureux d'une jeune femme livreuse pour un site d'achats de biens en ligne, mais qui était d'abord apparue dans ses rêves, Ramona Flowers. Pour la relation fonctionne, il devra battre ses 7 anciens ex-petits amis. Mais voilà, tous disposent de pouvoirs surhumains. Comment Scott va t-il pouvoir faire pour les vaincre ?

Inutile de le cacher, même si cela a été adapté en jeu, l'ordre des boss suit exactement le déroulement du comics, en commençant par Matthew Pattel et se terminant par Gideon « Asshole » Graves. Le jeu reprend même les principaux lieux de l'action.
Vous vous demandez comment aurait pu adapter un tel comics... C'est bien simple, en un beat'em all. Et quand je dis Beat' em all, je dirais même que c'en est un affublé du sigle « retro revival » qu'il aurait pu sortir.
Parce que tout est là : la façon dont se déroule l'action, les boss à la fin des niveaux, et le multijoueur en local, le jeu gérant de un à quatre joueurs. Et la difficulté aussi. Croyez-moi, en face, même en mode novice ( le niveau de difficulté le plus « facile ») , ils savent se battre.

Scott Pilgrim est un jeu dans lequel vous pouvez choisir votre personnages parmi quatre, qui tiennent sans doute les rôles les plus importants dans l'oeuvre papier : Scott, bien entendu, Ramona, mais aussi Stephen Stills et Kim Pine , et vous pourrez même choisir la couleur des leurs vêtements et cheveux.
La première chose qui surprend dans la structure de jeu, c'est qu'on se retrouve sur une carte du monde qui rappelle fortement la saga Super Mario , notamment l'épisode Super Mario World. Une fois que vous avez terminé un niveau, vous pourrez y retourner quand bon vous semblera sur la carte. Vous pourrez même reprendre à la moitié du parcours, ce qui vous épargnera des soucis...
Dans sa structure, le jeu se déroule sur un plan en 2D qui va de la gauche vers la droite, comme les références dont il s'inspire.
Cependant, il est possible de franchir certaines portes de l'arrière plan : elles mèneront soit à des commerces qui peuvent vous être utiles, soit dans une route « subspatiale » qui seront des sortes de zones bonus.
Dans le jeu, votre personnage aura deux compteurs en haut de l'écran : sa santé, et sa barre de « cran». Cette barre permettra plusieurs choses : de déclencher des coups spéciaux , soit à ressusciter sans que l'ordinateur vous décompte une vie, avec une partie de votre énergie restaurée. Attention donc à ne pas trop en abuser, parce que dela quantité restante de cran dépendront vos points de vie... Il n'y a pas de barres d'énergies à l'écran, toutes ces données sont exprimées en chiffres.

Le jeu reprend des éléments de RPG, à commencer par les gains de niveaux ; chaque personnage peut évoluer jusqu'au niveau 16, et bien entendu plus il montera , plus il débloquera des techniques et fera mal aux ennemis. Les dégâts sont d'ailleurs exprimés en chiffres rouges, et les points de vies regagnés en bleu. Vous voyez combien de HP vous enlevez à chaque coup à vous adversaires. Oui VOS adversaires, parce que vous n'en aurez rarement que un seul à l'écran. Ces derniers, une fois morts, vous donneront des pièces, dont la valeur dépend de la couleur, qui serviront à acheter des vivres ou des biens, qui pourront vous restaurer votre énergie , votre barre de cran ou de gagner de l'expérience. A plusieurs, un joueur pourra même vous prêter de l'argent si vous en manquez. Pratique pour booster un joueur qui ne serait pas au même niveau que les autres...
Il faut le dire, j'ai aimé, voire surkiffé ce jeu, et pourtant je n'en attendais rien de particulier lorsque je l'ai téléchargé. Et je vais vous dire pourquoi : sa réalisation m'a ramené plusieurs années en arrière, du temps béni des 8/16 bits. Non pas que le jeu soit raté techniquement, parce que je pense que c'était l'effet voulu : rendre hommage aux joueurs ayant connu cette période de jeu, une époque où le beat'em all avait acquis ses lettres de noblesse grâce à des titres comme Double Dragon, Streets of Rage ou Final Fight pour ne citer qu'eux.

Les graphismes sont réussis et les joueurs nostalgiques seront comblés : décors urbains mais aux traits naïfs, gros sprites délimités avec un gros trait noir, c'est coloré et on reconnaît bien les personnages du comics, alliés comme méchants. L'effet de pixels est voulu et cela se voit lorsque des dégâts ou du texte s'affichent à l'écran. Mieux encore les zones subspatiales disposent de bugs graphiques en leur sein, effet voulu par les programmeurs.

L'animation est rapide, et les personnages en disposent de plusieurs : vous les verrez brandir le poing et sauter de joie lorsqu'un boss aura été vaincu, grimacer lorsqu'ils ont mal, et certaines, des alliés comme des ennemis, sont franchement hilarantes. Le jeu n'est pas saccadé non plus dans son déroulement global .Personnellement j'adore, ces petites mimiques qui fleurent bon le temps des 16 bits.

Les musiques sont merveilleuses , c'est même ce que chiptune peut donner de mieux. Des sonorités 8/16 bits sur des mélodies souvent entrainantes, c'est un régal pour les oreilles! Le compositeur a fait du très bon boulot et les morceaux sont suffisamment travaillés pour éviter la redondance trop rapidement. Les bruitages sont fait dans la même veine : des sons 8/16 bits qui rappelleront des souvenirs aux nostalgiques. Il n'y a quasiment pas de voix dans le jeu, à part celle qui annonce le K-O d'un boss, véritable hommage aux jeux de baston.

La jouabilité est simple est se fait à l'aide de trois boutons : l'un sert à donner des coups, l'autre à sauter et le dernier à appeler un ami à la rescousse moyennant une consommation de cran en cas de coup dur. Chaque personnage dispose d'un panoplie de coups et d’enchaînements propres, mais surtout variés, qui se font à l'aide d'un bouton et d'une direction à donner à la manette. Les différents coups et techniques se débloquent en montant de niveau, ce qui se fait de manière quasi transparente et fluide dans le jeu. Si vous tuez 5 adversaires d'affilée sans être touché, vous déclenchez le mode « berserk » qui permettra à Scott et ses amis de taper un ennemi sans relâche en martelant le bouton de frappe, cela pouvant aller jusqu'à 64 coups. Mais attention l'état s'arrête au premier coup reçu par votre avatar...

La durée de vie est bonne : non pas qu'il soit très long, bien que les 7 niveaux soient de bonne taille, mais le jeu est surtout très difficile. Vous voyez le mode « normal »des versions occidentales de Streets of Rage 3 ? ben là, c'est pareil et ce même en mode novice : les ennemis savent se battre et vous tomberont dessus par douzaines. Les combats de boss ont différentes phases, et ces derniers disposent de techniques redoutables pour vos points de vie, et certaines devront être évitées comme la peste. Ils se montreront d'autant plus dangereux qu'ils seront proches de la mort, c'est à dire lorsqu'ils clignotent en orange. Heureusement, jouer à plusieurs permet d'adoucir un peu la tâche, même si le jeu n'est pas plus facile en lui même. Mais heureusement, le programme sauvegarde la progression pour chaque niveau passé, et les continues sont infinis. En mode co-op, un joueur disposera de 10 secondes pour venir vous ranimer si vous tombez pendant la bataille, et cela n'est pas limité. Les fins seront différentes selon le personnage choisi.
Il y a toutefois un bémol à mettre dans cette partie : le jeu n'est accessible qu'en local, et non en réseau. C'est à dire que vos potes vous voyant jouer au jeu ne pourront pas vous rejoindre pour vous épauler si vous ne vous trouvez pas dans la même pièce autour d'un bol de chips.. Dommage, parce que ça, ça aurait été une véritable autre bonne idée, de pouvoir se rejoindre via PSN ou Xbox Live....

VERDICT :
Véritable hommage au rétrogaming, aux heures de gloires du beat'em all,ainsi qu'à d'autres références de l'époque 8/16 bits, Super Mario en tête, Scott Pilgrim VS The World : the Game se doit d'être joué par ceux qui aiment le genre. Doté d'une réalisation rétro sans être pour autant dépassé, d'une bonne ambiance, avec des mécaniques de jeu mêlant ancien ( déroulement global du jeu, façon de distribuer les coups), et moderne (évolution façon RPG), ses seuls véritables défauts sont une difficulté de bâtard sur certains passages, quelques bugs et l'absence d'un mode multi en réseau. Mais ce n'est pas grave, le jeu est à un prix suffisamment attractif pour que cette adaptation fidèle du comics original en jeu vidéo fasse que l'on y revienne souvent. En bref, c'est 10 € de bonheur pur!
Julius
9
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le 30 juil. 2011

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Julius

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