Réincarnation du Vrai Monde

S’il ne faut retenir qu’une seule chose de ce Shin Megami Tensei III, c’est clairement son ambiance et son univers atypique. Là où énormément de JRPG la jouent safe en proposant encore et toujours les mêmes « Anime Tropes », Atlus les prend toutes et les fout tous aux chiottes dans le but de proposer une expérience vidéoludique peu commune. Quand on connait la réputation des SMT dits « Mainline », mais qu’on n’y a pas encore vraiment touché, ça pique forcément notre curiosité.

Demifiends Never Cry

SMT III vous met donc dans la peau d’un jeune lycéen japonais qui se trouve au mauvais endroit, au mauvais moment et qui voit l’apocalypse s’abattre sur Tokyo et le monde. Ce monde tel que nous le connaissons, se voit définitivement transformé en monde dévasté et infesté de démons en tout genre. Notre jeune lycéen devient à son tour un demi-démon dans le but d’affronter et de survivre aux démons qu’il croisera sur son chemin, mais pas que… On apprend très vite que ce monde ravagé n‘est qu’une étape de transition nécessaire à la création d’un nouveau monde. Seuls les êtres les plus puissants, dotés d’une Raison (à savoir, une idéologie) en laquelle ils croient, pourront donner naissance à leur nouveau monde. A vous de voir si vous avez ce qu’il faut pour en arriver là…

En ce sens, Nocturne se démarque clairement des autres JRPG ; ici il n’y a pas de héros, ni de méchants à proprement parler. Vous ne sauverez personne si ce n’est votre propre peau, face aux innombrables démons qui errent dans ce monde post-apocalyptique. Nocturne tranche radicalement avec tous les univers classiques qu’on peut retrouver dans le JRPG et il vous le fait bien comprendre dès le début. Le scénario du jeu est assez simple à comprendre et va directement à l’essentiel : votre progression sera parsemée de quelques dialogues et cutscenes par-ci par-là. Le tout reste cela dit très expéditif ; SMT III veut raconter son histoire de la manière la plus simple qui soit. Les dialogues et les cutscenes ne sont jamais très longs et vous resterez parfois sur votre faim. Ce choix s’adapte cependant bien à l’univers de Nocturne, mais si vous êtes du genre à aimer les JRPG pour leur histoires bavardes et pour des cutscenes bien flashy, SMT3 n’est pas fait pour vous. Et Dieu sait que la progression dans un JRPG peut parfois être pénible sans scénario pour motiver le joueur, mais SMT III s’est aussi un jeu qui excelle…

… Dans son gameplay ! Les démons que vous croiserez sont des êtres intelligents qui communiquent. Vous pourrez converser avec eux afin de les convaincre de rejoindre votre cause et de se battre pour vous. Vous pourrez également fusionner vos démons pour en créer de nouveaux par la suite, qui seront plus puissants et vous donneront accès à une nouvelle séries de sorts et de compétences. Attention cela dit : si le concept ressemble fortement à celui de Pokémon, la difficulté n’a rien à voir avec la série de GameFreak.

Demifiend May Cry

SMT3 est le premier SMT à introduire le Press Turn System si cher à la série. Votre équipe et vos ennemis s’attaquent à tour de rôle ; chaque membre de votre équipe pourra effectuer une action lors de son tour de jeu, pour un total de 4 actions par tour. Si vous réussissez votre attaque, rien ne se passe. Si vous exploiter une faiblesse de l’ennemi, vous gagnez un point d’action supplémentaire lors de votre phase de de jeu. Si l’un de vos personnages rate son attaque ou que l’ennemi l’esquive, vous perdez deux points actions lors de votre phase de jeu en plus de l’action esquivée par l’ennemi. Si un ennemi absorbe votre attaque et se regénère, vous perdez automatiquement tous vos points d’action restants. Les mêmes règles s’appliquent à vos adversaires. Grosso modo, le jeu veut vous forcer à exploiter les faiblesses de vos ennemis et éviter que vos ennemis n’en fassent de même. Plus vous exploiter les faiblesses adverses, plus le jeu vous récompense. Plus vous les ignorez, plus il vous punit. Inutile de vous préciser que c’est le jeu préféré des capitalistes, pas vrai ? Et pour les deux du fond qui pensaient farmer comme des gros porcs, vous pouvez vite oublier cette approche : farmer ne sert pas à grand-chose dans SMT III. Vous aurez beau avoir 10 niveaux de plus que vos ennemis, si votre stratégie ne suit pas, vous n’aurez que peu de chances de l’emporter. Le jeu vous forcera toujours à exploiter les faiblesses de vos ennemis afin d’éviter qu’eux ne prenne le dessus. Chaque rencontre aléatoire doit d’ailleurs être vue comme une sorte de mini-boss. Les vrais boss du jeu sont quant à eux comparables à des boss qu'on retrouverait plutôt en fin de partie.

Je tiens cela dit à clarifier les choses : le jeu est loin d’être insurmontable. Certains passages, certains boss m’ont donnés du fil à retordre (et pas qu’un peu), mais je n’ai jamais eu l’impression d’avoir affaire à un jeu punitif dans le seul but d'être punitif. Lorsqu’un boss nous puni, c’est que notre équipe est perfectible. Lorsqu’un groupe de monstres prend le dessus, c’est parce qu’on a mal évalué la situation ou qu’on les a sous-estimé. On meurt parfois bêtement face à des démons dont on ne connait pas le movepool. Ça peut paraitre cheap par moment (certains ennemis aiment spammer les sorts d’instakill), mais c’est en mourant bêtement qu'on apprend. A noter qu’il est toujours possible de battre un boss avec un autre groupe de démons que ceux qu’on vous conseille de prendre sur des sites de soluces, ce qui nous laisse une certaine marge de manœuvre. Petite pensée également aux donjons, qui peuvent être très labyrinthiques et très chaotiques par moment. On est clairement loin du level design de Persona 5…

JACKPOT

SMT3 est un jeu à part ; son univers, son ambiance générale et son gameplay sont ses gros atoux. Son scénario est plaisant à suivre malgré une narration en retrait, ce qui peut être perçu comme un défaut par certains. SMT3 n’est clairement pas un jeu à mettre dans toutes les mains, sans oublier que la difficulté du soft n’est pas adaptée au grand public. Il reste cela dit un très bon jeu pour les amateurs de JRPG qui veulent se lancer dans une aventure qui sort des sentiers battus. Encore un coup de cœur tout droit venu d’Atlus !