Pokemon chez les démons...
Acheté en période de disette de RPG, le jeu m'avait été bradé par une connaissance apparemment écœurée après y avoir joué plusieurs heures, m'annonçant qu'il était tellement difficile qu'elle en avait sa claque. Et d'ajouter "C'est comme Pokemon".
C'était un peu court.
L'ambiance du soft est étrange, entre décors vides et froids - ce n'est pas un défaut, cela contribue à l'ambiance inquiétante du jeu - et design SF léchés. Notre héros, sans nom et sans passé, assiste impuissant à la destruction de Tokyo lors d'une séquence d'anthologie qu'Inception repompera allègrement plusieurs années plus tard (ceci est un troll, inutile de baver de l'acide). À son réveil, il découvre qu'il est devenu à moitié démon et qu'il est en lice pour devenir le nouveau créateur du monde, entré en stase sous la surveillance d'une sorte d'esprit lunaire attendant qu'arrive un candidat satisfaisant pour recréer la terre des hommes. Et vogue la galère, vous voilà en route.
Lucifer's call est décomposé en donjons, que l'on visite au moyen d'une map. Arriver en haut du donjon fait bien entendu progresser le scénario et débloque d'autres lieux et ainsi de suite, les donjons se corsant bien entendu au fil de l'aventure. Le système de combat est un classique tour par tour, agrémenté de petites trouvailles comme le fait de pouvoir retarder un adversaire en effectuant un coup critique ( ce qui est également vrai dans l'autre sens) ou les phases lunaires qui influent sur l'agressivité des ennemis.
Et à propos de combat...
Le gros point fort du gameplay de Lucifer's call (le bien nommé "Aspect pokemon") est que vous ne recruterez pas de personnages pour vous seconder dans les combats : vous devrez corrompre les ennemis que vous affrontez - parfois en parlementant, parfois en les achetant avec de l'argent ou un objet rare- afin de venir grossir les rangs de votre équipe. Ces démons ont tous leurs forces, leurs faiblesses et montent en niveau comme votre personnage. Autre aspect intéressant : ils peuvent être fusionnés pour obtenir des créatures plus puissantes, certaines n'étant d'ailleurs accessibles que via fusion. Ainsi, on peut concevoir son équipe et sa méthode de combat comme on l'entend et renforcer son potentiel offensif au fur et à mesure du jeu. Naturellement,les tentatives de marchandage avec un démon peuvent échouer, y compris après avoir lâché item rare et/ou argent. Que du bonheur.
Et on en arrive au principal "défaut" du jeu, si j'ose dire : sa difficulté. Déjà autant prévenir que Lucifer's call est un J-RPG dans les règles de l'art : combats aléatoires au menu et Donjons tordus bourrés de petites énigmes bien pensées et bien chiantes destinées à vous faire errer et donc amoindrir votre réserve de soin avant d'arriver aux boss. Sans être un hardcore Gamer, j'étais un habitué des RPG et le jeu m'en a fait baver. Néanmoins, il n'est pas totalement inaccessible mais il faudra être persévérant. Le scénario est très bon, bien construit, on peut éventuellement lui reprocher un peu de lenteur au démarrage mais on est assez occupés à découvrir le gameplay pour ne pas trop s'attarder sur ce creux.
Le design peut surprendre et déplaire mais je le trouve parfaitement en adéquation avec l'atmosphère du soft, le rendant anxiogène au possible. Un parti-pris artistique qui n'a rien à voir avec la paresse ou le bâclage mais un minimalisme sophistiqué et très efficace, plutôt.
Lucifer's call est un excellent jeu, bien pensé, bien conçu, au gameplay riche et au scénario captivant mais il n'est clairement pas fait pour plaire au plus grand nombre en raison de son histoire assez surréaliste, son design épuré et sa difficulté pour doux-dingue masochiste. Mais si vous aimez les J-RPG et que votre manette n'est plus à un vol plané près, foncez, c'est de la bonne.
