Pour situer rapidement les choses, Persona 3 est un de mes RPGs favoris. En matière de RPGs orientaux, il fait même partie de mon top 3. Certes, il n'est pas exempt de défauts (aucun RPG ne l'est vraiment), mais j'ai fais tilt sur ce jeu dès les premières heures (ce qui est assez peu courant finalement). Et, avant que Catherine n'arrive en tout cas, c'était aussi le summum de la bizarrerie sauce Atlus. Dungeon crawler, dating sim, visual novel, un soupçon de jeu d'aventure textuel, beaucoup de fan service, des délires d'otaku, le jeu arrive à mêler tous ces éléments sans mener à l'indigestion. Evidemment c'est tout de même un style de jeu très particulier, et couplé à la direction artistique totalement allumée ce n'est pas à mettre entre toutes les mains, mais pour le coup on ne peut pas reprocher à Atlus d'essayer de fournir quelque chose de différent de 90% de la production japoniaisante habituelle.

Du coup voir arriver cette petite perle sur console portable est quelque chose d'extrêmement jouissif pour moi (j'en profite pour envoyer des caisses d'amour à Ghostlight pour avoir eu les couilles de distribuer le jeu en Europe, même si ça aura mis un certain temps), alors vous me pardonnerez si j'ai du mal à contenir mon enthousiasme et ma subjectivité durant cette critique.

Petit détail qui a son importance, Persona 3 Portable n'est pas une adaptation mais un remake de Persona 3 pour la PSP. Ce qui veut dire qu'on ne retrouvera pas la version PS2 adaptée stricto sensu sur portable. Une fois le jeu lancé c'est loin d'être une évidence ceci dit car les graphismes et la direction artistique sont identiques. La principale différence, celle qui saute immédiatement aux yeux, c'est qu'en dehors des donjons, on ne contrôle plus directement son personnage. En effet, durant les phases sociales, le jeu s'apparente davantage à un point 'n click, où l'on déplacerait un curseur (symbolisant le personnage) pour interagir avec des personnages et des décors fixes. Un système qui apparaît choquant au premier abord mais qui prouve son utilité dans un contexte de jeu sur portable. Ce que ce système perd en cohérence et en immersion, il y gagne en praticité et rapidité, car avec la suppression des modèles 3D les scènes gagnent en lisibilité et les temps de chargement sont extrêmement courts (une bénédiction sur PSP). Un système qui n'est pas parfait (sans 3D les phases de dialogues s'ancrent plus que jamais dans le visual novel, ce qui peut être facilement rebutant).

Le système de combat a lui aussi subi une grosse refonte, puisqu'il est basé sur celui de Persona 4, un système souvent critiqué, car en donnant plus de possibilités tactiques au joueur, les combats s'en retrouvent simplifiés (un comble). Malgré tout le mal que l'on puisse penser de ce système, je trouve personnellement que c'est un bon choix car cela permet de rendre le jeu plus accessible et plus tactique que le Persona 3 original. On notera d'ailleurs que le jeu propose désormais cinq niveaux de difficultés, toujours dans cette même optique d'accessibilité.

En dehors de ces petites subtilités, la base de Persona 3 reste inchangée : de l'exploration et des liens sociaux à tisser le jour, des donjons et des monstres à combattre la nuit. La trame principale est linéaire et avance à un rythme régulier, donnant au joueur l'occasion de se focaliser sur les trames secondaires ou sur le buff de son personnage. Le système, d'apparence plutôt simpliste, est riche en possibilités, de sorte que le joueur peut choisir de se concentrer sur ses stats, sur les trames parallèles, sur la collection et l'élevage de Personas, sur les quêtes secondaires, voire même tout à la fois. L'inclusion de niveaux de difficultés permet d'ailleurs de pallier à la frustration du grinding du Persona 3 original, vu que l'on a maintenant la possibilité de régler la difficulté des combats. Un joueur peu intéressé par l'exploration de Tartarus pourra jouer en easy, tandis qu'un gros bill pourra passer en hard, avec la nécessité omniprésente de gagner des niveaux pour ne pas se faire humilier par le premier boss venu.

Mais la grande nouveauté de cette version, c'est surtout la possibilité de jouer l'aventure sous le point de vue d'un protagoniste féminin. Si la trame principale n'est pas totalement affectée par ce choix de sexe (à deux ou trois détails près), les trames secondaires, par le biais des relations sociales (ou S.Links, permettant d'augmenter la puissance de ses Personas), changent radicalement. Au sein du trio de départ notamment, les rapports de force évoluent : Yukari est plus amicale avec l'héroïne qu'avec le héros, et à l'inverse Junpei qui était un bon pote avec le héros devient un gros lourd cherchant à draguer l'héroïne à tout prix. Sur ce même schéma, beaucoup de relations sociales sont bouleversées par rapport au jeu original (certaines impliquent même de nouveaux personnages) et apportent un éclairage nouveau, ou différent, sur des points précis de l'aventure. Là où le jeu est astucieux, c'est que cette aventure féminine n'est pas qu'un simple prétexte pour relancer le jeu, mais en faisant mutuellement écho avec l'aventure masculine, chacune se nourrit de l'autre et apporte sa pierre à l'édifice. Pour les nouveaux arrivants, il est tout de même conseillé de débuter avec le héros mâle, dont l'aventure laisse moins de points en suspens, même s'il n'est pas exclu de commencer directement avec l'héroïne.

Pour un gros fan comme moi, cet ajout par rapport au Persona 3 original justifie amplement l'investissement de quelques deniers supplémentaires pour se refaire l'aventure. En toute honnêteté, même sans ce nouveau point de vue j'aurais acheté avec plaisir ce Persona 3 Portable pour pouvoir me refaire le jeu n'importe où, mais cet ajout est suffisamment bien implanté pour faire de P3P la meilleure version actuellement disponible de Persona 3. Les aménagements prévus pour assurer la portabilité du titre ne se font pas au détriment de l'expérience, et le contenu est le plus exhaustif à ce jour. Dans cette optique, le jeu est vivement conseillé aux novices qui voudraient se faire un de meilleurs J-RPG jamais conçus, et aux gros fans qui n'ont pas envie de ressortir leur PlayStation 2 pour y jouer. Les autres, ceux qui ont apprécié Persona 3 sans non plus le porter aux nues, pourra toutefois passer sans regret à côté du titre, car le jeu reste par essence.

D'où la note de gros fanboy (si c'est aussi bon que Persona 3 FES je suis obligé de mettre autant, c'est logique) que voilà. Hop.
HarmonySly
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le 20 mai 2011

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HarmonySly

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