Jeu fait le temps d'une nuit avec un ami, il est incroyable de constater que 15 ans après sa sortie, le jeu n'a pas pris une ride.
Alors oui, techniquement la maniabilité accuse un peu les années lorsqu'il s'agit d'orienter James ou de combattre comme il faut les monstres qui hantent la ville. Mais au-delà de cet aspect, il n'y a pas grand chose à reprocher. Au contraire même, l'âge du jeu joue pour lui. Le cadre en 4/3 (format par défaut des téléviseurs d'antan avant l'arrivée du 16/9) et le grain prononcé de l'image renforcent l'immersion pour une véritable descente aux enfers. Le côté sale de l'image renvoie à ces péloches horrifiques des années 70 (L'exorciste, Massacre à la tronçonneuse), qui juste par leur aspect parvenaient à instaurer un climat de malaise qui ne vous lâchait plus. L'image ainsi organique, rendue vivante par ses défauts, devient le moteur de l'angoisse.
A ce premier contact se rajoute toute la mythologie propre à l'univers. Le bestiaire est sublime de monstruosité, entre ces mannequins assemblés de membres, ces abominations sans bras ou encore les fameuses infirmières déjà présentes dans le premier épisode. Pyramid Head, iconique, a marqué les esprits pour sa première apparition. Puissant, énigmatique, il émaille l'histoire de sa présence dans des séquences sordides au possible (meurtres, viols de monstres). Il prendra même une dimension psychologique insoupçonnée lors de la dernière partie.
Le tout est immergé dans une ambiance poisseuse et terrifiante au possible. Qu'il est difficile d'avancer dans ce brouillard épais ou de traverser les couloirs d'un hôpital désaffecté, à l'affut du moindre son émis par la radio, signe d'une présence hostile. Les décors sont sales, l'air irrespirable et la tension omniprésente. A cela se greffe la musique de Akira Yamaoka (en poste depuis le premier opus), angoissante comme jamais, dernier ingrédient pour une recette parfaite, poussant le joueur dans ses derniers retranchements. Car loin de favoriser l'action (même si certains passages en abusent un peu), le jeu fait la part belle à l'exploration et aux énigmes. Une peur sans effet gratuit, loin des jump scares faciles d'aujourd'hui, mais qui suinte à travers chaque image du jeu
Mais en plus de l'aspect technique et artistique fortement réussis, Silent Hill 2 a obtenu son statut de jeu culte grâce à un scénario d'une richesse et d'une profondeurs exceptionnelles. On ne dévoilera rien ici car ce serait gâcher le plaisir de jeu. On citera juste un système de fin différentes intelligent ainsi qu'une progression scénaristique sans faille qui se conclut sur un final laissant sans voix et justifiant tout ce que le joueur a pu voir au cours de son aventure. Rarement un jeu vidéo n'a poussé aussi loin la psychologie virtuelle.
La mise en scène n'est pas en reste à travers des cinématiques superbement travaillés (tous ces angles débullés qui appuient la notion de terreur) et des références au 7e art savamment digérées (L'échelle de Jacob étant LE modèle principal à plusieurs niveaux). Une sorte de passerelle entre deux mondes qui ne cessent de s'influencer et dont Silent Hill 2 constitue un point charnière pour chacun.
Un très grand jeu, fortement recommandé à ceux qui désirent une aventure terrifiante et cérébrale à la fois.