Qu'est-ce que tu fais pour les vacaaances ?

"Moi je n'ai pas changé d'adresseeeeee...". C'est que Silent Hill, une fois qu'on y a goûté, on y revient toujours. Bon, d'accord, la chambre d'hotel, c'est pas trop ça. OK, les voisins de chambre sont un peu étranges. Oui, la météo c'est un peu la misère. D'accord, il y a des infiltration de je ne-sais-quoi qui suintent des murs, et il faudrait que quelqu'un se décide à réparer ce fichu truc qui grince dans l'arrière-cour... Mais c'est l'effet Twin Peaks (dont on sent le sceau flatteur, en arrière-plan) : même quand on est mal installé, on s'y plaît bien. Difficile de dire pourquoi, si c'est à cause de l'ambiance, des activités en plein air (la course à pied, principalement), de la perfection technique (rien à redire), des musiques (rien à reredire)du scénario-puzzle (rien à rerereredire)...
Mais ça, on aurait tort de ne pas profiter du pèlerinage de la jeune Heather pour y revenir !
En reviendra-t-on, ça, c'est une autre histoire... Du moment qu'on y est bien...

Avec la possibilité d'opter pour les contrôles 3D des survival horror canoniques, ou des contrôles 2D "à la casu", Silent Hill 3 est sans doute le dernier épisode authentique de la série. Un épisode intense, aussi éprouvant que les précédents (sinon plus), mais très en dessous malgré tout.

Si du point de vue gaming, l'ensemble est passionnant, intense, prenante, plusieurs menus défauts viennent entacher l'expérience et ramener le cauchemar à un mauvais rêve de passage, loin de la maestria narrative de l'épisode 2 ou de la profondeur rude et sans concession du premier volet :

• En choisissant de continuer l'intrigue originelle, le scénario évente ses twists dès les premières minutes et, si intéressant soit-il, ne réserve aucune surprise du début à la fin.




• L'orientation "action" du gameplay ôte une partie du sentiment de vulnérabilité qui accompagne habituellement ce genre de production, une fois qu'on a trouvé des armes comme le katana ou la mitrailleuse (et appris à parer, accessoirement. Heureusement pour moi, j'ai découvert ça à la toute fin, lol).




• La progression est mal conçue : le début trop raide, trop long, à de quoi vite décourager le joueur désorienté, tandis que d'autres passages paraissent étonnamment faciles en comparaison. On passe trop de temps hors de Silent Hill proprement dit, et pas assez à errer dans les rues ou des espaces vides peuplés uniquement par les ombres de notre imaginaire. Tout s'enchaîne trop vite, les transitions sont trop brutes, le rythme trop soutenu.

A côté de ça, quelques bonnes surprises (trop peu exploitées) viennent faire positivement pencher la balance, et le récit reste une solide parabole fantastique, intrigante, hypnotique et glaçante.

Bref.
Silent Hill 3 est un épisode "historique" en ce sens qu'il se trouve à la charnière entre deux époques distinctes du jeu vidéo, un pied dans le passé "exigeant" et l'autre dans une modernisation qui, trop souvent, est synonyme de simplification.

Silent Hill 4 confirmera tristement cette tendance, avec l'accentuation de l'aspect "action" et l'abandon total des contrôles 3D qui faisaient pourtant le "charme" et l'originalité du genre. Ce qui n'empêchera pas de replonger, bien sûr, mais avec un vrai pincement au coeur.