Sonic the Hedgehog
7.6
Sonic the Hedgehog

Jeu de Sonic Team et Sega (1991PlayStation 3)

Revenons vingt et un ans en arrière. 1991. La guerre des consoles ne se positionnait alors pas entre Microsoft et Sony, mais bel et bien entre Nintendo et Sega, le premier avec sa SNES, le second avec sa Megadrive. A cette époque, la bataille faisait déjà rage depuis quelques temps entre les deux compagnies. Néanmoins, depuis 1985, Nintendo avait un avantage certain sur la concurrence : un certain plombier moustachu comme mascotte… Et face à cela, Sega n’avait personne d’autre qu’Alex Kidd, un personnage relativement peu charismatique il faut en convenir. Mais cette année-là, les choses changèrent : Sonic the Hedgehog sortit sur Megadrive. Vingt ans plus tard, Sega n’étant plus constructeur mais bel et bien un simple éditeur (suite à l’échec de la Dreamcast), une réédition du jeu culte nous est proposée en téléchargement sur le Playstation Store. Alors, il a bien vieilli ou non le Sonic ?

A l’époque de la sortie de Sonic, les charts étaient donc dominés par Mario, roi du jeu de plate-forme. Alors en effet, pas simple de détrôner les Super Mario Bros, encore considérés de nos jours par certains joueurs comme les meilleurs jeux de plate-forme ever (alors que c’est Rayman !! Mais bon passons). Aussi, plutôt que d’attaquer Nintendo de front avec un Mario-like, Sega crée un tout autre système de jeu pour le hérisson bleu. Ainsi, si la plate-forme en 2D est bien entendue au rendez-vous, le gameplay n’a au final pas grand-chose à voir, et c’est tant mieux !

Ainsi, lorsqu’on pense Sonic, on pense vitesse, speedrun. En effet, la grande originalité du hérisson sur son rival est de pouvoir se déplacer vite, très vite… Ce qui ne l’empêche pas d’être lent au démarrage, et bien moins rapide par exemple que Samus, l’héroïne des Metroïd. Comme dans tout jeu de plate-forme old school, Sonic n’a que peu de mouvements à sa disposition : il saute, se déplace, peu orienter la caméra vers le haut ou vers le bas en se baissant et… c’est tout ! Et c’est la simplicité apparente du gameplay qui fait tout son charme, car on se rendra vite compte qu’il contient moult subtilités, qu’on découvrira petit à petit, seul, le jeu ne possédant évidemment pas de didacticiel. Ainsi, par exemple, la seule manière de tuer des ennemis, c’est de les toucher en « tournoyant ». Explications : lorsque Sonic saute, il va automatiquement tourner sur lui-même. S’il touche un ennemi, celui-ci est alors mis hors-jeu. En revanche, si le hérisson tombe d’une plate-forme et atterrit sur un ennemi (il ne tournoie donc pas), eh bien il se fait toucher… Dring, dring.

Au cours des différents niveaux, Sonic récupérera plein d’anneaux en or disséminés un peu partout. S’il en accumule cent, il gagne une vie. S’il se fait toucher, il les perd tous. S’il n’en avait pas, il meurt, perd une vie, et recommence au début du stage ou au dernier checkpoint traversé. Lorsqu’il perd ses anneaux, ces-derniers sont « expulsés » dans le décor autour de lui, et le joueur peut alors en récupérer un certain nombre. Néanmoins, il n’y aura jamais plus d’une vingtaine de rings récupérables, ce qui incite le joueur à rester prudent… ce qui ne va pas de pair avec le fait de foncer à travers les levels ! Il est donc impératif de signaler que si les premiers niveaux peuvent être parcourus à fond sans trop de problèmes, même pour un novice, les suivants requièrent beaucoup plus de dextérité. Ainsi, pour le joueur touchant pour la première fois à Sonic, le jeu s’apparentera à un jeu de plate-forme plutôt classique, avec des pièges à éviter, des ennemis vicieux, et quelques sauts retors. Il est d’ailleurs très important de noter que le gameplay du jeu, notamment lors des sauts, n’est absolument pas évident à prendre en main, et fera pester le débutant de longues minutes durant avant qu’il se l’approprie complètement, ce qui pourra rebuter certaines personnes un peu trop portées sur les standards actuels.

Ce tout premier Sonic comporte six zones (plus le combat final), chacune divisée en trois actes, pour un total de… dix-huit niveaux, bravo ! Malheureusement, la plupart d’entre eux seront bouclés pour la première fois en moins de cinq minutes… ce qui nous fait un premier playthrough d’une heure trente seulement, pour un joueur n’ayant jamais touché à un Sonic auparavant ! Dur dur…
Selon l’aisance du joueur à s’approprier le gameplay du titre, cette durée pourra tendre vers les deux heures, mais guère plus. Bon après, il faut dire que Sonic se veut être avant tout un jeu de scoring : il faut ainsi terminer les niveaux le plus rapidement possible, en récupérant le plus d’anneaux et en tuant le plus d’ennemis, chacune de ces actions faisant grimper le compteur de points. Le jeu se veut donc un trésor de speedrunners et de scorers.
Au-delà de ce scoring pur et dur, le titre propose une certaine rejouabilité du fait que certaines zones sont vraiment grandes et disposent d’une multitude de chemins différents, ce qui appelle bien évidemment à l’exploration. Et il y a en effet plein de choses à découvrir, des cachettes secrètes fructueuses aux simples bonus cachés. Ces derniers sont d’ailleurs souvent fort utiles, et si l’on trouve les bonus d’anneaux (qui en donnent dix) ou de protection (un hit gratuit) sur sa route, il faudra souvent chercher un peu plus loin pour trouver ceux d’invincibilité temporaire, de vie supplémentaire, ou encore de vitesse augmentée.

Concernant le scénario, on s’en doute, il ne faut pas s’attendre à monts et merveilles. Déjà, il n’y a aucune cinématique, tout juste quelques passages en in game qu’on pourrait peut-être qualifier de cut-scenes. On se contentera donc d’essayer de le deviner au cours du jeu : le Dr Robotnik, scientifique fou de son état, capture d’innocents pauvres petits animaux, et en fait de vilains et maléfiques robots ! Si on se fout en toute honnêteté complètement de cette trame principale aucunement mise en avant au cours du jeu, on pourra noter sa relative originalité dans le fait que cette fois, il n’y a aucune princesse à secourir. Mais il est cependant impossible de ne pas remarquer la ressemblance frappante avec le speech de départ de Mega Man, pourtant sorti quatre ans auparavant. On l’aura compris, le synopsis est donc uniquement là pour faire joli. On affrontera alors Robotnik à chaque fin de troisième acte de chaque Zone, lors de Boss fights plutôt originaux et bien pensés mettant en scène les particularités du monde dans lequel on se trouve, même si on regrettera une trop grande facilité lors de ces affrontements une fois la technique appropriée trouvée (ce qui prendra trente secondes grand grand maximum...), ainsi que le fait de retrouver encore et toujours cet ennemi au charisme douteux au fil du jeu.

Concernant la bande originale du jeu, composée par Masato Nakamura, on ne peut s’empêcher de remarquer à quel point elle colle parfaitement aux différents univers du jeu, par ailleurs tous très différents et variés : on passe de vertes collines à des enfers métalliques, sans oublier les labyrinthes aquatiques où notre hérisson devra régulièrement trouver des bulles d’air pour se ressourcer en oxygène. Néanmoins, on se rend également vite compte qu’il n’y a qu’un seul et unique thème par zone, i.e. on le rappelle pour trois niveaux. Du coup, une fois le « ouah elle est vraiment cool la musique » passé, si l’on s’attarde un peu trop dans la zone, elle peut commencer à vraiment taper sur les nerfs du joueur… bien que sa bonne qualité sauve heureusement le tout. Concernant les bruitages, ils sont simples et efficaces, on n’en demandait pas plus.

S’il y a bien une dernière chose à signaler sur ce premier Sonic, c’est que si l’on termine un acte 1 ou 2 d’une zone avec plus de cinquante anneaux, on accède alors à un monde secret bonus absolument… vomitif, en fait. Il faut le voir pour le comprendre, mais imaginez notre hérisson dans une sorte de labyrinthe circulaire qui tourne de manière incontrôlée, avec des décors pire que psychédéliques en fond, et la musique associée, sachant qu’il doit y progresser jusqu’à une certaine Émeraude du Chaos, et qu’un simple faux mouvement lui fait quitter ce monde Bonus. Ces phases sont donc de loin les plus difficiles du jeu, mais également les moins intéressantes et les plus ennuyeuses et frustrantes à parcourir.
Mais à quoi elle sert cette émeraude au fait ? Il en a pas déjà pour son compte avec les anneaux en or le mammifère ? Eh bien deux émeraudes équivalent à un Continue de gagné, ce qui peut être utile sachant que le joueur commence le jeu avec zéro crédits et trois vies, et qu’elles peuvent se perdre très vite. Sachant qu’il y a en tout six émeraudes à récupérer, vous ferez le calcul par vous-même du nombre de Continues qu’il est possible d’engranger. En outre, ces joyaux servent parait-il à modifier la fin du jeu, ce que je n’ai pu vérifier par moi-même, étant donné que je les ai tous eus lors de ma première partie (mais si ça c’est une fin bonus, youhou…).

Bon c’est bien joli toussa, mais et l’adaptation PS3 alors ?
Autant vous le dire tout de suite, si vous vous attendiez pour cette version PlayStation 3 de Sonic à des graphismes HD 1080p et du 60fps, vous pouvez rentrer chez vous. En effet, le jeu, bien que faisant partie de la fameuse « Sega Megadrive Collection », la série de jeux Megadrive en théorie remasterisés et adaptés sur console new gen, on n’en voit pas vraiment la couleur (si ce n’est pour ruiner le menu d’origine).
Au niveau des nouveautés, vous trouverez un tableau des scores en ligne, une aubaine pour les scorers en herbe, mais l’interface est tellement mal foutue et l’enregistrement des scores tellement mal optimisé que cela ressemble plus à du foutage de gueule qu’autre chose. Ensuite, aucune adaptation à la taille de l’écran n’est proposée. Enfin si, on peut régler la largeur et la hauteur du jeu comme bon nous semble, mais le résultat final est juste horrible. On se contentera donc d’activer ou de désactiver un fond bleuté selon les goûts de chacun. Concernant le lifting graphique, il est inexistant à moins d’activer un anti-aliasing plutôt réussi dans les menus, ce qui permet de profiter de la version de 1991 et est donc un plus pour les fans.
Mais la plus grosse innovation est également la pire des choses qu’ils auraient jamais pues faire : un système de sauvegarde qui nous permet de sérializer (copier les éléments en mémoire physique pour les ressortir à l’identique plus tard) la partie à n’importe quel instant, rendant ainsi caduque les notions de checkpoint ou de challenge. Le jeu s’adapte ainsi à un public plus « jeune », et est simplifié à outrance : le Boss final vous gave ? Sauvegardez donc après chaque hit infligé ! Si le joueur meurt, il va donc charger sa partie plutôt que de recommencer là où les développeurs originaux l’auraient voulu… Et cette simplification à outrance d’un jeu, messieurs de chez Sega, c’est carton rouge. Surtout quand à cela se rajoutent des chutes de frame. Des chutes de frame dans un jeu 2D de 91 porté sur PS3, misant sur la vitesse, bravo, vraiment il fallait le faire.

Le minimum de cette adaptation était néanmoins de proposer les fameuses récompenses virtuelles, à savoir les trophées. A défaut d’un platine qui aurait été parfaitement justifié sur un jeu de cette envergure, le titre propose tout de même quelques challenges bien intéressants via ses trophées. Ainsi, en plus de ceux de progression, vous aurez à terminer deux actes dans des temps assez shorts (mais néanmoins facilement réalisables en quelques essais), récupérer toutes les émeraudes du chaos, ainsi que terminer le jeu sans mourir ou en moins de 40min, ces deux derniers étant mine de rien très simples dû au système de save surcheaté… Si les trophées sont donc globalement plutôt bien pensés, on regrettera leur nombre très limité qui eut pu être facilement augmenté : pourquoi seulement deux actes en speedrun ? Pourquoi aucun trophée lié à l’exploration ? Et quid d’un trophée qui nous obligerait à terminer le jeu sans sauvegarder, comme à l’ancienne ? En définitive, malgré des défis recherchés, on regrette le manque de challenge et un 100% bien trop simple à obtenir pour un jeu old school.

Sonic the Hedgehog n’est donc pas un jeu culte pour rien. Avec sa 2D réussie, ses environnements variés, son système de jeu simple mais plutôt exigeant ainsi que sa bande son réussie malgré sa répétitivité, il s’installe avec cet épisode dans le rang des jeux qui comptent, et ce malgré sa très courte durée de vie. Pour autant, et malgré sa volonté de se démarquer de son rival, force est d’avouer que le jeu s’avère bien moins jouissif qu’un Super Mario Bros, et que si Sega se rapproche ainsi de Nintendo, la société reste tout de même un cran derrière. Car il faut également signaler que, mine de rien, Sonic arrive assez tard, et n’invente au final pas tant de choses que ça, la plupart des grands noms de la plate-forme 2D étant alors déjà nés. Pour le joueur actuel, il faudra faire l’effort de se replonger vingt ans en arrière pour apprécier ce jeu comme le oldies qu’il est, ou bien le titre risque de paraître bien fade, sans grand génie. Mais pour ceux qui aiment les vieux jeux, pour ceux qui pensent que peu de titres nouvelle génération ont le panache des anciens, pour ceux qui n’ont jamais découvert Sonic, alors vous vous devez de vous le procurer. Dix euros sur le PlayStation Store, cela peut sembler un tatillon cher, mais pour découvrir un classique tel que celui-ci, ça vaut le coup. On regrettera seulement la qualité du portage discutable, et notamment un système de sauvegarde qui n’a pas lieu d’être. Enfin, si vous possédez la version Megadrive, nul besoin de vous procurer celle-ci, bien au contraire. A moins de ne pas pouvoir résister à l’appel des trophées ou au filtre anti-aliasing… Un grand jeu à découvrir donc, mais pas forcément à redécouvrir.
VGM
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le 19 févr. 2013

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