Spec Ops: The Line
7.3
Spec Ops: The Line

Jeu de Yager Development et 2K Games (2012PlayStation 3)

Putain de merde, quelle baffe ! J’ai plié le solo en 4H30… Et encore, une seule des quatre fins possibles. Et pourtant, je ne pense pas une seule seconde à aller dire que c’est du foutage de gueule, comme je le ferais pour d’autres. Je ne peux tout simplement pas le dire, tant ces 4H30 ont condensé d’éléments marquants et épiques, tant on avance incroyablement fort dans le vrai visage de la guerre.
Ceci est la parfaite antithèse de Call of Duty et de tout autre FPS bourrin plus ou moins pro-US. Pas de complaisance, pas de patriotisme déplacé. Tout comme dans Shellshock Nam’ 67, la violence est crue, sale, moche, et la guerre est juste quelque chose de complètement dingue et aberrant. Bref, une parfaite compréhension du roman de Conrad. Si vous voulez une comparaison, pensez donc à sa plus célèbre adaptation : Apocalypse Now. Bon, ça y est, vous visualisez ce que ça donne ? Bah, c’est ça, Spec Ops. Et là, j’ai déjà perdu tous les accros des jeux cités plus haut, parce que ça risque de s’annoncer trop ambitieux pour eux.

Bon, après tout, tant pis pour eux, qu’ils restent à leur propagande qui fait juste « pan pan boum boum » sans aucun fond ni intérêt, hein, et restons donc sur ce qui apparaît comme un chef-d’œuvre. Le début est classique. On vous présente votre trio, ça rappelle les ordres, à savoir reconnaissance et sauvetage, on part pour une mission de routine pour la Delta entre deux blagues de Lugo… Bref, rien de bien original. Et on attaque donc là-dessus.
Déjà, ce qui vous frappera, ce sera la direction artistique, juste sublime et assez onirique, entre une belle modélisation et certains effets de style. En plus, c’est tout coloré, chaleureux, un véritable contraste entre le visuel et ce qui vous attend, ainsi qu’un autre avec pas mal de productions actuelles, qui font dans le gris et le sombre. Ensuite, vous aurez l’ambiance. Une véritable ambiance de fin du monde qui se dégage des environnements, entre les cadavres, les véhicules sur place, les bâtiments détruits, etc… En fait, dès le début, vous vous demandez « mais bordel, qu’est-ce qui s’est passé ici ? ». Et il en ira ainsi au fil de votre avancée. Mais avant de parler de ça, abordons le gameplay.

Ce sera vite fait, hein, rien de bien original ni difficile, c’est la jouabilité classique de tout jeu d’action qui se respecte. On porte deux armes et des grenades, on avance, on se planque, on tire, on recommence jusqu’à finir les chapitres un à un. On peut également marquer des ennemis comme prioritaires pour que Lugo et Adams les éliminent eux-mêmes, au cas où le joueur serait trop occupé avec d’autres, ou si l’ennemi est trop loin/trop bien caché…
Au final, on est en terrain connu si on a déjà touché à du jeu d’action, et on prend très vite ses marques.

Là où Spec Ops va vous mettre au sol, c’est donc par l’ambiance et le traitement du scénario.
Un traitement qui va vous faire passer du « Allons sauver gaiement quelques civils et frères d’armes ! » à « Bordel, dans quoi on a mis les pieds ? », pour finir par « Tout ça n’aurait pas dû arriver… Mais qu’est-ce qu’on a fait ? ». Vous êtes prévenus, quiconque s’attaque à ce jeu voit la guerre sous son vrai visage, loin du film d’action où les gentils Américains sauvent le monde des vils communistes/terroristes/criminels/emmerdeurs/boulet (rayez les mentions inutiles). Ce sera dur et sale, un voyage au cœur de la folie humaine, au cœur des ténèbres que l’être humain a en lui, et vos choix auront un véritable impact, autant immédiat qu’à long terme…

Vous n’en sortirez pas indemne, croyez-moi, et pas mal de scènes vont vous prendre aux tripes et vous surprendre. Trois pauvres gars paumés dans une situation qui les dépasse, perdus entre leur devoir et leurs émotions, qui vont remettre en cause tout ce en quoi ils croient, jusqu’à un final surprenant qui laisse tout voir sous un autre jour…

Spec Ops : The Line va encore plus loin que ShellShock, et s’impose rapidement comme le parfait équivalent vidéoludique de Apocalypse Now. Un brûlot provocateur sur la guerre et le rôle du soldat, qui montre bien la folie des affrontements armés et des extrémités auxquels ils mènent.
Prêt à prendre la baffe de votre vie et à découvrir l’horreur de la guerre en face, soldat ?

Si vous ne devez retenir qu’un seul jeu de guerre sur cette génération, c’est celui-ci, sans aucun doute. Et si l’expérience est courte, elle n’en est pas moins intense. Vous pouvez toujours la prolonger un peu à travers le multijoueur, qui est un multi tout ce qu’il y a de plus classique, et bien pensé comme une extension au jeu de base, et non comme le centre du jeu. Et ça, c’est bien.

Bref, un chef-d’œuvre digne des plus grands films de guerre, comme Shellshock en son temps. Une grande œuvre à faire, donc.

Créée

le 19 juil. 2012

Modifiée

le 23 juil. 2012

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Lonewolf

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