Jeu d'auteur, on y est presque.
Quand un écran de chargement de jeu vous affiche des "tips" du genre "la dissonance cognitive est un trouble mental consistant à faire coexister deux idées contradictoires dans l'esprit", on sait qu'on est pas tout à fait en face du dernier "gears of war -like". Quand il affiche "tout ça est de votre faute" et que vous venez de cramer 250 civils au phosphore blanc, ben, en fait, on a compris ce qu'il se joue vraiment sur l'écran.
Spec Ops est un jeu "Cheval de Troie", comme j'aime les appeler. Sous un prétexte Alpha (le jeu de guerre de base) il passe vos défenses pour délivrer une expérience réflexive sur le rôle du soldat, sur sa représentation du juste, et sur la possibilité même d'avoir un semblant de santé mentale une fois le fusil à la main.
On l'a beaucoup vendu comme un jeu "à choix qui auront des conséquences", ce qui est tout à fait inexact. Le jeu est linéaire et les "choix" narratifs sont pratiquement inexistants. Les critiques insistant sur cet aspect on fait croire à un côté JdR à la Mass Effect qui décevra ceux qui s'y attendent. Il s'agit d'une réflexion, linéaire et scriptée, sur la question du choix en tant que soldat. Voire même sur la possibilité du choix. Et ce qui la rend si forte (la réflexion) est qu'elle n'est pas présentée au joueur mais vécue par lui, car, le pad en main, il est inévitablement le perpétrateur (néologisme ?) des actes guerriers si discutables. Ca marche à merveille.
Il faut le voir comme un récit qui donne un rôle inédit au joueur de jeu vidéo (ou presque inédit, ne me prenez pas trop à la lettre). Un coup de maître dans le paysage du jeu de shoot militaire, et ceux qui vous raconteront que le gameplay est mou et pas fascinant sont totalement passé à côté du projet. (Et en plus, c'est pas vrai, na !).
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