TPS qui a su se démarquer non pas par son gameplay -qui fait honorablement le boulot- mais par son background qui tente une grande entreprise de responsabilisation du jeu de guerre en s'éloignant très, très loin des canons patriotiques (d'ailleurs on ne se bat quasiment que contre des soldats américains) et en mettant constamment le joueur le nez dans son caca. On est constamment renvoyé à la monstruosité de notre appétit de destruction ordinaire qui prend des proportions qui dépassent l'entendement et amène le jeu parfois très loin dans l'horreur. Ce principe de disproportion trouve son apex dans la scène du phosphore blanc qui à elle seule tient tout le jeu (attention spoilers):


Face à un camp de soldats on décide de l'éliminer par missile. On entre dans une interface presque abstraite, noir et blanc, qui remonte aux origines du jeu vidéo et aux origines banales et mécaniques de la violence (je détruis tout ce qui apparaît devant le viseur). Sauf qu'après cette phase très simple, on doit passer physiquement dans les lieux de la destruction, et là c'est une autre histoire: soldats agonisants dans une ambiance apocalyptique et surtout un camp de réfugiés, dommage collatéral, femmes et enfants figés dans une mort atroce, probablement l'image la plus traumatisante que j'ai pu voir dans un jeu.


Rien que pour cette scène et les questions qu'elle pose, le jeu devient indispensable, même si il n'est pas totalement abouti: la narration s'embourbe et finit un peu facilement et les clins d'oeil à Apocalypse Now qui fonctionnent à plein régime sur le plan visuel (transposé dans un Dubaï en tempête cauchemardesque) semblent un peu trop appuyés en ce qui concerne le scénario et la bande son, dont les envolées rock 60-70s paraissent incongrues (car, étant anachroniques, elles ne se justifient que par l'influence des films de guerre du Viet Nam).


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le 29 juil. 2014

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