Tri-Ace se noie

Je suis fan de la plupart des jeux Tri-Ace, je leur ai pardonné beaucoup d'erreurs, mais ce Star Ocean V reste une grosse déception pour moi. Je le considère même comme inférieur au quatrième, The Last Hope, alors que j'avais déjà bien râlé dessus à l'époque pour son casting et son scénario trop cliché. En réalité,le jeu a été fait pour donne quelque chose à manger aux fans et le manque de budget est criant. Evidemment, je ne m'attendais pas à un chef d'oeuvre digne de Valkyrie Profile, inégalable, mais tout de même...

Fidelity and monotony

Si le casting est plus recherché que le jeu précédent, avec certains personnages vraiment bien pensés aussi bien dans leur design que dans leur personnalité, incarnant même un héros plus âgé que ce que nous connaissions jusque là dans le domaine du JRPG on ressent quasiment partout ailleurs la paresse de Tri-Ace. Déjà, le fait qu'on passe son temps cloué sur une seule planète, dont la plupart des environnements sont soit des couloirs, soit bien trop courts, voire les deux, ça refroidit.
Ensuite, l'histoire désolé, mais elle n'a rien d'extraordinaire, et je dirais même qu'elle se boucle trop vite par rapport à ce qu'on a connu avant. C'est bien simple, en vingt heures environ, vous aurez bouclé l'aventure sans toutefois avoir pris le temps de tout faire niveau quêtes annexes. d'un côté, vu leur manque de variété, on ne perd pas grand chose... Il est toutefois vrai que le scénario ne s’appesantit pas en longueurs, ce que les deux autres avaient trop souvent , mais on sent qu'il manque quand même quelque chose. Bien évidemment, le donjon post-game et les cathédrales de l'oubli offrent de sacrés défis . Mais bon... Vous me direz que Star Ocean 1 et 2, surtout le premier, peuvent se boucler sur la même durée, voire moins. C'est vrai. Mais au moins ils offraient une aventure digne de ce nom...

Chtar Ocean bourrin

Vous me direz que peut-être ce Star Ocean se rattrape par son système de combat ? Même pas. Tri-Ace a voulu simplifier les choses et rendre le jeu accessible à tous, donc il n'y a plus d'écran de transition, nous combattons directement les ennemis. On peut changer de personnage à la volée, mais le système se réduit au martelage du bouton sur lequel on aura mis une technique bourrine pour spammer les ennemis. On retrouve la barre de bonus et l'évolution des personnages se fait de façon plus rapide qu'auparavant. Le problème, cela rend le système archi-bourrin, et fort peu lisible avec le déluge d'effets spéciaux à l'écran. Pour certains, cela rappellera sans doute Infinite Undiscovery, que je n'avais déjà pas aimé.
D'ailleurs il faut noter, comme dans tout jeu Tri-Ace, les pics de difficultés soudains. Il pourra arriver, dans le jeu, qu'un groupe d'ennemis décide de vous en mettre plein la figure, et ne vous accorde pas la fuite, alors que vous aviez gagné les précédents les doigts dans le nez. Et je ne parle pas des boss, pour le coup. Après un Game Over, vous rechargez la partie, et là,ça passe tout seul contre ceux qui vous avaient trucidé. De même il est regrettable que le jeu nous impose les même situations plusieurs fois de suite. Par exemple empêcher que Anne ne meure, trois fois, sous peine de fin de partie prématurée. Je peux vous dire que non seulement c'était le personnage que j'utilisais le plus, qui ne devient plus jouable pour les besoins du scénario,ça me fâchait déjà bien mais le fait que le jeu répète ça m'a fait limite envoyer la manette contre le mur. Voici une des absurdités du jeu.

Océan Troublé

Quant à la réalisation globale, il y a à redire. Je veux bien croire que la version de base soit celle de la PS3, donc jamais sortie chez nous, n'ayant eu droit qu'au jeu sur PS4, mais même sur cette console, le jeu paraîtrait juste potable. Certains décors sont assez réussis sur le plan artistique, tandis que d'autres sont plus quelconques, mais on ne peut nier une chose : le chara-design signé Akiman est réussi dans l'ensemble. Techniquement, vous aurez l'occasion de voir les textures floues et de l'aliasing quasiment tout le temps.
Pour les musiques, c'est Motoi Sakuraba qui s'y est comme toujours, collé. Mais soit le musicien est fatigué, soit il a manqué de temps, voire un mélange des deux. En effet, la bande originale du jeu est très inégale. Non seulement aucun thème propre au V m'a marqué, mais en plus,il y a beaucoup trop de réutilisation de morceaux de Till The End of Time, sorti en 2004 sur PS2. D'accord, ce dernier avait une OST formidable, mais ce n'est pas une raison pour nous recoller des morceaux tels quels, sans réorchestration, rien! Il ne s'est pas foulé, le père Motoi... Et une fois de plus, on dirait qu'il a composé les morceaux originaux en asseyant son postérieur sur son orgue... C'est une plaisanterie avec laquelle les adeptes des travaux du maître aiment plaisanter...
Au niveau de la jouabilité, c'est pas mal, les menus sont clairs, et contrôler Fidel et ses compagnons se fait sans encombre.

Verdict

En conclusion, que retenir de Star Ocean : Integrity and Faithlessness ? Qu'il n'est pas dénué de bonnes intentions. On peut mettre à son crédit un chara-design réussi, une histoire qui va droit au but, et un jeu facile à prendre en mains.Malheureusement, il dispose de trop de mauvais points pour réellement convaincre, entre les défauts inhérents à Tri-Ace et du recyclage d'idées déjà vues. La quasi absence de liberté et le fait de se sentir souvent dans un étroit couloir me font penser à un titre rushé , fait sans budget, pour attirer les fans. Ajoutez à cela une durée de vie très réduite en ligne droite, et vous obtenez un jeu décevant, notamment pour un fan.