Star Wars: Knights of the Old Republic II - The Sith Lords par Althen
J’avais envie d’écrire une critique sur Kotor II, parce que ce jeu a effectué tant de tours de montagnes russes dans mon estime qu’il en a acquis une certaine importance. Par certains aspects, je l’ai adoré, par d’autres, il m’a profondément déçu.
L’impression générale qui en ressort est un terrible sentiment d’inachevé. Ce jeu aurait pu être tellement meilleur, si le développement avait été poussé plus loin, si l’histoire (qui avait pourtant un réel potentiel) et certains personnages avaient pu être un peu plus approfondis. Du coup, malheureusement, il souffre d’un scénario parfois franchement bancal, et d’une fin assez décevante. Bien des évènements semblent arriver « comme un cheveu sur la soupe », surtout vers la fin, à cause des innombrables coupes qu’Obsidian a dû effectuer avant la sortie du jeu. Et c’est terriblement dommage, car le plaisir d’y jouer s’en retrouve gravement compromis.
Néanmoins, il y a des points très positifs. Tout d’abord, et c’est un vrai plaisir, le jeu ne suinte pas d’un écœurant manichéisme, à l’inverse de son prédécesseur et des films. Ici, il est moins évident de distinguer les « gentils » des « méchants ». Et si deux seigneurs Sith s’imposent assez vite comme vraiment méchants, au moins on ne pourra pas leur reprocher d’être aussi fades que ce ridicule Dark Malak. Dark Sion et Dark Nihilus, l’un compagnon de la souffrance et déchiré de sentiments contradictoires envers son ancien maître dont il n’a jamais pu se détacher vraiment, et l’autre à peine humain, recherchant à assouvir sa faim comme une bête sauvage, sans pitié ni conscience, sont des adversaires bien plus crédibles que le pauvre Dark Malak, sa mâchoire en fer-blanc et son justaucorps écarlate.
Point non plus de morale Jedi. Les Jedi qu’on rencontre au fil du jeu n’ont rien de saints gardiens de la paix et de la justice, on se rend vite compte qu’ils ont des doutes, des appréhensions, des côtés « pas très Jedi », justement. C’est particulièrement visible avec Atris, ancien maître Jedi cherchant à reconstruire l’ordre Jedi mais sombrant peu à peu dans la folie et le côté obscur à force de ressasser ses peurs et ses regrets.
Assez logiquement, point non plus de mentor Jedi pétri de bonnes intentions pour le héros. A la place, il y a Kreia, une vieille femme aveugle au passé trouble, ancienne Jedi déchue, qui est de très loin le personnage le plus intéressant du jeu. Mystérieuse, manipulatrice, son rôle est extrêmement important dans l’histoire. Ses interventions toujours pertinentes, les longues conversations sur la Force et sur le lien qui l’unit au héros, le voile de demi-vérités et de non-dits qu’elle dresse autour d’elle en font un personnage savoureux, dont on finit sans y penser par écouter attentivement les remarques et suivre presque toutes les recommandations. A côté d’elle, les autres personnages accompagnant le joueur peuvent sembler très insipides, alors qu’en réalité ils ne sont plutôt pas mauvais dans l’ensemble. On retrouve avec plaisir ce bon vieil HK-47 et son humour de droïde assassin irrévérencieux.
Au niveau du gameplay, il est agréable, s’étant bien amélioré depuis le premier volet, tout en s’inscrivant dans une continuité bienvenue. Le système de gain ou perte d’influence sur les compagnons du héros, en particulier, est très appréciable, ça oblige à réfléchir un peu à ce qu’on dit, pour une fois. Les interactions entre les compagnons, d’ailleurs, qui dépendent des lieux et des situations, ajoutent encore un plus. Les graphismes sont certes fort moyens, même pour l’époque, mais bon, ils ne sont pas immondes non plus.
Malheureusement, les coupes dans le scénario ont notablement gâché ce qui aurait pu être un excellent jeu, ce qui me fait penser qu’il faudrait que j’aille jouer à la version restaurée, comprenant tout le contenu coupé avant la sortie. Ce n’est peut-être pas très objectif mais je ne peux cependant pas mettre moins de 7 à ce jeu. Parce que le jeu est plus profond que le premier volet. Parce que Kreia et HK-47. Et parce que c’est Star Wars.
