A l’heure où tout le monde se borne à acclamer un The Witcher 3 pour son écriture magnifique, son open world riche et cohérent, et ses quêtes annexes intelligentes (hum hum), il semble que la majorité avait oublié un jeu qui faisait tout ça (hormis l’open world) en mieux. Vous ne me croyez pas ? Vous n’avez sûrement pas joué à Star Wars : Knights of the Old Republic II : The Sith Lords.


Le scénario nous emmène 5 ans après le premier opus, qui voyait la fin de Malak et le retour de Revan sur le devant de la scène. Mais voilà, ce dernier a disparu, personne ne sait où il se trouve, la République vit des heures très sombres, les Jedi se terrent et les Sith se font discrets. On incarne un amnésique qui vient de se réveiller dans un vaisseau au bord de l’attaque. Ça ne vous rappelle rien ? Si ? Vous l’aurez compris, le début ressemble exactement au premier KOTOR, ou presque. Très vite, on va rencontrer une femme ayant des faux airs de Jedi (ou Sith) et qui vous parle de votre lien avec la Force. Vos deux personnes sont liées par la Force, et elle vous somme de quitter très rapidement le vaisseau.


Si l’histoire se veut un petit peu molle au début de l’aventure, ce n’est qu’une vilaine impression qui sera vite balayée tant elle est riche, intelligente, passionnante et débordante de bonnes idées. Encore une fois, notre protagoniste n’est pas un random que l’on crée pour avoir un personnage, il est bien plus que ça, et découvrir ses origines fera l’objet d’une longue histoire excellente. Celle de KOTOR excellait car la découverte du vrai rôle de notre personnage était surprenante, et, il faut le dire, bandante lorsque l’on savait qui on était. Mais cette fois, pas de surprise de taille de ce genre, on reste dans quelque chose de plus carré, même si les réponses sur notre personnage sont fascinantes, et déterminent encore plus la façon dont on veut le façonner.


Encore une fois, le bien et le mal, les Jedi et les Sith font partie intégrante de l’histoire, de nos choix lors des discussions et de comment on résout des situations. Au vu du passif du personnage, je n’ai pu me résoudre à devenir un Jedi honnêtement. N’importe qui en serait venu à ce genre de choix, de décisions quand on sait ce qu’il est arrivé au héros. Je ne peux pas spoiler, ce serait dommage tant la découverte est un atout énorme dans un jeu comme KOTOR II, mais sachez que si vous avez aimé l’histoire du premier, celle du deuxième vous époustouflera encore plus. Que ce soit dans le déroulement du jeu, dans les discussions et les réponses avec vos alliés (ou ennemis), les changements progressifs de ces derniers, ce que vous pouvez découvrir sur eux en leur parlant de nombreuses fois, en améliorant vos capacités de persuasion et de charisme pour arriver à leur tiré les vers du nez (Kreia, sale peste, j’en aurais chié à connaître ton rôle !)… Ici aussi, KOTOR II fait mieux que le jeu précédent, tant les nouveaux alliés sont excellents dans leurs différentes personnalités.


Le manichéisme habituel de Star Wars est ici balayé d’un revers de la main et nous propose des personnages originaux, mystérieux, ou tout n’est pas rose ou noir quand on découvre qui ils sont, ce qu’ils ont fait, ce qu’ils veulent. Comprenez bien ici que ce n’est pas parce que vous allez faire le bien, que vos alliés vont suivre bêtement et acceptez toutes vos décisions gentilles sans vous critiquer ou vous félicitez. Le parfait exemple est Kreia, sans doute le personnage le mieux écrit du jeu. Cette vieille femme vous donnera des conseils sur votre destin, sur comment vous devez évoluer, ce qui serait mieux pour vous. Evidemment, vous allez pouvoir faire ce que vous voulez, mais ce n’est pas parce que vous suivrez aussi ses conseils qu’elle vous en sera reconnaissante ou qu’elle aurait voulu que vous le fassiez. Ce personnage est tellement complexe qu’il est difficile de savoir où elle veut en venir, ce qui se ressent complètement lors des dialogues, formidables.


La narration est exceptionnelle, les dialogues excellents, la mise en scène s’est amélioré, le déroulement de l’aventure aussi. Oui, on revisite des planètes que l’on connaît déjà, mais les inédites sont franchement dingues. Sur Nar Shaddaa par exemple, on assiste à un conflit de chasseurs de primes qui nous recherchent, tous ne doivent pas nous attaquer sur cette planète, et pourtant… Surveillance, trahison, piège, l’histoire sur cette planète devient dingue et encore plus passionnante que jamais. En toute honnêteté, je ne pensais pas que KOTOR II était aussi magnifiquement mis en scène et d’une écriture redoutable. Et pourtant, le scénario de base nous envoie aux quatre coins de la galaxie pour retrouver 4 Maître Jedi (qui ont un rapport direct avec votre personnage). Qui aurait cru que cette quête serait l’une des plus passionnante et mieux écrite du jeu vidéo ?


Mais après cet éloge sur son écriture, sa narration, ses personnages et son aventure, il est nécessaire de faire un petit point sur le gameplay et la technique, peut-être les seuls défauts du jeu. Et encore, défauts d’un certain point de vue. Ici, Obsidian ne s’est pas réellement foulé. Tout le gameplay (assez cool) de KOTOR s’est vu ici réutilisé à 100%, avec très peu de nouveautés. Même dans les animations, on retrouve quasiment toutes les mêmes. En soit, puisque le gameplay de KOTOR était bon, ça en pose pas réellement de souci, mais ils auraient dû faire un plus gros effort. Dans KOTOR II, on a juste affaire à un gameplay 1.5 du premier épisode. C’est un peu dommage, j’aurais aimé pouvoir faire plus de choses, mais bon.


Du coup, on retrouve les mêmes pouvoirs pour le côté lumineux et le côté obscur, les mêmes compétences pour la réparation, persuasion, intelligence, sécurité, etc. Rien de bien nouveau, si ce n’est quelques compétences en plus peut-être, je vous avoue ne pas avoir vu de réelles différences, puis comme je ne joue qu’avec mon personnage Sith, les armes à feux et objets, j’en ai un peu rien à faire finalement.


Quant à la partie technique, c’est là où ça pêche. Le jeu n’est pas plus beau que KOTOR, en tout cas je n’ai ressenti aucune différence, et c’est bourré de bugs, ça rame, quelques fois les voix ne s’enclenchent pas ou le texte défile à une vitesse folle… Sur ce point, c’est une catastrophe. Heureusement, ce n’est pas non plus super dérangeant, on arrive quand même à suivre tout ce qu’il se passe. Mais techniquement et graphiquement, le jeu n’est pas à la hauteur. En termes d’ambiance par contre, on est de suite plonger dans un univers que l’on connaît, avec les races que tous connaissent, des musiques reconnaissables à mille lieux, une VF très correct. A cela s’ajoute des quêtes annexes de la même volée que celle du premier jeu, à savoir, pas si annexes que ça et très intéressantes. On croirait qu’elles font encore partie de l’aventure principale tant elles n’empiètent pas sur le jeu et peuvent avoir un rapport avec le scénario principal.


N’oublions pas les compagnons de KOTOR II, qui, s’ils font immédiatement pensés à ceux du premier KOTOR, on s’aperçoit très vite qu’ils n’ont pas la même qualité d’écriture. Je suis fan de Bioware, j’adore ce studio et leurs jeux, la plupart en tout cas. Mais il faut avouer qu’Obsidian leur a mis une fessé comme il se doit en ce qui concerne KOTOR II et son écriture. Si KOTOR était ce qu’on attendait d’un jeu Star Wars (Sith/Jedi/Guerres/jeu épique…), KOTOR II est tout ce que l’on voulait d’un jeu Star Wars. Jamais un SW n’aura été aussi complexe et riche dans son écriture, dans ses personnages et leurs rôles. Encore une fois, la palme revient à Kreia, qui est décidément le personnage le plus intéressant du jeu. Même les deux Seigneurs Sith, Darth Sion et Darth Nihilus, n’ont qu’un rôle finalement « moindre » comparé à Kreia. Je ne veux pas spoiler plus, donc je vais m’arrêter là en ce qui concerne cette critique.


Mais, vraiment, jouez à KOTOR II. L’expérience qui en sort est infiniment plus passionnante et novatrice que KOTOR, à tel point qu’on y voit la Force, les Jedi et les Sith complètement différemment, avec un regard nouveau. Notre personnage, bien qu’on ait du mal à se détacher du personnage du premier opus pour les raisons que l’on connaît, s’en sort merveilleusement bien dans le jeu. A ce niveau, il faudrait que j’aille me renseigner quant à une version « Restored » de KOTOR II, car visiblement, les développeurs ont été forcés de rush la fin du jeu pour sortir le jeu dans ses délais. Du coup, je dois avouer être resté sur ma faim par rapport à ma fin, justement, j’aimerais savoir le « et après ? ». Que ce soit par rapport à mon personnage, mes compagnons, l’univers, il me reste des questions qui me taraudent l’esprit.


Mais en soi, Star Wars : Knights of the Old Republic : The Sith Lords est un jeu exceptionnellement bien écrit, bien mis en scène, et s’il reprend tout le système de jeu de son aîné, on ne peut que saluer l’écriture, la narration et l’aventure excellente qui nous attends à travers ce jeu. Bravo Obsidian.

Sephrius
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le 24 déc. 2015

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