"Je suis bluffé. Encore une nouvelle manière de raconter une histoire"
C'est à peu près en ces termes que l'excellent Erwan Cario introduit, lors de son podcast Silence, on Joue, son ressenti sur Stories Untold, cet ovni indépendant repêché d'une game jam par Devolver. Pourtant, au premier abord, Stories Untold parait être une remise au gout du jour d'un système presque aussi vieux que les jeux vidéos : le premier épisode de cette anthologie, The House Abandon, prend la forme d'une aventure textuelle. Pas de graphisme, l'intrigue est vécue à travers des mots, du coté écran comme du coté clavier. En clair, l'histoire est racontée et le joueur doit décrire ses actions en les dactylographiant, à la manière du Mystery House de Roberta Williams ou des premiers Zork. Une histoire de retour à la maison familiale, qui tourne mal et qui vire méta sur la fin. Cette entrée en matière, intriguante et inquiétante à souhait, est déjà très réussie. Mais ce n'est que le début.
La suite, elle, est incroyable. Il serait criminel d'en dévoiler le contenu, indiquons simplement que toutes les histoires sont liées, qu'elles sont toutes très différentes mais qu'elles ont néanmoins toutes un point commun : l'interaction par l'utilisation du clavier, presque exclusivement. Pour ne rien gâcher, l'écriture est en tout point remarquable, et le dernier chapitre, à la fois résumé et somme des trois autres, est une conclusion en forme de coup de poing, de celles qui laissent une marque durable. C'est précisément là que se trouve la valeur de Stories Untold : en usant d' interactions considérées comme dépassées depuis 35 ans, le jeu fait preuve d'une modernité totalement inattendue et accapare le joueur comme rarement. On pourra bien lui reprocher quelques approximations de gameplay un peu malvenues,
particulièrement dans les phases à la première personne
, qui peuvent inutilement bloquer une progression jusqu'alors fluide et passionnante. Mais une fois la machine éteinte et l'aventure terminée, en moyenne au bout de 2 à 3 heures, ce léger écueil ne sera pas suffisant pour effacer le souvenir indélébile de ce jeu hors norme, à la fois dans sa forme et son propos. A 5 euros en solde, comme actuellement, c'est juste l'affaire du siècle.