Styx : Master of Shadows est un jeu que l'on pourrait à appeler "à potentiel". Jeu AA par définition qui encourage et véhicule un savoir-faire, essaye d'en mettre plein la vue, mais ne parvient pas pour autant à marquer l'essai. Le jeu vient de chez Cyanide, entreprise française (oui monsieur !) que l'on connaissait tout d'abord pour la série des Pro Cycling Manager et des Blood Bowl. Deux licences assez éloignées en terme de conception de ce cher Styx qui tente de reprendre les codes du jeu d'infiltration (et par infiltration j'entends : c'est ça ou rien) et de se les mettre en poche.
Il y a du bon et du moins bon. Le bon en soit c'est que le titre reprend adroitement des éléments de game-design propre à son genre , le sublimant par un level-design très bien foutu, un univers enchanteur et une narration agréable armé d'un scénario parfois surprenant. Les idées sont bonnes, on sent que les développeurs ont pas trop voulu se foutre de nous et on prend plaisir et jouissance à se délecter de ces assassinats. Le jeu fonctionne presque comme un Thief, élaguant le trop plein d'informations pour se recentrer sur les mécaniques d'ombre et de lumière, de gestion du bruit, et d'actions furtives.
Le problème c'est que tout est laborieux, dans le game-design, dans la progression, dans le maniement de Styx, dans les aspects techniques.... Et très (trop) vite on démasque la supercherie : défauts de gameplay (s'accrocher au mur peu être problématique, le game-design ne se renouvelle presque pas passé le second niveau) , graphiquement et techniquement retardé (le framerate souffre sur les derniers niveaux du jeu et les temps de chargement deviennent interminables), level-design bien construit certes mais réutilisé deux fois ! Oui passé le milieu du jeu vous vous retapez les mêmes environnements mais en sens inverse, quelle joie !
C'est un sentiment global : tout ce qui passe après la seconde moitié du jeu semble bâclé : le scénario s'emballe, les chutes de framerate aussi, les niveaux sont recyclés et les gars ont même pensé à nous placer un ptit boss final des familles complétement moisi. Styx: Master of Shadows donne ainsi cette image un peu crade, verdâtre et minuscule, non celle d'un gobelin mais bien d'une grenouille voulant être plus grosse que le bœuf. A être trop ambitieux, à vouloir en faire un max, le jeu a été rushé et pêche par sa longueur et son manque de renouvellement. Un petit gâchis dont la suite, Shard of Darkness, et malgré quelques efforts notables, ne parviendra malheureusement pas à remettre la franchise sur la bonne voie. Coup dans l'eau.