Axiome plateforme
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Coupe du monde 98, la France gagne. 3-0 contre le Brésil. Rien à voir avec cette critique, mais ça reste quand même un souvenir bien cool.
Flash-back, Noël 97. Une attente interminable, cadencée par ce putain de calendrier de l'Avent dont on ne voit pas la fin. Seul mois de l'année où l'enfant trouve chaque jour qu'il a encore trop de chocolats. Seule nuit de l'année où l'enfant imagine avec excitation un gros barbu rentrer chez lui par effraction. Seul jour de l'année que l'on ne pousse pas jusqu'au bout, dont on ne négocie pas le couvre-feu. Parce que l'on sait que la veille de Noël est un jour creux, dont seul le lendemain a de l'importance
.
Je reçois la Nintendo 64 au petit matin.
Je fonce dans ma chambre, je branche la console sur la télé, et puis j'attends, la manette dans les mains. J'attends environ un mois, parce que je n'avais encore aucuns jeux. J'ai joué plusieurs semaines face à un écran noir, en faisant des bruits avec ma bouche, et en manipulant les boutons et les joysticks, finissant des jeux imaginaires. J'avais déjà saigné la manette quand j'ai reçu mon premier jeu : Mario 64.
Quand cette grosse tête a envahi l'écran titre, en me disant « Hello, it's meee Maario » sur un petit rythme jazzy, je savais déjà que l'on pouvait tirer sur sa moustache. J'étais bien renseigné. On n'avait pas Internet à l'époque, mais à l'école ça causait. Beaucoup. De Mario 64 et de Titanic. Quelle année de taré !
Je ne sais plus si je me suis beaucoup attardé sur la moustache de Mario. Franchement j'espère pas. À ce niveau-là, après un mois d'attente, rester explorer les mystères de l'écran titre aurait été une preuve de sang-froid inquiétante pour un enfant de dix ans. Aussi inquiétante que l'idée d'un enfant qui déballe ses cadeaux sans les déchirer.
Tout ce qui se passe après, une fois le profil créé, lorsque Mario sort enfin du tuyau vert pour entamer son aventure en 3D, tout ça, le château labyrinthique, les énigmes sans indice, la maniabilité aussi fun qu'hallucinante, la diversité des univers, la progression super bien équilibrée, avec les zones du château qui s'ouvrent progressivement, donnant vraiment l'impression de visiter un musée magique... tout ça, la bande-son, les bruitages des personnages, ceux des ennemis autant que ceux des amis (les bruits de pas du pingouin géant)... les couleurs, le design, les passages secrets au sein des univers ouverts. Des univers ouverts eux même labyrinthiques, qui conservent jalousement leurs étoiles, comme dans des écrins, et qui nous les délivrent de plus en plus parcimonieusement, au prix d'interminables amusements plein de jugeote... tout ça, ce serait impudique de le raconter en détail. Bien plus impudique que de raconter mon enfance. Mario 64, dans ma tête, c'est bien plus réel que la plupart de mes noëls. C'est l'érosion accélérée du Joystick. C'est la durée de vie, et la difficulté qui va avec. C'est la possibilité d'aller plus loin que la fin du jeu, en sautant avec agilité de murs en murs, vers les 120 étoiles. L'opportunité pour l'enfant de dix ans de se dépasser, de faire ses preuves, et de devenir virtuose.
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le 8 sept. 2017
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