Super Mario Odyssey
7.8
Super Mario Odyssey

Jeu de Nintendo EPD et Nintendo (2017Nintendo Switch)

Temps de jeu : 60 heures

Mon neuvième Super Mario

Test rédigé pour Le Red Blog [#8]

Chapi Chapo

Au Royaume Champignon, l’Histoire n’a de cesse de se répéter. La Princesse Peach s’est encore faite enlevée et c’est de nouveau à Mario que revient le devoir de la secourir ; derrière ce terrible méfait se cache évidemment l’infâme Bowser. Toutefois, contrairement à ses précédents kidnappings, le roi des Koopas est bien décidé à épouser sa proie de gré ou de force. Épaulé des Broodals (une bande de lapins néfastes, mais spécialisés dans les cérémonies maritales), l’ennemi numéro un de Mario parcourt le monde pour organiser les préparatifs en volant ce dont il a besoin. C’est sur ce pitch certes éculé mais étonnamment bien rythmé – grâce à sa mise en scène et le périple en lui-même – que démarre l’aventure du joueur, laquelle le mènera de pays en pays tout le long de sa course poursuite. Peu après l’introduction, le joueur fait la connaissance de Cappy, un esprit-chapeau capable d’habiter les corps étrangers sur lesquels il s’appose. Fort heureusement, contrairement à bien d’autres sidekick avant lui, Cappy ne se montre jamais irritant.

Il faut dire que le personnage ne parle que très peu et, lorsque c’est le cas, n’interrompt pas l’action en cours. Loin d’être seulement cosmétique, il sera également d’une grande aide durant toute la progression du titre. En le balançant de diverses manières (en face, en haut, en bas, autour de soit, etc.), il est possible de briser des obstacles, d’activer des mécanismes, d’éliminer des monstres ou même de les contrôler. Si Mario dispose toujours de son énorme palette de mouvements, laquelle a été agrémentée d’un plongeon en avant très utile, c’est bien à travers ce couvre-chef que tout le gameplay s’articulera. La possession est d’ailleurs habilement utilisée, poussant le joueur à l’expérimentation pour venir à bout des défis qui parsèment les niveaux. La chapimorphose – c’est le nom officiel de la capture – d’un Goomba confère au joueur la capacité de ne plus glisser sur la glace ; contrôler un Cheep-Cheep permet quant à lui de nager indéfiniment sous l’eau sans avoir peur de se noyer. On s’essaie à tout posséder et, surprise, cette technique n’est pas réservée qu’aux petits et vulnérables ennemis.

La Vengeance dans le chapeau

En effet, il sera possible de diriger de plus gros poissons, à l’instar des Bill Balles ou des Chomps ! Mieux encore, à côté de la chapimorphose finale (véritable cerise sur le gâteau), toutes celles citées précédemment font pâle figure tant l’idée est inattendue. Même avec un bestiaire aussi qualitatif, les petits nouveaux arrivent à en imposer, notamment le Giclopode et sa capacité à se propulser sur les eaux ou dans les airs, et la Poupousse et son talent à allonger ses pattes pour pousser des plates-formes ou atteindre des lieux inaccessibles autrement. Qu’ils soient un tank Charlu, un T-rex ou un Wiggler tropical, tous ont une mécanique unique et capable de résoudre les problèmes qui feront face au joueur. Plus étrange, mais également plus drôle, Mario pourra contrôler des objets tels qu’un morceau de viande, un sapin ou encore un taxi. Nintendo oblige, la franchise brille une fois de plus par son level design carré. Tout est intelligemment imbriqué, poussant le joueur à farfouiller chaque coin d’un niveau pour mettre la main sur une récompense.

S’inspirant très clairement de Super Mario 64 et des jardins miniatures japonais, Odyssey offre une proposition qui ne plaira pas à tout le monde. Loin de la linéarité d’un Galaxy, chaque royaume est défini comme un bac à sable qu’on est libre d’explorer à notre guise. En dehors des objectifs primaires propres à l’histoire, chaque zone renferme des dizaines de lunes et de pièces à grappiller, certaines ne devenant disponibles qu’en ayant « terminé » le jeu, obligeant le joueur à y revenir plus tard. S’il faut près de sept heures pour le finir en ligne droite, ce nouvel opus en demandera environs cinquante pour le compléter à 100%. Et si les pièces ne servent qu’à débloquer des décorations pour notre vaisseau (lequel nous permet de voyager entre chaque royaume) ou des costumes pour obtenir d’autres lunes, les astres eux, sont l’équivalent des étoiles de 64. À la différence qu’en lieu et place de cent vingt artefacts, il faudra en trouver plus de huit cent quatre-vingt cette fois-ci !

Cap'turer les tous

À l’heure du besoin d’exister et d’être reconnu par tous, ce nouveau Mario récompense grassement le joueur à la moindre occasion. Parfaitement adapté à la console, le titre vous permettra en effet de collecter deux ou trois lunes à la pause de midi au boulot. Malheureusement, c’est aussi son plus gros défaut. Si beaucoup d’entre elles sont délivrées après une épreuve plus ou moins complexe, d’autres ne demanderont qu’une bête action ou, pire encore, de simplement marcher vers elles. Très similaires aux Korogu de Breath of the Wild dans leur nombre et leur intérêt variable, elles souffrent ici du fait qu’elles sont l’objectif principal, là où Zelda comptait sur des défis plus consistants avec ses sanctuaires et ses donjons. En résulte une complétion tournant rapidement à l’écœurement, ainsi qu’une difficulté générale particulièrement faible. Odyssey préfère l’exploration et à le voyage à la plate-forme pure et dure dont Mario était coutumier jusqu’ici.

Que les plus inquiets se rassurent toutefois, chaque monde contient plusieurs ateliers faisant office de niveaux classiques. Certains se montrent même assez exigeants, notamment en s’enfonçant dans les derniers pays du jeu. En plus de son gameplay, le titre surprend énormément dans son choix d’esthétique. Chaque royaume propose une direction artistique différente, détonnant les uns des autres, tant sur le plan visuel que sonore. Notamment la première zone, surprenante, puisque très inspirée par L’Étrange Noël de monsieur Jack. Nintendo va là où on ne l’attend pas, à l’image d’un monde puisant dans le Japon féodal, un autre dans le low poly ou – impossible à anticiper – un clin d’œil à l’univers de Dark Souls. Sans être envahissantes, des références comme ça il y en a pléthore. Les fans les plus assidus du petit artisan sauront également reconnaître chaque costume de Mario ou élément de décors rappelant un morceau de l’histoire du constructeur et de leurs franchises – le hanafuda pour Nintendo, le Mario golfeur pour le héros moustachu ou même un chien de Nintendogs.

Le mal du Pays

Super Mario Odyssey est un jeu assurément méta. Toutefois, il n’oublie pas de créer un univers se suffisant à lui-même. Mieux encore, il parvient à le rendre relativement crédible. Chaque trésor volé par Bowser s’apparente au monde du mariage ; un bouquet de fleur dans le monde de la forêt, une robe de nacre dans le monde du lac, une pièce montée dans le monde des neiges, etc. Toutes les zones sont d’ailleurs issues de contrées réelles, à commencer par la plus évidente, New Donk City et son affiliation à New York – le meilleur monde en terme d’ingéniosité, de level design et de moments de jeu remarquables. Le monde de Bowser se voit affublé d’une apparence nippone qui sied à merveille au roi des Koopas, lui-même inspiré par un Yokaï. Pour les français, il s’agit du pays de la mer et son côté jet-set (Saint-Tropez), habité par des escargots affublés d’un béret, d’une moustache et d’une marinière ; encore faudrait-il ne pas oublier la mer pétillante et la tour en forme de flûte qui trône fièrement au milieu des eaux, le champagne étant – paraît-il – un véritable symbole du luxe à la française.

Super Mario Odyssey intègre des phases rétros inspirées des premiers Super Mario Bros., lesquelles sont visuellement bluffantes. Et même si la physique des sauts y est un poil différente que celle d’antan, elle n’en reste pas moins agréable à manier. Une fois le tuyau traversé, la musique et le costume de Mario passent eux aussi, tout naturellement dans une forme 8-bit. Les bruitages eux, sont d’époque, de quoi faire ravir les nostalgiques. Techniquement assez joli, Super Mario Odyssey souffre de certaines textures pas toujours agréables à l’œil, notamment celles utilisées pour la roche. De même, Mario souffre d’un léger effet de flou en mode portable. Bourré d’idées visuelles, d’un chara design aux petits oignons, d’une bande-son astronomique (et pour la première fois chantée sur deux pistes), le titre permet également de prendre des photos stylisées avec un mode dédié intégré. Pas franchement utile mais toujours un plus, à l’instar du mode coop où le deuxième joueur devra se farcir le rôle de Cappy. De même, on regrettera la forte incitation au motion control ou les vibrations HD, trop classiques. Les mises-à-jours – gratuites – ont quant à elles apportées de nouveaux costumes et le mode Ballons, dans lequel il faudra retrouver en moins de trente secondes un ballon caché par un autre joueur.

Conclusion

Si ce nouvel opus parvient à renouveler la formule de la série, accordons-nous de suite sur un point : non, Super Mario Odyssey ne révolutionne pas sa série contrairement à Breath of the Wild pour The Legend of Zelda. Plus solide, plus imposant et plus farfelu que les précédents épisodes, le jeu pêche par ce qui le fait briller, à savoir son exploration exagérée et son gavage de lunes à la limite d’un collectathon façon Banjo-Kazooie. Comme la difficulté générale, les boss pourtant toujours très funs – surtout les affrontements avec Bowser – ne montrent aucune résistance. Beau, amusant et toujours plein de surprises, le voyage se montre très agréable la majeure partie du temps malgré quelques soucis de caméra ici et là. La mécanique de chapimorphose y est pour beaucoup, même si elle éclipse les power-up traditionnels au profit d’un gameplay plus structuré. À moins de rechercher du challenge ou juste un platformer pur et dur, Super Mario Odyssey est assurément une valeur sûre et un nouveau must have de la Switch.

Créée

le 8 mars 2023

Critique lue 374 fois

Kalimari

Écrit par

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