Alors là, je me suis pris une douche froide comme je n'en ai que rarement connues. Après un Paper Mario 2 faisant partie des mes jeux Gamecube préférés, je me suis dit qu'une suite remplaçant les combats au tour par tour par de la pure plateforme ne pourrait que m'enchanter. La réputation du jeu est excellente en plus et j'ai toujours adoré les jeux Mario. Et pourtant, force est de constater que je me suis fait suer devant ce jeu. J'aurai pu imaginer tous les défauts du monde mais pas celui là.
Super Paper Mario est un jeu de plateforme avec une progression de RPG, à savoir pas totalement linéaire. On a un hub et des niveaux, mais ces derniers peuvent demander quelques aller-retours à la manière d'un donjon. La grande fonctionnalité du jeu, c'est la possibilité de quitter temporairement le scrolling 2D pour découvrir toute la profondeur que nous cachaient les effets de perspective : on esquive des monstres qui font toute la hauteur de l'écran en passant par le côté, ou bien on grimpe sur des blocs qu'on pensait alignés en colonne alors qu'ils sont décalés en escalier. J'ai trouvé ça rigolo au début, c'est comme une blague sur le principe même du scrolling 2D dont la crédibilité est mise à mal. Mais ça ne va pas beaucoup plus loin. On prend assez vite le réflexe de jeter un œil à cette vue de perspective et la manière de l'utiliser ne variera plus beaucoup, au point qu'elle devienne inutile. Ça ne renouvelle le gameplay que le temps du début de l'aventure, ensuite on s'en lasse.
S'il n'y avait que ce pouvoir qui perdait de son intérêt au fil du temps, passe encore. Mais j'ai trouvé que le level design aussi devenait pénible. Il n'autorise pas de situations aussi survoltées que celles d'un vrai jeu de plateforme pur et dur, il a un rythme de déplacement un peu lent typique du rpg qui en fait un hybride peu engageant. On a de bons moments, plein de passages agréables, mais pas de gros moment de folie en terme de jeu. Pire, bien des passages se montrent longuets et pénibles. On a des labyrinthes agaçants, des aller-retour fastidieux et des niveaux parfois bien laborieux. C'était pour moi complètement inattendu, mais j'ai vraiment pesté sur des sections lourdingues.
On a d'ailleurs un niveau qui fait le choix d'être volontairement ennuyeux, le but étant de confronter Mario a une simulation du monde du travail : on doit rembourser une dette colossale en engrangeant des profits dérisoires avec une activité rébarbative, le temps de trouver un moyen de gagner bien plus en crackant le système. C'est un niveau qui en dit beaucoup sur le jeu. Déjà il montre que les développeurs n'ont pas manqué d'imagination pour varier les situations, les niveaux n'étant pas toujours une simple succession de plateformes ou d'action classique. C'est un très bon point à mettre au crédit du jeu. Mais c'est volontairement loin d'être amusant à jouer. Par contre c'est drôle à suivre.
Et c'est sans doute le vrai point positif du jeu, c'est que je m'y suis bien marré. Les niveaux avec l'otaku sont vraiment bons, les plus aigris d'entre nous en prennent pour leur grade ("Maintenant je vais me disputer sur les forums à propos de jeux auxquels je n'ai pas joué"). On a vraiment du lourd à ce niveau là, c'est un régal. C'est juste dommage que le reste soit aussi peu amusant à jouer, j'ai eu de longues séquences où je me rendais compte que je ne prenais pas beaucoup de plaisir. Paper Mario 2 était pourtant parfait à ce niveau là, je tombe de haut. Un gâchis de talents et de bonnes idées à mon goût, vraiment dommage.