Super Mario 2.5D Land

Super Paper Mario était le seul opus de la série qu'il me restait à faire (outre le cross-over Mario & Luigi: Paper Jam Bros.), et que j'avais étonnamment raté à sa sortie. C'est désormais chose faite, et même si je suis content d'y avoir joué, je ne peux pas cacher ma déception.

Notre Mario en papier préféré se retrouve cette fois-ci dans un monde parallèle qui d'ailleurs ne porte pas de nom (?), dans le but comme d'habitude de sauver le monde et ses habitants d'un grand vilain pas beau qui veut tout détruire. Contrairement aux opus N64 et GC qui constituaient des aventures pures RPG au contenu gargantuesque et aux univers en monde ouvert, cet opus Wii se transforme en un action-RPG avec une succession de chapitres accessibles via un hub central. L'aventure est donc bien plus linéaire, dans le sens où il n'y a presque aucun intérêt à revenir dans les niveaux déjà visités (autrement que pour amasser des collectables), et on se contente d'enchaîner les 8 chapitres sans discontinuer. Honnêtement, l'histoire n'est pas très intéressante, et il y a un sentiment régulier de dissonance entre l'univers habituel de Mario et l'univers du jeu, dû à la différence de design, et aussi peut-être à l'intrigue particulièrement mal introduite.

Niveau gameplay, beaucoup de joueurs amateurs des deux premiers jeux ont certainement dus être déçus face au nouveau système. Il s'agit en effet ici d'action en temps réel, classique comme dans tout bon Mario (on avance, on saute sur les ennemis, etc...), mais toujours avec le même système de points de vie, d'expérience et d'objets. On retrouve le même système de compagnons avec la présence de "pixel", de petits êtres offrant différents pouvoir à Mario, comme attraper des trucs, poser des bombes ou encore se mettre de profil pour disparaître. Sur le papier (paper joke), ça marche plutôt bien, même si l'expérience de jeu est bien entendu complètement différente des précédents jeux. En pratique, je trouve qu'il y a souvent des hitbox pas claires du tout, notamment contre les boss. Par contre, le jeu vous proposera d'incarner d'autres personnages, à savoir (attention spoil) Peach, Bowser et Luigi, qui ont tous leurs propres capacités et renouvellent l'exploration.

Côté exploration justement, si les niveaux sont linéaires (chaque chapitre est divisé en quatre niveaux), Mario obtient dès le départ un pouvoir bien utile qui va apporter beaucoup de fraicheur au jeu : la possibilité de changer de point de vue pour voir le décor en profondeur. De base, vous vous déplacez de gauche à droite dans un niveau en 2D, mais vous pouvez à tout moment effectuer une rotation de 90° et vous déplacer en 3D sur la profondeur définie du niveau. Cela permet de découvrir des chemins cachés, des interrupteurs ou des tuyaux derrière un décor, ou encore de contourner des ennemis trop grands en 2D. Franchement, dans les premiers chapitres, il y a au moins une bonne idée par tableau, et le level design est excellent, au point de nous faire oublier le système de combat pas très ragoutant.

Puis arrive le chapitre 5, où les idées commencent à s’essouffler et où on commence à se perdre un peu dans les niveaux. Puis arrive le chapitre 6, où le jeu exploite une blague au départ drôle jusqu'à l’écœurement, en jouant dangereusement avec le quatrième mur et les nerfs du joueur. Puis arrive le chapitre 7, d'une répétitivité abyssale où même le passage en 3D ne sert quasiment plus à rien. Et enfin le chapitre 8, le dernier, qui est juste beaucoup trop long et moins intéressant à parcourir que le premier chapitre. Bref, les derniers chapitres m'ont rendu fous :p, et sans être catastrophique, on se demande ce qu'il a bien pu se passer en cours de route pour rendre la fin de l'aventure aussi peu intéressante. Une fois le jeu fini, il y a bien quelques secrets à découvrir en plus d'une multitude de collectables à récupérer (256 cartes à collectionner, des recettes de cuisine, des cartes au trésor), mais le tout est assez laborieux et pas très passionnant.

Pour finir sur l'aspect graphique, je trouve qu'il y a du bon comme du moins bon. Certains environnements sont superbes, et d'autres le sont beaucoup moins. Si le design des PNJ passe encore, il y a plusieurs ennemis qui sont plutôt très moches et qui donnent l'impression de ne rien avoir à foutre là.

Bref, Super Paper Mario a eu la lourde responsabilité de passer après deux des RPG les plus adulés de leurs générations, et a radicalement modifier la formule pour un résultat plus que discutable, mais avec un bon fond. Heureusement les opus suivants ont su équilibrer tout ça en trouvant chacun leur spécificité, et surtout en ayant une vraie cohérence entre leur univers, leur système de jeu et leur level design. Peut-être que si Super Paper Mario n'avait pas essuyé les plâtres, on aurait jamais eu un Sticker Star, un Color Splash ou un The Origami King aussi aboutis.