Je lis un peu partout sur ce site (et ailleurs) que Tales of symphonia est un « bon jeu » ou encore un "très bon jeu".
Eh bien sachez que je ne partage pas du tout cet avis.


Parce que Tales of symphonia est un grand jeu. C’est un fait.


Un fait que je vais tenter d'expliquer au travers de ces quelques lignes.


J’écris cette review alors que je viens tout juste de le finir pour la 7ème fois (*), 13 ans après sa sortie et ma toute première fois. Je m’en souviens comme si c’était hier, je me remettais à peine de la violente claque The Wind Waker. À l'époque, on nous a vendu ce Tales of comme « le plus beau RPG du monde », après ça, dire que j’attendais beaucoup de ce jeu est un euphémisme.


J’ai vite déchanté quand j’ai vu le début ultra classique dans un village paumé, les animations rigides (hors combat je précise) et le visage peu expressif des personnages. Quelle déception! Mais j’ai tenu bon parce que le meilleur était à venir et il était au rendez-vous, le bougre !


Que ce soit bien clair une bonne fois pour toutes, l’équation qui dit: « graphisme en cel shading + personnages en SD = jeu niais manichéen » est totalement fausse. Il faut arrêter de juger un livre à sa couverture (ou un jeu à ses screenshots, c’est à vous de voir).


Les magnifiques graphismes en cel shading nous plongent dans un monde en déclin où humain, elfe, demi-elfe et nain se méprisent entre eux. Les désians, une organisation de demi-elfe technologiquement plus avancée exploitent les humains dans des fermes un peu comme des nazis. Leurs activités ont, bien entendu de graves répercussions sur l'environnement. Et c’est là que l’Elu de la légende entre en scène. Son rôle est d’éliminer les désians en régénérant le monde comme on recharge une batterie car oui, le monde se vide peu à peu de son énergie appelée ici : Mana.


Vous l’aurez compris, le thème principal du jeu est le racisme et l’intolérance. En plus d’être un thème qui me tient à cœur, il est très bien traité et intégré à l’univers.
Toi lecteur, qui n’a jamais joué au jeu, tu te demandes sûrement pourquoi le jeu est si plébiscité ? Qu’est-ce qui motive les joueurs à le finir et le refinir encore et encore ?


Eh bien je vais te répondre, ce n’est pas seulement à cause de la narration, de l’univers ou du scénario qui sont tout de même excellents. Non c’est le gameplay. Et en ce sens TOS est ce que j’appelle « du jeu vidéo total ». C’est-à-dire un système de jeu parfaitement cohérent avec le casting de personnage et l’univers, un gameplay à la fois jouissif, technique, tactique qui ne cesse de se renouveler et de se révéler au fil des parties. J’ai aimé ce gameplay en 2004 et je l’aime encore plus en 2016. C’est la preuve d’un système en béton armé accessible et qui s’adapte à différents profils (bourrin, tacticien ou technicien).


Bien entendu, les Tales of qui suivent sont plus aboutis et introduisent des mécaniques - le free run par exemple- qui auraient davantage amélioré l’expérience de jeu de ce Symphonia.
Cependant, j’ai pris un énorme plaisir à travailler les formations de combat, à concevoir des combos et à analyser puis exploiter les faiblesses de mes adversaires. Chaque technique, chaque capacités/sort de chaque personnage servent à un moment ou à un autre. Et je ne peux que tirer mon chapeau à l’équipe d’Eiji Kikuchi pour ce tour de force.


J’insiste là-dessus parce que beaucoup de RPGs du genre proposent des personnages aux compétences obsolètes le plus souvent à cause d'un taux d’échec beaucoup trop élevé.
Autre point positif, on n’a jamais l’impression au niveau maximum que notre équipe est composée de clones qui tapent tous à 9999 que ce soit un épéiste ou mage. Non, chaque profil est respecté et c’est ce que j’aime. Notre travail est de faire avec les forces et surtout les faiblesses des uns et des autres.
Il est tout de même possible d’atténuer les faiblesses des persos grâce au système d’Ex skill. Marre de voir votre mage se faire interrompre quand il tente de lancer un sort ? Il y a moyen d'arranger ça. Vous voulez lancer un sort en plein air ? C’est possible ! Encore une fois, le tout est riche et bien équilibré.


Jusque-là, le jeu à tout pour plaire mais il ne s’arrête pas là. Que dire de l’ost signée Motoi Sakuraba avec des musiques allant du reposant (drytrail, desert flower) à l’épique (Fatalize, fighting the spirit) sans oublier le tragique (Standing The Pain) et bien sûr celles qui débordent de classe (beat the angel, The End of a Thought). Oui l’ambiance sonore est au niveau, elle est presque parfaite. Presque puisqu’un thème en particulier tourne rapidement en boucle et peu facilement casser les oreilles, surtout si on a un casque mais je chipote.


Le casting n’est pas en reste, il est presque parfait. « Presque » parce que Colette est stupide au point où ça en devient inquiétant. Seul personnage à jeter, et encore, elle est très intéressante en combat. Il est possible de réduire ses apparitions grâce au système d’affinité mais j’y reviendrais plus tard.


Lloyd est un campagnard ignorant mais son ignorance a un rôle important dans la narration, puisqu'il découvre l'univers comme le joueur. Une alternative plutôt crédible au héros amnésique qu’on nous sert habituellement donc.


Le reste est excellent que ce soit Zelos le dragueur, Presea la sadique refoulée, Regal le tourmenté, Kratos le badass, Raine la folle ou la séduisante Sheena, ils sont tous charismatiques et possèdent tous leur instant de gloire. Regal et son "You shall not pass", clin d'œil à la célèbre saga du Seigneur des Anneaux est l'un des premiers exemples qui me vient à l'esprit.


Que ce soit les protagonistes ou les antagonistes on a donc droit -à deux exceptions près- à des personnages travaillés et nuancés. Quant au vilain, il est sûrement un des meilleurs que j’ai vus tous jeux confondus, ses motivations sont cohérentes et on ne peut que le comprendre. D’ailleurs je lui donne raison dans la dernière conversation du jeu.


Le système d’affinité parlons-en, il fonctionne par rapport à vos réponses lors des dialogues et aussi de vos choix à des moments clés du jeu. Il n’est pas du tout obsolète puisqu’il a une influence directe sur le gameplay (la mort au combat d’un perso ayant une forte affinité avec Lloyd peut le galvaniser par exemple). Mais surtout, le système d’affinité peut avoir des conséquences dramatiques au niveau de l’intrigue. Sans trop en dire un personnage en particulier peut mourir en fonction de vos choix, tout en laissant la place à un autre personnage.


Pour toutes ces années passées à y jouer, pour la classe de Kratos, pour le Cameo battle, pour Exire, pour Celsius, pour Derris Kharlan et sa musique, pour Welgaïa, pour Nebilim, pour la mystic arte de Regal, pour les nombreux twists scénaristiques, pour les innombrables quêtes annexes.


Pour toutes ces raisons, Tales of Symphonia est - à mon sens- un des meilleurs RPG de tous les temps et mérite amplement son titre de grand jeu.


La note maximale pour un plaisir maximum.


(*) Fait cette fois sur la version Ps3 (portage de la version Ps2 plus riche en contenu que la version GC mais techniquement moins fluide).

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le 16 mai 2016

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