The Banale Saga

The Banner Saga est semblable à un diamant brut. Fascinant mais imparfait. Optant pour une narration lente se concentrant sur deux points de vue, le titre séduit par sa maturité et ses thèmes abordés. Le manichéisme est absent et les décisions ne sont jamais facile à prendre car il y a toujours des victimes de nos choix. Même si ces conséquences restent limitées à un aspect statistiques, elles influent directement sur le jeu et notre approche stratégique. La direction artistique est superbe, le jeu possède une véritable identité graphique qui le démarque de ses concurents.

Car même si Banner Saga bénéficie d'une belle écriture, le cœur du jeu reste les combats tactiques. Là aussi, les premières heures sont grisantes, contrôler humains et géants est un vrai plaisir. On découvre les subtilités du gameplay, on affine nos placements, on analyse les compétences de nos personnages etc... C'est nouveau, c'est frais, une vraie originalité souffle sur ce représentant du genre mal aimé de rpg tactique.

Et après quelques heures, une fois tous les aspects du jeu dévoilés, on sent poindre les premières vapeurs d'ennui. La faute à un gameplay qui annonce trop vite ses limites et un système narratif qui ne se renouvelle jamais. La qualité de l'histoire et le dynamisme des dialogues ne parviennent pas à cacher la linéarité pesante de la narration et de son déroulement sans réelles surprises ni climat. La trame est austère, épurée, elle fait l'impasse sur une quelconque mise en scène, s'enfonçant mollement sur une route balisée et sans reliefs.

Même regret pour les combats qui dévoilent trop vite leurs limites. Les maps sont cloisonnées, sans reliefs pour jouer avec les hauteurs, sans éléments pour se cacher, sans objets avec lesquels interagir. Les affrontements se résument rapidement à affaiblir sans tuer nos adversaires pour finalement les achever une fois ceux-ci tous mourants. Les bonnes idées du jeu (puissance d'attaque et barre de vie liés, succession des phases d'action enchaînant pj/IA/pj/IA, gestion de la nourriture, de la fatigue, des blessures etc...) pèsent de moins en moins lourd à mesure que les heures de jeu s’égrènent.

Un sentiment de lassitude s'installe, de répétitivité, qui conduit invariablement à l'ennui. Les combats se suivent et se ressemblent tous et ce n'est pas les quelques artefacts qui modifient très légèrement les statistiques des combattants qui redonnent un coup de boost. Même constat en ce qui concerne les améliorations des caractéristiques de nos guerriers, chaque classe possédant d'origine des compétences spécifiques, on se voit vite contraint de persévérer dans la même voie pour optimiser nos bellicistes. Une montée de niveau faussement libre car la victoire passe par la spécialisation et le renforcement des talents naturels.

Au final, The banner saga est un jeu séduisant dans ses premières heures mais peine à tenir la distance. Comme les voyageurs suivant la caravane, on a hâte d'arriver à bon port, l'ennui et le désœuvrement étant pour le joueur plus mortel que l'hiver ou les redoutables Dredges.