J'aime les tactical RPG. Je ne me suis jamais remis de Valkyrie Profile, qui a incrusté dans mon coeur, pour toujours, un préjugé positif sur les jeux vidéos inspirés de la mythologie nordique. Je n'ai rien contre les RPG couloirs s'ils sont portés par une histoire vraiment tragique, qui oblige à faire de gros sacrifices, à traiter dans l'urgence des dilemmes moraux. J'aime l'ambiguïté. J'aime les RPG avec de beaux portraits de dialogue. J'aime les BO symphoniques sans être pompières.
Toutes ces raisons me poussent à aimer profondément The banner saga, que je regardais d'un oeil interrogateur après avoir lu dessus des avis contradictoires.
Au niveau gameplay, la mécanique est plutôt simple (des points d'armure, des points de vie/force, des points de volonté = de mana pour utiliser des capacités particulières), mais le jeu n'en est pas moins plutôt profond dès lors que l'on cherche à prévoir ses coups à l'avance. Car les personnages jouent dans un ordre que le joueur prédéfinira avant la bataille, et l'ordonnancement est crucial pour mettre au point des stratégies élaborées combinant les talents de chacun, ses vulnérabilités. Il n'y a que l'habilité foudre d'Eyvin le magien dont je n'ai pas bien compris le fonctionnement au terme de cette première run. Le placement sera également déterminant pour manipuler une I.A. honnête et l'amener où on veut. Pas beaucoup de gestion d'équipement, ça me va, j'ai toujours détesté ce genre de choses.
Monter tous les personnages uniformément n'est pas forcément la bonne solution : un personnage comme Oddleif plafonne assez vite, d'autres ne prennent toute leur utilité qu'une fois montés correctement, d'autres encore sont condamnés par le scénario, ce qui fait que l'on recommencera le jeu pour prendre d'autres embranchements déterminants. Vous devrez parfois sacrifier les précieux points de renommée (l'XP, quoi) qui vous permettraient de monter vos personnages pour assurer la survie de votre caravane.
Car l'histoire tourne autour de deux, puis d'un seul groupe de combattants humains et varls (des géants à corne) qui fuient la menace de créatures inquiétantes engoncées dans leurs armures, les dredges, qui eux-mêmes semblent fuir une menace venue du Nord. Avec un sentiment d'urgence (il faut gérer la fatigue de la caravane, les conflits qui apparaissent en chemin, et surtout le problème de la nourriture), vous allez de ville en ville, confronté à des problèmes toujours plus pressants, et vous vous attachez peu à peu à vos personnages... Parfois à tort.
La fin du jeu appelle une suite, qui a été repoussée à courant 2016. Pas grave, je suis patient, et j'espère que ce sera à la mesure du premier opus.
Il y a quelque chose d'unique dans ce jeu. Certes, tout le monde n'aimera pas le côté dirigiste (vous ne choisissez pas votre itinéraire sur la carte), mais c'est comme dans Valkyrie Profile : la fin du monde approche, le temps semble compté, vous voudriez quoi, un énième open world ? Arrêtez de pleurnicher, prenez cette hache et aidez-moi à repousser ce énième assaut de dredges.
@Edit : En fait la narration dirigiste, mais avec des variations à chaque partie (certains événements ne vont pas arriver forcément au même endroit du parcours, d'autres oui) rappelle tout à fait la structure des sagas islandaises. Et c'était un pari audacieux que celui-ci. Non, vraiment, j'aime ce jeu et je rajoute un point à ma note.