Ça faisait longtemps qu'un jeu ne m'avait pas autant fait vibrer. Alors je vous devais bien une petite critique. The Binding of Isaac repose sur une alchimie délicate mais millimétrée entre une multitude de détails qui vont, au final, vous rendre complètement accros.


D'abord, il y a le scénario, qui doit tenir sur la tranche d'une feuille de PQ premier prix de chez Leader Price tellement il est simple : Isaac fuit son intégriste chrétienne de mère en se réfugiant toujours plus bas dans sa cave, où il va rencontrer une multitude de monstres tous plus mignons les uns que les autres. C'est pourtant de ce scénario que va naître un imaginaire complètement fantastique, mélangeant imaginaire enfantin, égouts dégueulasses, films d'épouvante et imagerie chrétienne avec une énorme dose d'humour qui fera sourire tout au long de la partie.


On pourra donc affronter, pêle-mêle, des mouches à merde et des araignées, des zombies, des démons, les fringants 4 cavaliers de l'apocalypse et les 7 péchés capitaux, ainsi que la mère d'Isaac elle-même, transfigurée en une espèce de monstre terrible et grotesque. Et ce au moyen d'armes et de bonus dont je ne suis pas sûr qu'ils soient autorisés par la convention de Genève : pêle-mêle toujours, serviettes hygiéniques et médicaments maternels, divers champignons, livres sacrés ou occultes et stigmates du Christ... Tout est bon pour augmenter la puissance ou pour gagner de la vie, de la pâtée pour chien au lait avarié.


Mais l'alchimie tient aussi beaucoup au gameplay. Celui-ci n'a rien d'unique à première vue, on pense beaucoup à un Zelda des années 90 : éviter les attaques des monstres et les tuer, et gagner des bonus au fur et à mesure de la partie pour pouvoir se battre contre des monstres plus forts, etc. Seulement les parties vont être extrêmement difficiles et donc très courtes, il faudra réessayer sans cesse pour arriver à la fin. Ce qui différencie cependant le jeu d'un try and die classique, c'est que chaque étage du donjon, chaque pièce, chaque bonus sont générés de manière aléatoire. L'enjeu ne sera dès lors plus le but mais le chemin : comment obtenir la combinaison la plus efficace possible ?


Là aussi le dosage est millimétré : on pourrait facilement être vite frustrés de ces morts faciles et injustes, parfois fortement imputables à la malchance. Il arrive des moments où on ferme le jeu, un peu énervés d'avoir perdu alors qu'il nous aurait fallu juste CET ITEM BORDEL. Et pourtant, 2 heures après, on y retourne, parce qu'on est curieux de voir ce que nous réservera le jeu à la partie suivante, parce qu'on veut débloquer cet achievement, parce que la dernière fois on avait pas eu de chance mais cette fois c'est la bonne. Parce qu'on est accro.


Car tout le génie du gameplay, c'est d'être d'une grande simplicité à la prise en main mais de s'enrichir de façon aléatoire au fur et à mesure de la progression, donnant ainsi une infinité fascinante de possibilités. Sans compter le scénario évolutif, qui après chaque fin débloquée, saura rajouter un peu de piment dans les premiers niveaux à travers de nouveaux personnages, de nouveaux objets et de nouveaux boss.


Enfin, le tout est porté par une BO relativement réussie, le thème principal notamment Sacrificial, qui mélange 8-bit, musique d'horreur et guitares saturées donne des frissons quand il s'envole, même si, forcément, à force de faire les niveaux en long, en large et en travers, on finit par s'en lasser et on sélectionne "music : off" pour écouter autre chose à la place. Ben ouais, ça reste un jeu flash quand-même.


À jouer absolument, d'autant que je l'ai eu pour moins d'1€ avec l'extension, pour une fois encore me tromper de hype (Rebirth ? Hein ? Qu'est-ce donc ?).

Nordkapp
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le 11 nov. 2014

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Nordkapp

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