Ayant beaucoup apprécié Until Dawn, c'est assez naturellement et sans trop lire de tests que je me suis procuré la nouvelle production du studio Supermassive Games, Man Of Medan, et ce même si le principe de jeu court (et moins cher) ne m'emballait pas franchement. Au final c'est bien la déception qui prédomine.
MoM est une régression dans tous les domaines, en commençant par l'écriture. S'il n'est évidemment pas possible de développer un scénario aussi poussé sur 5 heures que sur 15, ce vieux vaisseau militaire échoué a bien moins d'attrait que les différents lieux d'UD. Et là où les personnages de ce dernier étaient sympathiques à jouer en dépit de leur côté caricatural (qui pouvait même finir par devenir un facteur de fun et d'attachement), aucune tête ne dépasse du casting de MoM dont les différents protagonistes ne rivalisent que de platitude. Dans ce contexte, l'absence d'acteur connu ou en passe de l'être pour pousser un peu la production vers le haut (comme Rami Malek ou Hayden Pannetiere dans UD) se fait cruellement ressentir. Gageons que ce sera un peu moins le cas dans le prochain volet, Little Hope, où Will Poulter (Bandersnatch, Midsommar) sera au casting. Pour enfoncer le clou à ce niveau, le personnage d'entre-tableau, le Conservateur, est bien moins charismatique (et utile) que ne l'était le psychiatre. A noter aussi l'abus de jump scares particulièrement grossiers, dont le nombre et le manque de finesse feraient pâlir James Wan et sa clique eux-mêmes.
Le technique est également problématique. Je n'ai pas noté d'amélioration dans la modélisation des personnages par rapport à UD qui a quand même 5 ans, et certaines animations faciales m'ont semblé particulièrement peu naturelles. Un certain Detroit Become Human est passé par là depuis, et MoM souffre énormément (comprendre qu'il se fait oblitérer) de la comparaison visuelle avec ce dernier. Encore plus désagréable, des micro-freezes, voire même parfois d'une ou deux secondes surviennent à intervalles réguliers, PS4 Pro ou pas, et certains raccords de scènes ne sont pas très fluides. Lorsque l'on sort un jeu court, pas magnifique et qui est en plus mal optimisé techniquement, ne nous le cachons pas, ça fait bâclé et mauvais genre.
Deux choses viennent sauver MoM d'un naufrage (haha) complet. La première est l'ajout des modes multijoueurs. Si je n'ai pas pu essayer le mode histoire partagée via le PS+, on peut quand même passer un moment convivial avec le mode soirée télé qui permet de vivre l'histoire à un maximum de 5 joueurs en incarnant chacun un personnage et en se passant la manette. A condition bien sûr de trouver suffisamment de potes intéressés par l'horreur et le concept. La seconde est le ressort scénaristique principal qui est plutôt bien trouvé
(le fait qu'au final rien ne soit surnaturel sur ce bateau et uniquement causé par le gaz ingéré par les protagonistes) En le comprenant suffisamment tôt, on peut jouer beaucoup moins agressivement, et avoir toutes les chances de sauver le maximum de protagonistes
Malgré ça, MoM reste une proposition vidéoludique un peu faible qui serait plus à son prix autour des 15 euros. Si Supermassive Games souhaite imposer son anthologie, il va falloir relever le niveau qualitatif, car si pas mal de joueurs ont fait confiance un peu aveuglément suite à la réussite Until Dawn, ce sera probablement beaucoup moins le cas à l'avenir.