The Dwarves
6.3
The Dwarves

Jeu de KING Art Games et THQ Nordic (2016PC)

Avant de commencer, je tiens à dire que, à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai pas encore fini la série de livre Les Nains de Markus Heitz. Pourquoi le préciser ? Parce que ce jeu en est une adaptation, et ça sera un des gros points de cette critique.


Parce que justement, ce jeu n’est rien d’autre qu’une adaptation. Ou en fait, non, justement, il n’adapte pas, il se contente de suivre l’histoire.
En effet, il ne fait que repasser par les étapes clef du récit. Alors, pour ce que je peux en voir, n’ayant, comme dit, pas fini les livres, tout y est : les personnages, les lieux, les événements… Il ne manque que juste un détail, un tout petit détail, qui permettrait de dire que c’est une bonne adaptation : la possibilité d’être introduit à l’univers.
Puisque là, tels quels, tous ces personnages, lieux et événements apparaissent et disparaissent comme si on été déjà censé parfaitement les connaître. On se retrouve donc avec les personnages qui parlent de choses très sérieuses et qu’on suppose très menaçantes, sans savoir de quoi il s’agit. Ça donne envie de rentrer dans le jeu, de prendre un personnage et de le secouer en beuglant “mais de quoi tu me parles putain ?!”.
“Fallait lire les livres” pourrait-on me rétorquer. Oui. Mais non.
Bon, déjà, c’est en partie mon cas, et ça reste chiant de devoir faire une pause pour rechercher dans ses souvenirs et resituer le contexte. Mais surtout, une oeuvre, fut-elle une adaptation, se doit de tenir debout toute seule.
D’autant que ce jeu aurait pu être un bon moyen d’intéresser de nouveaux lecteurs aux livres, alors que là, il n’est qu’un jeu de niche pour les lecteurs des livres qui seraient joueurs et personne d’autre.
Voilà pour la partie adaptation.


Mais l’histoire du jeu a un autre problème.
C’est qu’elle est tout le jeu.
Toutes les missions, les possibilités de jeu, les événements, tout est directement lié à l’histoire. Ce qui fait que c’est l’histoire qui est censée porter le jeu.
J’ai déjà parlé de la non-introduction à l’univers, qui rend compliqué la compréhension du récit. Mais en plus de cela, il manque des éléments, notamment en ce qui concerne les compagnons.
Comme dans beaucoup d’autres RPG, le jeu nous fournit des compagnons qui combattront avec nous. Or, là, c’est compagnons n’existent que comme étant des personnages du récit. Ils entrent, ils sortent, ils parlent exclusivement en fonction de l’histoire. Il n’y a pas possibilité d'interagir avec eux, de s’intéresser à eux… Ce qui fait que, si on ne les connaît pas déjà des livres, on ne sait pas grand chose sur eux. Du coup, quand il disparaissent ou réapparaissent pour X raison, ben on s’en fout. On n’est pas attaché à eux, à part un ou deux. Ce qui devrait être des éléments à impact n’en deviennent que des anecdotes du jeu.
Pire, la fin ne nous présentent pas leur destin. Dans un jeu tel que Dragon Age par exemple, à la fin on a la possibilité d’avoir une dernière conversation avec chacun des larbins, puis on a un petit texte de conclusion nous disant ce qu’il est advenu d’eux après le jeu. Là, on a juste un plan avec quelques personnages importants de l’univers, mais pas nécessairement du récit, qui disent “ouais, on a gagné” et puis, c’est tout. On a des compagnons dont on a aucune foutue idée de s’ils sont encore en vie ou non. Il faut juste faire avec.
Plutôt frustrant.


Parlons maintenant ce ce qui est du système de jeu.
Parce qu’à l’image de l’histoire, lui aussi est brouillon et manque d’éléments.
Notamment en ce qui concerne les “hitbox”. Il y a un grand nombre d’éléments sur lesquels il faut être extrêmement précis pour interagir avec, d’autres au contraire où on peut cliquer à trois kilomètres et ça passera. On n’est pas toujours sûr de ce avec quoi on peut interagir ou non. Quand on lance une attaque, on est jamais trop sûr de ce qu’on va toucher ou non. Enfin bref, tout ce qui est lié à un clic c’est un peu au pif. Bon, rapidement on s’y habitue, ce n’est pas excessivement gênant… mais il faut s’y habituer quoi.


En plus de tout cela, le jeu est parsemé de nombreux petits bugs. Rien de rédhibitoire, mais c’est là.
Notamment que, très souvent, les cinématiques et les musiques semblent se couper quelque peu brutalement.
Cinématiques qui d’ailleurs sont curieusement utilisés. Des fois, au milieu d’une conversation normale, se faisant via du texte donc, on a une cinématique de littéralement deux secondes qui se déclenchent on ne sait trop pourquoi.


Concernant les musiques, elles sont vraiment sympathiques, mais elles ont un léger défaut : j’ai un peu l’impression de les avoir déjà entendu ailleurs, comme dans Lotro, voir même Star Wars. Attention, je ne parle pas du tout de plagiat, je pense que c’est plutôt de l’inspiration mal dosée, voir même du hasard complet. Enfin elles restent bien et dans l’ambiance.
Et un dernier détail, mais tant qu’à faire : le jeu n’a pas de doublage français. Oui, c’est du pinaillage. Mais j’aime avoir les voix françaises moi. D’autant que le doublage original est très inégale, il y a du très bon et du très mauvais. Enfin bon, après, le texte et les sous-titres sont en français, donc ça va.


Bien, alors, après tout ça, on pourrait se dire que le jeu a l’air vraiment horrible.
En réalité, non, c’est plus qu’il s’agit d’une accumulation de nombreux petits défauts. Mais il est parfaitement jouable ; on a envie d’avancer pour voir la suite ; sans être beau, ce n’est pas hideux ; la durée de vie est bien dosée…
Et puis le jeu offre de vrais choix de RPG, n’ayant certes pas réellement un grand impact sur l’histoire, mais proposant quand même des dilemmes pour le joueur. Souvent dans les rares quêtes annexes d’ailleurs (logique, compte tenu qu’il ne faut pas trop dévier des livres). De même, le fait de devoir rechercher les éléments interactifs, et donc de pouvoir potentiellement les louper, est quelque chose d'intéressant.
Il faut aussi se rappeler que c’est un jeu indépendant, financé via Kickstarter, qui a le mérite de tenter d’adapter en jeu un livre, qui plus est une licence pas si connu. Il est certain que malgré tout ses défauts, ce jeu a quelque chose à offrir.
Et quand bien même il est plutôt destiné aux lecteurs des livres, peut-être pourra-t-il tenter un ou deux joueurs à se plonger dans l’univers des Nains.

Lotharie
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le 1 déc. 2019

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