Bon, si vous êtes là, ce n'est certainement pas pour relire encore et encore les mêmes compliments à propos de ce jeu. Je l'ai adoré comme bien d'autres et ses qualités sont d'ores et déjà décrites par maintes critiques. Inutile d'en refaire l'inventaire.


Bien qu'excellent, ce jeu souffre pourtant d'une réputation mensongère. Car si l'on pense de prime abord que l'on peut tout faire dans Skyrim, la réalité du jeu est très différente. En fait, les mécanismes mêmes qui permettent de jouer interdisent d'être :


-Pacifiste : on ne peut pas avancer sans tuer. La raison majeure à cela est que littéralement tout vous incite au meurtre : de l'orientation agressive des arbres de compétences au nombre hallucinant d'armes, de sorts de destructions, de poisons et autres accessoires mortels, en passant par la population de bandits et de mages noires, nettement supérieure à celle des villes. Pour avoir essayé, il est impossible de voyager d'une ville à l'autre sans se faire agresser dix fois sur les routes. On pourrait rétorquer que le jeu se passe dans un Moyen-Age fantasmé, époque à laquelle il était tout aussi difficile de voyager sans encombre, et qu'il faudrait donc se cantonner aux villes si l'on ne veut pas de sang sur les mains. Mais voilà : même en leur sein, absolument toutes les quêtes finissent, d'une façon ou d'une autre, par un meurtre et tout problème à résoudre implique de trancher une gorge (ceux qui auront tenté d'arrêter Maven Roncenoir sauront de quoi je parle...). Si l'on ajoute à cela le manque de fond des personnages non-joueurs et la difficulté à s'attacher à des personnalités génériques, on en vient à tuer pour le plaisir, simplement parce qu'un garde nous aura énervé ou qu'un négoce se sera mal passé...


-Marchand : non seulement votre avatar est un assassin né, mais il est en plus l'un des pires commerçants de la région. En clair, chaque objet du jeu a une valeur marchande, visible dans votre inventaire. Néanmoins, cette valeur n'a d'importance que si vous achetez quelque chose, car vous l'aurez toujours au prix fort. Et lorsque vient votre tour de vendre à un marchand, vous aurez dans le meilleur des cas un prix 50% inférieur à celui affiché dans votre inventaire. Par exemple, un collier précieux vendu 600 pièces d'or ne vous en rapportera que 200 si vous le revendez, et encore à condition que vous ayez maximisé votre compétence de marchandage... du même coup, il devient nettement plus facile de voler, piller et détrousser les cadavres que de tenter de faire un commerce honnête et le massacre de tout un fort est souvent la seule opération réellement rentable. Bien sûr, cela limite quelque peu les choix de carrière possibles...


-Propriétaire terrien : en parcourant Bordeciel, la première question qui m'est venue au sujet de ses habitants était la suivante : comment diable faisaient-ils pour vivre lorsque tout est si cher? Si l'on exclu le prix de la nourriture, le coût de la maison la moins chère du jeu est de 5000 pièces d'or. Si cela ne vous parle pas, sachez que récolter tout un champ de choux et de pommes de terre (l'occupation de bon nombre de PNJ du jeu) vous rapportera entre 50 et 100 pièces d'or. Faites le calcul... et encore la maison ne vous est-elle vendue que vide. La meubler coûtera 1000 pièces d'or pour une cuisine, 600 pour une chambre, 1000 pour un laboratoire d'alchimie...pour un coût total avoisinant souvent les 10000 pièces d'or. Toutes ces considérations pécuniaires peuvent vous sembler sans intérêt, mais rappelez vous que le meurtre de masse est la seule façon d'obtenir de l'or en grand nombre. Et même si vous vouliez travailler des jours et des jours pour ne pas avoir à risquer votre peau dans un tombeau ou contre un dragon, la maison ne peut de toute façon vous être vendue que si vous devenez "Than". Les "Than" étant des personnes d'importance dans les châtelleries, il faudra que vous prouviez votre valeur. Ce qui en passera nécessairement par des quêtes. Quêtes qui ne s'accompliront que lorsque vous aurez abreuvé la terre de centaines de litres de sang...


-Artisan (forgeron, alchimiste, enchanteur...) : Certes, il existe un arbre de compétences pour certains artisanats, permettant de fabriquer bien des choses. Seulement, la progression est faite de telle manière qu'un arbre ne se développe que si l'on use des compétences qui s'y trouvent. Pour progresser à l'épée, il faut se battre à l'épée, pour progresser dans l'éloquence, il faut marchander. Et pour progresser en alchimie, il faut au choix faire des milliers de potions qui gaspilleront de tonnes de ressources qu'il faudra acheter ou aller chercher, ou payer des cours souvent hors de prix qui vous ruineront encore plus rapidement. Dans tous les cas, la revente de votre production sera à perte et seul un métier de mercenaire vous permettra de ne pas vous retrouver sans un sous en poche. Ça tombe bien, le jeu tourne littéralement autour de ce métier!


Bref, comme cette critique trop longue vous l'aura fait comprendre (d'ailleurs félicitation pour être parvenu au bout), Skyrim n'est pas vraiment un jeu fin. Les possibilités y sont nombreuses, l'univers riche, les combats épiques, mais n'allez pas chercher plus loin, le monde du jeu n'étant rien de plus qu'une immense arène. Il n'en est pas moins un "must" dans sa catégorie. Maintenant, à vous de vous questionner sur la catégorie de jeux que vous aimez...

Pulsar
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Jeux vidéo

Créée

le 13 juin 2017

Critique lue 301 fois

1 j'aime

Pulsar

Écrit par

Critique lue 301 fois

1

D'autres avis sur The Elder Scrolls V: Skyrim

The Elder Scrolls V: Skyrim
Resh
4

Ou le triomphe commercial de la quantité sur la qualité

Après un Morrowind qui ne m'avais pas marqué plus que ca, un Oblivion qui m'avait fortement décu, et un Fallout 3 qui relevait de la haute trahison, Bethesda et moi, c'est une longue histoire de...

Par

le 17 nov. 2011

169 j'aime

152

The Elder Scrolls V: Skyrim
Flagadoss
9

Killin' an' Skinnin' Dragons for a Livin'

Vendredi soir en province. Pas grand chose à faire. Mon colocataire vient de passer sa nuit sur le nouveau Elder Scroll vu qu'il l'a acheté à minuit la veille. Je regarde un peu. Ca a l'air...

le 15 nov. 2011

104 j'aime

41

The Elder Scrolls V: Skyrim
yavin
4

Vieux jeu

Skyrim, on ne va pas se mentir, je t'ai défendu avant ta sortie, j'ai voulu croire en toi, au renouveau de la traditionnelle écriture insipide de tes auteurs et j'ai même espéré passer de longues...

le 20 janv. 2012

83 j'aime

12

Du même critique

Jane Eyre
Pulsar
3

L'idéal est d'un ennui...

Notre époque est un paradoxe absolu : d'un côté on crache sur les romances pour adolescentes, aux intrigues fades et aux personnages idéalisés, et de l'autre on me décrit encore Jane Eyre comme un...

le 1 oct. 2016

11 j'aime

1

Le Village
Pulsar
9

Quelle est la couleur de...?

De part sa simple existence, ce film pose d'emblée une question d'importance sur le devenir du cinéma : peut-on encore proposer au public ce genre de films? A l'ère du tout numérique et des...

le 13 avr. 2017

7 j'aime