Vois-tu, lecteur, je suis un aventurier. Un vrai, un pur et dur. Je me passe de manettes et de claviers pour arpenter le Monde, visiter des vestiges de civilisations, me sortir de situations épineuses, rendre des services à des inconnus de passage. C'est ma vie de baroudeur, d'autostoppeur, c'est ma vraie vie.
Comme tout aventurier qui se respecte, j'ai besoin de quêtes quitte à m'en détourner des centaines de fois avant de parvenir à mon but ou à un autre qui en découle. En ce mois de janvier 2012, mon objectif était d'atteindre la Laponie en stop, où j'attendais du -25°C, où il fait actuellement -45°C, dans le but d'observer des aurores boréales. Ce phénomène ayant lieu exclusivement lors de nuits froides, la saison hivernale est la période qui convient le mieux.
Sur ma route, j'ai dû dormir dans des cabanes, me réfugier dans un igloo, marcher longtemps sur des routes désertes, bref, de la vie avec des vrais morceaux d'épique dedans. Comme dans toutes les aventures, j'ai eu droit à quelques révélations mystiques avec ce cartomancien finlandais qui m'expliquait que j'étais un lion infiltré dans le troupeau de moutons (véridique, d'ailleurs, je jure sur la tête de mon bonheur personnel que tout ce qui est écrit dans ce message est vrai), j'ai appris que des éléments célestes influençaient mon destin - avec cette éruption solaire qui devait accroître les chances de voir l'objet de mes désirs - et je suis arrivé en territoire hostile où le danger était bien plus élevé que ce que je craignais - avec la température extrêmement froide et le fait de ne pas savoir où dormir.
Finalement, j'ai trouvé refuge chez des gens chouettes qui ont d'excellents ordinateurs et Skyrim installé dessus. Alors, attendant que les lumières du ciel s'éveillent, j'ai commencé à jouer. Et je lui en ai voulu. Alors que je ne faisais pas attention, que je m'apprêtais à vaincre un dragon sur je ne sais plus quelle montagne minière, elles étaient là, les aurores boréales, celles pour lesquelles il m'a fallu trois semaines à traverser Paris-Jokkmokk. Le jeu me narguait, me brandissait un lot de consolation scandaleux comme pour me dire "Fais-toi une raison. En plus, nos aurores sont sûrement plus belles qu'en réalité."
Je resterai le temps qu'il faudra en Laponie pour en voir, Skyrim, mais si ça n'arrive pas, je te considèrerai comme ma Némésis.