Erreur d'aiguillage

The Final Station (2016) est un jeu indé développé par Do My Best Games, qui combine des phases d’action shooter et de gestion/survie, en side scrolling. Le tout prend place dans un train qui se ballade dans un univers en plein apocalypse zombie —on ne les appelle pas zombies, mais ils le sont dans les faits—. Un pitch qui rappelle vaguement l’anime Kabaneri of the Iron Fortress, mais la comparaison s’arrête là. On pourra citer également Snowpiercer et Evangelion comme possibles sources d’inspiration.

Je vais commencer par évoquer les aspects positifs du jeu. Tout d’abord la direction artistique. Le pixel art est très correct, avec quelques bonnes idées d’environnement. L’ambiance sonore minimaliste est très efficace.
Les phases hors du train sont assez plaisantes à jouer, avec une gestion très exigeante des munitions digne de tout survival qui se respecte. L’univers est suffisamment intriguant pour qu’on ait envie d’en savoir plus —j’en reparlerai après—.

Malheureusement, tout le reste souffre de gros défauts.
Le jeu se paie le “luxe” d’être à la fois très court —comptez 5 à 6h— et beaucoup trop linéaire et répétitif. On alterne phase en train et phase à pied, passé la surprise des premiers niveaux, on s’ennuie.
Pour la durée, c'est dommage car quelques bonnes idées n’ont pas le temps d’être exploitées, comme les améliorations d’armes parfaitement anecdotiques. Et c’est d’autant plus frustrant que la carte nous laisse miroiter une pléthore de stations qu’on ne visitera jamais, avec une multitude d’itinéraires possibles pour lesquels on n’aura aucun choix.
Les phases en train sont la grosse épine dans le pied du jeu. Pour commencer, elles ne sont pas intéressantes. Il s’agit surtout de donner à manger à ses passagers et de maintenir le train en état de marche à l’aide de mini jeux sans challenge. La seule difficulté étant de comprendre ce qu’il faut faire car on est largué dans la nature sans aucun tutoriel. Deux de mes passagers sont morts le temps que je percute qu’un mini jeu nécessitait uniquement d’appuyer rapidement sur le bouton A comme un idiot.
Mais surtout, leur design est un non sens. Ce sont des moments où on peut en apprendre beaucoup sur l’histoire via les dialogues entre les passagers et les descriptions des arrêts sur la carte. Mais on ne peut aucunement en profiter puisqu’on doit gérer en temps réel les besoins des passagers et les mini-jeux. C’est vraiment pénible de rater autant d’informations.
Du coup, l’histoire, déjà racontée de manière assez cryptique, devient vraiment difficile à suivre, alors qu’en réalité elle est plutôt simple. J’ai même raté un dialogue crucial et n’ai rien compris à la fin, et j’ai du aller me rattraper sur internet. D’autant plus qu’on nous montre pas les répliques de notre personnage, et qu’on nous demande de reconstituer des moitiés de dialogues pour une raison obscure. Une histoire cryptique ou difficile à suivre n’est pas nécessairement rédhibitoire, mais pour se permettre ce genre de narration il faut vraiment un gameplay au point —je pense par exemple à Dark Souls, Hollow Knight ou Hotline Miami—, ce qui est loin d’être le cas de The Final Station.

Bref, s’il suffisait d’allier du pixel-art à un pitch intéressant pour faire un bon jeu indé, ce serait trop simple. The Final Station est trop court, trop linéaire, trop répétitif, trop mal pensé sous certains aspects pour justifier sa quinzaine d'euros. Do My Best Games ont peut-être fait de leur mieux, pour moi ce n’était pas assez.

EDIT : Le DLC The Only Traitor

Le DLC résout quelques soucis que j'avais avec le jeu, en particulier les phases de train, remplacées par des phases de voitures dédiées aux dialogues avec le passager qu'on choisit d'emmener avec nous, et au craft de balles et medipacks.
D'autre part, notre personnage parle enfin ! Ça permet de donner un peu plus de "vie" et de suivre plus facilement l'histoire —qui, paradoxalement, devient encore plus cryptique—.
Le nouveau système des passagers n'est pas inintéressant, c'est juste dommage qu'on n'ait pas de choix moral à faire, n'ayant aucune nouvelle d'un passager après s'être séparé de lui —c'est comme s'il n'avait jamais existé— ni aucun objectif. Ils sont quasiment exclusivement assimilables à de l'équipement.
Le fait de n'avoir plus besoin de dépenser des medipacks dans les phases de train rend le jeu plus facile, ce qui est un peu contrebalancé par des nouveaux ennemis un peu plus retords.
Le jeu reste malgré tout très linéaire et répétitif, même si on notera que le level design est légèrement moins dirigiste que dans le jeu principal.
Autre point positif, ce DLC va substantiellement augmenter la courte durée de vie de The Final Station, tout en apportant une autre perspective sur l'histoire.

Ah, et comme pour le jeu principal, le DLC souffre de quelques problèmes —rares mais grossiers— de traduction.

Si j'ai noté le jeu principal à 4/10, ce DLC vaut bien un 6, ce qui permet au total à The Final Station d'atteindre tout juste la moyenne.