The Last Guardian est peut être le projet Ueda qui m'a le plus touché. Je l'ai vécu non pas comme un jeu d'énigmes, ni même comme une œuvre contemplative (même si les environnements et panoramas de la vallée dégagent une force et un mysticisme toujours aussi travaillé), mais plutôt comme une rencontre avec un personnage à part entière, Trico.


Dans ce jeu, le lien entre le garçon et l'animal est sans doute ce qui a été le plus étudié, et ça se ressent (spoilers mineurs à partir d'ici, et majeurs sur la fin de la critique, be careful). Les débuts incitent le joueur à la méfiance envers la bête, à prendre conscience de sa force,sa présence, voire de ses caprices. On se rend vite compte que Trico est capable d'être violent, de nous renverser.
Puis petit à petit, la communication entre le joueur et l'animal devient plus facile, au fur et à mesure de l'exploration des salles et des évènements.
En fait, il existe une réelle synergie entre le game design et la narration, les deux s'emboitant pour renforcer l'investissement du joueur et faire évoluer la relation avec Trico: ce dernier fini par être plus rapidement rassuré par les caresses, le panel de mouvements qu'il peut faire s'étoffe, tandis que son attachement au garçon est démontré au cours de scènes (cinématiques ou de gameplay) intenses ou attendrissantes.


En récupérant le bouclier plus tard dans le jeu, il devient alors possible de combattre avec Trico. Le jeu laisse la possibilité au joueur de quitter les plumes de son compagnon pour lui prêter main forte, lui rendre la pareille durant des combats toujours plus intenses. Le retour de ce bouclier marque en fait symboliquement le moment où le joueur s'est suffisamment investi dans cette relation pour être prêt à l'aider.


Puis finalement, à la fin, quand Trico est à terre, épuisé, le jeu ne dit rien: la cinématique parait être immuable, et pourtant la scène qui se déroule sous nos yeux nous incite à une seule chose: appuyer sur R1 pour appeler Trico et lui épargner une mort certaine. Le jeu nous laisse ainsi la spontanéité de l'action, et cette simple pression de la gâchette nous fait prendre conscience de notre investissement dans ce périple, mais aussi de la manière dont les développeurs ont su construire un lien entre joueur et animal imaginaire.


C'est quelque chose qui m'a pas mal marqué, et d'expérience que je n'ai jamais vu encore dans un jeu vidéo. On peut toujours pester contre les travers techniques inhérents au développeur (caméra pétée, technique qui toussote), mais l'expérience proposée est tellement unique, le personnage de Trico est tellement vraisemblable, et le jeu de manière globale tellement bien construit que je ne vois pas comment on ne peut pas tomber sous le charme de cette poésie de la rencontre entre Trico et nous.

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le 22 mars 2017

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