The Last Guardian aura figuré pendant 6 ans comme une des arlésiennes les plus désirées de l'écosystème Playstation. Dans un premier temps prévu pour la PS3 avant de migrer sur PS4 après des rumeurs d'annulation. Ce jeu en a bavé, personne ne sait trop pourquoi et lorsque l'on y joue on se dit que l'attente n'en valait pas forcémment la chandelle.
Attention, Last Guardian reste dans le palmarès des meilleurs jeux actuellement sur PS4. Mais en tant que troisième opus de la pseudo-saga Ico (ce Trico si je puis dire) déçoit lorsqu'on le place aux côtés de ses prédecesseurs.
Ce jeu est un pur mélange sur quasiment tous les fronts de Ico et Shadow of the Colossus. Perdus à deux dans une citadelle mystique et vertigineuse (Ico) aux côtés d'une créature gigantesque à escalader pour parvenir à ses fins (Shadow of the Colossus).
Ces deux gameplay ne sont par chance jamais tombés dans la catégorie du mainstream et sont selon moi des pierres angulaires de l'histoire du jeu vidéo. Ils sont rafraichissants, originaux et toujours aussi efficaces. Last Guardian ne prend pas de risque à ce niveau-là en empruntant ce que ses propres développeurs avaient fait de mieux auparavant.
Mais c'est là sans doute tout le problème puisqu'à force de puiser dans le 'déjà-vu' Last Guardian ne propose pas grand chose de plus au niveau de son gameplay et par la même, il se met des bâtons dans les roues. Car pendant les 3/4 du jeu vous naviguez avec un colossus dans des couloirs extrêmement étroits, filmé par une caméra plus consciencieuse d'aller chercher un angle artistique qu'un angle pratique. Visiblement, 6 ans de développement n'auront pas suffi à trouver des solutions pour le contrôle de la caméra. Et ce jeu avait désespéremment besoin d'une caméra parfaite.
Petit à petit The Last Guardian met toujours plus en exergue des micro-défauts qui s'amplifient. La maniabilité de l'enfant est douteuse, Trico met trois plombes à réagir comme on l'entend (un défaut tolérable puisque la créature est imprévisible par nature), la caméra est étrangement lente lorsqu'on essaye de regarder en haut (ce qui est un comble quand on sait que la moitié des objectifs sont en hauteur), certains objectifs redondants manquent de saveur (aller chercher de la bouffe pour Trico 3 ou 4 fois dans le jeu est d'un ennui total).
Il faut croire que ces 6 ans de développement auront servi sur d'autres aspects qui sauvent le jeu du nauffrage. La direction artistique est dantesque, à tel point que la PS4 ne tient pas la route par moments. Rarement je n'ai vu dans un jeu vidéo une créature plus charmante que Trico. Ses animations ne poppent jamais et rendent parfaitement croyables l'intégralité de ses émotions. Trico a un poids, une fourrure, une voix et une vie qui lui est propre et c'est très difficile de ne pas tomber sous le charme. On lui grimpe dessus toujours avec le même plaisir et c'est cette relation qui fait briller le jeu. Ce tandem est un chef-d'oeuvre de design, de maniabilité et de codage. Enfin le scénario, moins vague que Shadow of the Colossus, laisse la porte ouverte vers nos propres théories et interprétations et participe à transformer le jeu en expérience sensorielle.
Je recommande The Last Guardian vivement pour ceux qui recherchent des OVNI vidéoludiques. C'est une expérience vertigineuse, un peu gâchée par la faiblesse de la PS4 et une caméra aux fraises. Mais quand le jeu fonctionne, il impressionne réellement et ce serait dommage de manquer ça!