Le surprenant Survival de Naughty Dog (garantie sans spoil).

Critique 2.0 : mise à jour toute fraiche après la fin du jeu. Lisez à votre guise la critique intégrale ou passez directement au résumé à la fin. :)


Nous avons pour habitude que les développeurs de l'emblématique Jak and Daxter nous délivrent des bombes viédoludiques. Naugty Dog est en effet un des derniers développeurs à qui on peut encore faire confiance lorsque l'on veut un résultat propre et fini.


Le survival, donc... Domaine qui n'a pas connu de réelles pépites depuis quelques années déjà. Il était temps que ça change.


Je vous délivre ce qui selon moi fait le parfait survival en sept points essentiels et incontournables pour qui s'attaque à ce domaine casse-gueule:
- L'INTRODUCTION : elle est primordiale dans tout survival qui prétend vouloir immerger le joueur dans la "peur" (au sens large, entendre par là tous les sentiments qui s'associent à ce genre).
Dans ce jeu : Implacable, l'introduction de The Last of Us remplit efficacement plusieurs missions : immerger le joueur, installer le personnage principal et sa relation avec lui, annoncer la couleur. La recette? Une mise en scène qui claque.



  • La PSYCHOLOGIE DES PERSONNAGES : cet aspect est incontournable pour réaliser un survival crédible. Associée au contexte, elle se doit d'être parfaitement bien dosée et au plus juste car si la moindre erreur était commise, elle bousillerait littéralement tout ce que porte le contexte.
    Dans ce jeu : pari réussi. Joel doit beaucoup à l'introduction du jeu, qui présente ce que sera la toile de fond de la psychologie de son personnage. ND a donc choisi de rester sobre et d'assurer ce détail dès le départ. La relation Joel/Ellie est très bien gérée, très touchante et on s'attache vite à ces deux protagonistes qu'on a envie de voir survivre.
    Les personnages secondaires sont peu nombreux et intéressants mais la contrepartie, c'est qu'on n'est jamais aussi seul qu'on aurait du l'être dans un Survival. Cependant, vu la qualité de la mise en scène, ce n'est pas si grave à mon sens (je m'expliquerai sur ce point plus loin).


  • Le CONTEXTE : l'univers, l'environnement et surtout l'ambiance. Le contexte doit refléter la peur, suinter le danger et ne laisser que très peu de répit au joueur. Celui-ci doit se sentir mal à l'aise et rester sur ses gardes durant la quasi intégralité de son expérience de jeu. Les phases de "repos" doivent se mériter et constituer un véritable soulagement pour lui.
    Dans ce jeu : choix plutôt classique, mais à la mode et toujours efficace, un monde post-apocalyptique porte parfaitement l'ambiance du jeu. Des décors très réussis, une mise en scène efficace, une ambiance pesante, juste ce qu'il faut. La tension est quasi permanente et les maigres instants de repos se résument à des cut scenes...
    Le jeu alterne différentes phases, donc différentes menaces et présente donc bien mieux l'éventail de ce qu'est devenu le monde après la pandémie.


  • Le GAMEPLAY : essentiel en ce qu'il ne doit surtout pas entraver l'expérience du joueur et son évolution. Vous me direz que c'est essentiel dans tout jeu qui se respecte, mais ça l'est d'autant plus dans un jeu qui peut générer du stress. Les commandes doivent être relativement simples à mémoriser, quasiment intuitives.
    Dans ce jeu : mission accomplie. Peu de commandes, faciles à retenir et relativement intuitives. Les placements de caméra sont très corrects. Rien à dire.


  • La CRÉDIBILITÉ DE LA MENACE : si la menace n'est pas crédible, vous n'êtes pas dans un survival. Crédible ne veut pas nécessairement dire que ça pourrait arriver dans la réalité : il faut que le scénario soit développé de façon suffisamment détaillée, que la mise en scène soit soignée, qu'il n'y ait aucune incohérence, etc.
    Dans ce jeu : on se situe globalement dans le thème résiduel et classique des "zombies", adapté à un vilain champignon qui dénature l'humanité de ses hôtes humains. Le scénario se charge de délivrer subrepticement les informations dont le joueur a besoin, que ce soit via l'évolution de l'environnement, la mise en scène, la psychologie des personnages, les dialogues, etc.


  • La SURVIE : sans quoi le survival porterait bien mal son nom. Si le joueur a un nombre de munitions excessives, une trop grande résistance aux dégâts, un personnage joueur dont la psychologie ne reflète pas le contexte qui lui-même ne reflèterait pas le danger, qu'il suffit de tirer et d'avancer... On n'est pas dans un survival.
    Dans ce jeu : les munitions, la vie et la stratégie de progression sont mises en avant. La discrétion est souvent de mise pour ne pas se faire serrer, les munitions sont distribuées au compte goutte et Joel n'est pas superman. Pour crafter du matériel ou se soigner, il faut s'assurer que la zone est sécurisée car tout se fait en temps réel, sans l'intermédiaire d'un menu pause... Cela ajoute à l'immersion et incontestablement à l'aspect survie du jeu.
    Mais vous ne ressentirez réellement cet aspect qu'en mode de difficulté maximum (celui qu'il faut débloquer), adaptation aux différentes catégories de joueurs oblige.


  • La BANDE ORIGINALE : la musique est responsable en grande partie de l'ambiance du jeu. Une ambiance sonore inappropriée la bousillera, et le jeu avec puisqu'un survival dépend de son ambiance.
    Dans ce jeu : les musiques sont parfaites, bien placées et bien dosées. Même remarque pour les sons de l'environnement.



Les BONUX :
- les graphismes : sans hésiter le meilleur produit de la PS3 sur ce plan à ce jour, The Last of Us pète la rétine. Magnifiquement réalisé, tant dans les décors que dans la gestuelle des personnages, le moteur graphique est impressionnant et fait honneur à la console de Sony.
- les doublages : les doublages anglais sont parfaits, on y croit. Pour ce qui est du français, quelques problèmes de synchronisation gâchent un travail qui n'était pourtant pas mauvais. Dommage.
- l'IA des binômes : elle est bien gérée et n'occasionne pas ou très peu de gêne pour le joueur.
- le didacticiel : discret et partie prenante de l'évolution du scénario et de la progression du joueur. Des débuts en douceur sans ralentir la progression permettent une entrée en matière parfaite.
- la réflexion du jeu sur la nature humaine.


Les MALUX :
- l'IA ennemie : les défauts de l'IA ennemie amènent parfois à quelques gênes qui peuvent s'avérer fatales en mode Survivant. Un peu agaçant mais pas de quoi déclasser un jeu.
- une gestion trop généreuse de l'approvisionnement : dans les niveaux de difficulté les plus faibles, la gestion de l'approvisionnement (armes, matériel de crafting) peut paraitre un tantinet excessive et la présence de certaines armes, quoi qu'on puisse en saisir assez facilement l'utilité, est difficilement justifiable (lance-flamme, fusil d'assaut, pistolet à lunette, etc.).


EN BREF : sans doute le survival de l'année, si ce n'est de la décennie. Un jeu qui colle à son genre et qui peut s'en revendiquer fièrement. Les développeurs délivrent un travail impeccable qui tient sa promesse du début à la fin, ce qui est rare de nos jours. L'histoire est poignante, fluide, extrêmement bien racontée grâce aux choix des développeurs (gameplay, BO, personnages principaux et secondaires, environnements, dialogues, etc.).
Presque rien n'est prévisible, j'ose l'affirmer, et surtout pas la fin de ce périlleux périple...


Bien que la progression du joueur soit relativement dirigée, l'environnement n'en est pas moins très bien aménagé, les graphismes époustouflants pour une fin de vie de PS3 et le déroulement du scénario d'une fluidité à toute épreuve grâce aux scripts qui permettent une mise en scène beaucoup plus étoffée. L'absence de monde ouvert n'est que le compromis d'un jeu concocté aux petits oignons sur tous ses autres aspects. Son aspect Action, qui illustre bien la nature "hybride" des jeux actuels, n'altère en rien sa qualité de Survival.


Il faudra compter de 16 à 18h pour une première partie, en trainant à droite à gauche pour fouiller l'environnement.


Mais surtout, The Last of Us pose pour la première fois en profondeur et tout au long de son déroulement la question de la nature humaine face à un péril qui menace l'humanité. Je résumerai cette réflexion brillamment menée par le jeu au travers d'une citation d'un des personnages secondaires, Bill : "Eux [les infectés], au moins, ils sont prévisibles. Ce sont les gens normaux qui me font le plus flipper..."


J'attendais depuis de nombreuses années un Survival de cette trempe.
Ne passez pas à côté d'un titre de cette qualité, ce serait dommage !

Camiille
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les survival/horror qui en valent la peine., et J'ai fini...

Créée

le 13 juin 2013

Modifiée

le 24 juin 2013

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Camiille

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