Je fais rarement péter le 10 mais ce Left Behind est exactement ce à quoi j'ai envie de jouer et illustre parfaitement ce dont le medium est capable. En tout juste 2h30, la durée d'un film, il m'aura fait passer par toutes sortes d'émotions jusqu'à son final tragique qui m'a fait lâcher une petite larme, alors que je savais dès le début comment ça allait se terminer.


Les événements relatés ayant été évoqués dans le jeu de base, c'est un bel exercice de force narrative tranquille où on essaye même pas de vous surprendre. L'histoire se déroule simplement, imperturbable et implacable, mais n'en est pas moins marquante.


Left Behind est un petit épisode condensé de tout ce qui fonctionne dans The Last of Us, sans en avoir les défauts. On a toujours l'alternance de survie, action, puzzle et infiltration avec une belle maîtrise du rythme. Mais on est dans un format bien plus condensé qui évite les longueurs de l'original où les scènes d'actions s'étiraient souvent bien au delà du raisonnable.


Ainsi, au lieu d'enchaîner les phases de shoot et d'exploration entre les cutscene, on a droit à beaucoup plus de séquences intimistes qui participent à la construction des personnages en utilisant les mécaniques de jeu avec une belle inventivité.


La narration est encore souvent relayée par des cinématiques mais il y a aussi beaucoup de moments jouables où le ton léger offre de longues respirations et une ambiance moins anxiogènes et désespérée que dans le jeu de base où ces moments se comptaient sur les doigts d'une main en l'espace de 15h.


On est dans le pur cinéma interactif, où la participation du joueur contribue à créer un lien avec le personnage et renforcer l'empathie. L'implication émotionnelle qui en résulte rend le récit beaucoup plus efficace mais contrairement à ce à quoi je suis habitué, les mécaniques ludiques ne se mettent pas en travers de l'expérience.


Ici, pas d'interruptions pour faire évoluer le personnage ou upgrader le matos. Il reste un peu de loot et de craft durant certaines séquences mais le plus gros du jeu en est dépourvu. Le gameplay semble là uniquement pour soutenir le récit et ne devient jamais envahissant comme il peut l'être dans un stand-alone où l'histoire se dilue jusqu'à atteindre la barre psychologique du nombre d'heures que les joueurs attendent pour en avoir pour leur argent.


L'expérience est renforcée par une mise en scène maîtrisée, une écriture touchante et portée par l'interprétation absolument incroyable des deux actrices qui subliment les interactions de leurs personnages avec une justesse et une retenue auxquelles je ne m'attendais vraiment pas, même après avoir terminé The Last of Us.

Ezhaac
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 15 août 2020

Critique lue 194 fois

4 j'aime

2 commentaires

Ezhaac

Écrit par

Critique lue 194 fois

4
2

D'autres avis sur The Last of Us: Left Behind

The Last of Us: Left Behind
Koreana
5

Ellie (very) Short Stories

Après avoir réussi à toucher mon petit cœur de jeune con et parallèlement avoir conquis l’ensemble des professionnels de l’industrie. The Last of Us peut crever en paix sur le Piédestal que nous lui...

le 24 févr. 2014

16 j'aime

The Last of Us: Left Behind
Kelemvor
7

Never go back

Dans la continuité du jeu originel, The Last of Us : Left Behind se propose d'éclaircir deux événements vécus par Ellie avant et pendant The Last of Us. On la retrouve en effet trois semaines avant...

le 3 janv. 2016

11 j'aime

7

The Last of Us: Left Behind
Gloinn
8

Critique de The Last of Us: Left Behind par Gloinn

Rares sont les DLC à vraiment valoir le coup. Je pense rapidement à GTA IV, Borderlands, Assassin's Creed IV et tout dernièrement The Last of Us. On pouvait appréhender un peu la sortie de cet...

le 15 févr. 2014

10 j'aime

Du même critique

Martyrs
Ezhaac
9

Expérience traumatique

Peu de films ont su me retourner comme l'a fait Martyrs. Je vais éluder le débat stérile sur la légitimité du thème de la torture au cinéma et partir du postulat que la vocation première du film...

le 21 juin 2010

85 j'aime

4

Vidocq
Ezhaac
8

Paris gothique en numérique

Le film qu'il vaut mieux ne pas aimer quand on veut briller en société, tant il se traine une réputation usurpée de nanar. Alors c'est le moment de m'empoigner les couilles et de les poser sur ce...

le 16 janv. 2011

64 j'aime

16