"Le trop est l'ennemi du bien" est le premier constat qui me vient à l'esprit en finissant ce Part 2, et qu'à vouloir trop en faire, Neil Druckmann s'y perd.
Un beau 7/10 prouve que je n'ai pas détesté mais je reviendrai plus en détails sur l'histoire (et un peu sur ce qui déchaîne les passions autour du titre) mais je vais d'abord parler gameplay.
Un gameplay qui repose bien évidemment sur les bases du premier opus avec des rencontres souvent tendues et stressantes et une alternance constante entre le statut de proie et celui de prédateur. Toutes les petites nouveautés qui vont apparaître dans cet opus sont une nouvelle fois au service de l'expérience de survie et de violence que l'on veut faire ressentir au joueur avec par exemple des combats au corps à corps bien viscéraux et des ennemis qui visent juste et peuvent faire très mal une fois qu'ils vous ont repéré.
J'ai fini le jeu en "difficile", je ne sais pas ce que vaut le mode "survivant" pour l'heure mais le premier opus m'avait révélé toute sa saveur en terme de gameplay et de challenge qu'à l'arrivée du mode "réaliste" avec la suppression du talent "écoute" (qui permet de repérer au son les ennemis à travers les murs et qui rendent les rencontres ici encore trop faciles). J'espère que ce mode réaliste fera son retour !
Certaines séquences sont sublimes et celles qui m'ont le plus marquer sont les passages en forêt de nuit avec les Scars et leurs torches. En mode Predator !
Malgré des qualités indéniables ventées partout dans la presse, auxquelles je souscris pour la plupart et qu'ils seraient lassant de reprendre ici point par point , je ferais quand même des critiques de fond sur certaines mécaniques :
Déjà les ennemis repassent trop vite en mode "décérébrés" après qu'ils vous ait repéré une première fois, relâchant trop vite leur vigilance. Ensuite, il est encore bien trop facile d'en prendre plusieurs à la chaîne derrière le même mur (hum hum). Bref rien n'a changé pour moi depuis le premier Splinter Cell dans ce type de jeu !
Mais le plus gros défaut que je relève c'est que toutes ces séquences d'action (hormis les événements sciemment scriptés pour vous surprendre) sont systématiquement annoncées et pire encore, la fin du combat aussi (annonce du personnage et passage en mode détendu/ disparition de la musique). Le soucis de ce parti pris (présent aussi dans bien d'autres jeux) c'est qu'on est jamais vraiment surpris et que l'on ne garde pas constamment sa vigilance tout au long de sa progression. Là où il aurait été bien plus plaisant (et plus intelligent pour le joueur) de pouvoir être surpris par un ennemi qu'on aurait oublié par exemple ou dans un moment de la progression où l'on aurait avancer comme un âne sans faire attention...
J'aurais aussi souhaiter avoir des énigmes annexes bien plus corsées mais sinon le jeu est vraiment plaisant, largement plus ouvert que son illustre ancêtre et techniquement irréprochable.
Bon nous allons rentrer dans le vif du sujet et le premier sujet sensible sont les accusations de propagande LGBT. Il est vrai qu' Ellie est gay, que Dina est bi, qu' Abby ferait pâlir de jalousie un Schwarzy au sommet de sa forme et que Lev lorgne vers le transgenre... Personnellement aucun de ces aspects prit individuellement ne me choque, l'homosexualité d'Ellie était bien présenté dans l'excellent DLC du premier, j'en trouve de nouveau comme Abby "Schwarzy" plutôt plaisant.
C'est plutôt la surabondance et la concentration de tous ces éléments particuliers au sein d'une même histoire qui me pose problème alors que certaines choses aurait mérité plus d'attention comme je vais l'exprimer ensuite. Neil Druckmann a voulu tout fourrer dans son sac, était-ce bien pertinent ?
L'autre décision qui cristallise d'entrée de jeu la haine de certains fans est :
la mort de Joel
Sur ce point je vais le défendre car je trouve l'idée brillante, hyper bien mise en scène avec un choc émotionnel suffisamment puissant pour alimenter la suite de l'aventure.
Non pour moi le véritable problème ne repose pas sur ce qui peut cristalliser les haines de certains mais sur le fait que cette aventure va s'étirer au delà du raisonnable ! J'ai fini ce Part 2 totalement exténué ! Pour vous dire, j'ai cru plusieurs fois qu'on approchait de la fin et ce même en plein milieu du jeu ! Je vous parle même pas du final à n'en plus finir qui ferait pâlir un Retour du Roi version longue dans la catégorie des trucs interminables.
D'ordinaire une histoire conséquente dans un jeu n'est pas un défaut mais là, la narration contient beaucoup trop de passages (en particulier de flash back à la Lost mais pas que) dont les idées auraient mérités d'être beaucoup plus condensées et que les différents MacGuffins qui poussent l'histoire présente en avant ne m'ont pas toujours convaincus ou motivés notamment dans la deuxième journée de chaque histoire
(la quête rédemptrice d'Abby trop facilement amenée)
Car si j'ai été relativement peu impliqué dans certains passages de l'histoire malgré le charisme certain d'Ellie et d'Abby, c'est surtout que je n'ai pas réussi à m'impliquer émotionnellement dans l'histoire des personnages secondaires. Rien ne me les rends sympathiques ou attachants et on a l'impression qu'ils ne sont qu'au service de la thématique et de l'idée finale alors que l'on penche souvent vers le mauvais drama dans leurs relations amoureuses. Santa Barbara https://www.youtube.com/watch?v=vj2Azxfq-aQ
Nous faire suivre deux histoires parallèles et miroirs liées entre elles par la thématique de la vengeance, c'était intelligent mais casse-gueule. Pour ma part, ces parallèles sont beaucoup trop évidents, semblables et artificiels à mon gout pour surligner et resurligner un propos dont j'ai bien compris la finalité (humaniser l'antagoniste initial/ le cycle infernal de la vengeance). Neil Druckmann aurait gagné à supprimer certains passages, à en condenser d'autres, à rendre ses personnages secondaires plus attachants, à écrire ces deux points de vue et à les imbriquer de manière beaucoup plus organique et beaucoup moins mécanique. Plus de simplicité et de subtilité en somme.
Pourtant certaines idées fonctionnent bien malgré tout mais ne trouve leur véritable force que dans le dernier tiers et vers la fin.
J'ai été particulièrement touché par la réaction de Joel face à l'homosexualité d'Ellie par exemple ou par le retour crépusculaire d'Ellie chez elle à la toute fin.
C'est donc bien plus dans son exécution un peu lourdingue et trop longue que dans ses thématiques ou son propos final que toute cette histoire me pose un peu problème mais je salue toute de même la volonté initiale de l'auteur pour ce type d'industrie.