Ceci n'est pas une critique, c'est ma psychanalyse opérée par Naughty Dog.
PS : Spoils majeurs
Juin 2020 :
Fan absolu du premier opus (encore plus que de toutes les créations de ce studio génialissime) j'ai acheté The Last Of Us Part II le jour de sa sortie. J'avais réussi à éviter toute info et écarté les spoils. Devant ma manette, je retrouvais Joël, le personnage vidéoludique le plus attachant de ces dix dernières années.
L'introduction m'a laissé sans voix. Elle est construite pour déconstruire, pour choquer. C'est le BFM du jeu vidéo concentré en de trop longues minutes. J'ai posé ma manette et j'ai eu mal. Je me suis demandé si les 30 heures de jeu à venir allaient me permettre de dépasser ce stade.
Paradoxalement, je n'ai pas arrêté de jouer ce jour là. Je voulais avancer et surtout être réconforté par la suite.
Ma note à ce moment là : 2/10
J'ai donc enchainé les heures comme Ellie les cadavres, autant fou de colère qu'elle, mon ire se retournant peu à peu contre le studio lui même, dont je commençais à entrevoir les ficelles narratives. Durant toute cette première partie, ma frustration allait croissante. Le twist principal du jeu a été un coup de grace : au moment de jouer Abby, le personnage qui nous a tant choqué en introduction, j'ai fait un refus d'obstacle.
Ce n'est pas tant la difficulté de jouer un personnage qui a ce moment de l'histoire ferait passer Hitler pour un bébé golden retriever, mais plutôt de deviner où veut en venir le studio : la vengeance ne résout rien, où va t'on avec tous ces morts, tu vois elle est pas si méchante, ou pire "Joël n'était pas si gentil".
J'ai éteint ma Playstation pour ne plus la rallumer en un an.
Ma note : moins que 1/10 et une colère digne de Mohamed Henni.
Octobre 2021
Il pleut et je me réveille encore parfois la nuit comme Ellie en voyant le visage tuméfié de Joël. Mais il y a ce je ne sais quoi aujourd'hui qui me permet de reprendre ma manette, enfin.
Abby est toute mignonne mais quand son père se fait buter je suis content. Je la suicide une paire de fois par pur plaisir puis me décide à poursuivre l'aventure. La narration se perd un peu dans une histoire finalement très différente de celle d'Ellie, et même si je suis toujours en colère contre le studio qui me prend beaucoup par la main, je dois dire que ma frustration baisse en même temps que mes souvenirs fadent : Abby est un personnage bourrin agréable à jouer, qui rappelle... Joël.
Ma note : 5/10
Et puis vient le premier affrontement final, et je gagne, enfin je perds.
Vient le second affrontement final, et je perds, enfin je gagne.
The Last Of Us Part II se termine tout en lyrisme, avec des personnages qui ont tout perdu et deux scènes mythiques où Ellie retrouve Joël mais ne peut plus jouer de guitare. Elle s'éloigne en silence, et moi je suis décontenancé par la beauté de cette scène.
Ma note : 7/10
Novembre 2021 :
J'ai adoré détester ce jeu. J'en suis sorti lessivé, blessé, fatigué, j'ai souffert et n'ai aimé aucun des personnages qui restent en vie à la fin. Les personnages les plus cools, eux, meurent à la Game Of Thrones, dans une violence visuelle démultipliée juste pour choquer.
C'est à mon sens la différence majeure avec le premier opus, qui s'intéressant principalement à la relation de filiation entre Ellie et Joël dans la violence d'un monde post apocalyptique. Ici, la vengeance est le sujet principal et donc la violence est de tous les instants au premier plan.
Je n'ai pas parlé du gameplay ni des visuels, tout deux au niveau sur cette superproduction, car l'intérêt est vraiment le cran d'un studio comme Naughty Dog de créer une oeuvre vidéoludique aussi intense, aussi couillue, aussi unique dans le monde du jeu vidéo, à une époque où tout est épuré et anesthésié. Dommage que ce soit tombé sur Joël.
Ma note : solide 8/10