J’ai donc fini The Last of us Part II et quelle claque. Un jeu bien difficile à digérer et à appréhender. Là où le premier dégageait une certaine beauté, c’était l’histoire de deux personnes qui se complétaient et apprenaient à s’aimer comme père et fille, le 2 lui n’a pas grand choses de beau ou de réjouissant. Tout ou presque n’est que noirceur et désespoir.
Le jeu a des partis pris culottés, que ce soit autour de Joel, de Ellie mais surtout autour du personnage de Abby. Le jeu cherche à chaque instant à nous faire ressentir de mauvaises émotions : De la peur, de la haine, de la colère, de la tristesse, des remords. Le jeu bouscule et même si je l’ai profondément apprécié et que l’aventure m’a marqué au fer rouge, je peux comprendre que certains la rejettent en bloc car c’est un véritable bloc de noirceur.
J'ai hurlé après 2 heures de jeu parce que j'ai eu l'impression de perdre quelque chose qui m'était acquis. Ce sentiment m'a choqué et j'ai ressenti une énorme incompréhension envers les équipes de Naughty Dog. Mais voila ce que je demandais, une sensation, un sentiment, je suis resté figé, après seulement deux heures mon coeur saignait déjà.
La violence pave le périple offert par le jeu et les rebondissements, qu'ils plaisent ou non, montrent bien que que une histoire est la propriété de ses créateurs et ne doit pas traduire les envies supposées des joueurs qui seront assurément déçus et tristes. Une œuvre de fiction n’est pas la pour nous caresser dabs le sens du poil. J'ai moi-même été déçu, triste, dévasté, heureux, apaisé, énervé, confus, amusé, attendri, dégoûté, émerveillé et surtout marqué à jamais par ces personnages. Vous espériez voir Joel, Ellie et toute leur bande finir paisible en jouant de la guitare sous un porche ? malheureusement cela ne marche pas comme cela.
Cela rend le jeu pleinement ambivalent et nourrira les critiques que vous lirez ici et là. Peut-être ne sommes-nous pas encore habitués à voir les choses de deux côtés différents de manière si directe dans un jeu vidéo ? Vous l'aurez compris tout ne tourne pas qu'autour d'Ellie et de Joel mais il ne faut pas en dire plus à part que cette ambivalence nous fait hésiter à lâcher la manette, à certains moments centraux de peur de ce que nous risquons d’accomplir. Joel et Ellie ne sont pas les héros sans défauts que l'on aimerait fantasmer, non ils n'ont rien d'exceptionnel et ne valent pas forcément plus que les autres gens brisés par le monde dans lequel ils vivent. La vengeance est une spirale sans fin qui détruit et salit tout.
Je ne pense pas que Neil Druckman ait eu la naiveté de penser que tout le monde aimerait son oeuvre tant elle respire la volonté d’être clivante et réussit à l’être sans ne jamais verser dans le putassier. À la fin de ce jeu il ne reste rien que des regrets et de l’amertume. "If I ever were to lose you, I'd surely lose myself". Un grand jeu video, que dis-je, une grande oeuvre, 10/10